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Vers une fusion des missions locales au sein de Pôle emploi ?

Le président de l'Union nationale des missions locales (UNML), Jean-Patrick Gille, a demandé à Edouard Philippe de clarifier les intentions du gouvernement quant au réseau des missions locales. Le courrier, envoyé le 3 septembre 2018, fait suite à la publication le 18 juillet d'un communiqué du Premier ministre proposant aux collectivités locales volontaires de mener des expérimentations visant à fusionner les structures de la mission locale au sein de Pôle emploi.

Le gouvernement envisage-t-il de fusionner les missions locales au sein de Pôle emploi ? C'est l'inquiétude actuelle de l'Union nationale des missions locales (UNML). Son président, Jean-Patrick Gille a fait parvenir le 3 septembre 2018 au Premier ministre Edouard Philippe un courrier lui demandant d'éclaircir ses intentions suite à la diffusion de son communiqué du 18 juillet. Publié à la suite d'une réunion de travail concernant l'atelier Action Publique 2022 et notamment les réformes du service public de l'emploi envisageables, le communiqué de Matignon propose en effet aux collectivités locales volontaires de "participer à des expérimentations visant à fusionner les structures de la mission locale au sein de Pôle emploi avec une gouvernance adaptée". Le Premier ministre juge l'action des différents acteurs du service public de l'emploi "excessivement éclatée" et demande "une meilleure articulation entre Pôle emploi, (accompagnement des jeunes) et les Cap emploi (accompagnement des travailleurs handicapés)".
L'annonce, faite sans concertation, déroute le réseau. D'autant plus qu'elle ne figure pas dans le rapport du Comité d'action publique 2022. "Il faut que l'Etat nous dise quelles sont ses intentions quant à notre réseau dont tout rapport dit qu'il est efficace et à la hauteur de ses objectifs", affirme à Localtis Jean-Patrick Gille. Le réseau, constitué de 436 missions locales et couvrant la totalité du territoire, accompagne chaque année plus d'1,3 million de jeunes dans leur parcours d'accès à l'emploi et à l'autonomie. Ses résultats ont été récemment mis en valeur dans une enquête publiée en mars 2018 dans le cadre de la semaine nationale des missions locales : près de 600.000 jeunes accèdent chaque année à l'emploi, 250.000 entrent en formation, 140.000 bénéficient d'une immersion en entreprise et 16.000 s'engagent dans des missions de service civique. Souvent critiqué pour sa structuration, il a aussi amélioré son organisation au niveau national, avec la création d'une association par région et d'une conférence des présidents de ces associations régionales. Il est par ailleurs en train de mettre en place un cadre commun de référence de l'offre de service des missions locales qui doit être validé lors de la prochaine assemblée générale de l'UNML le 21 septembre.

Pôle emploi et les missions locales : des missions différentes

L'annonce de ces expérimentations tombe juste après des rencontres plutôt encourageantes avec la ministre du Travail. "En mai, Muriel Pénicaud nous a signalé que toute hypothèse de fusion avec Pôle emploi était écartée", précise le président de l'UNML. Mais l'idée de ces expérimentations proposées aux collectivités locales a été prise dans le cadre de l'Atelier Action publique 2022 et dans l'objectif de réduire les dépenses. "L'Etat cherche à diminuer ses dépenses et considère qu'en fusionnant les structures cela ira mieux mais cela ne génère pas toujours de l'efficacité, ni des économies", assure Jean-Patrick Gille. Sans compter que les missions des deux structures ne sont pas les mêmes - les missions locales ayant un rôle d'insertion plus large que Pôle emploi - et qu'elles disposent de systèmes d'informations très différents. Un chantier (auquel l'UNML participe) est d'ailleurs en cours pour aboutir à un outil commun d'orientation en formation, partagé et développé en cohérence avec les besoins des acteurs (régions, Pôle emploi, missions locales et Cap emploi).
Les velléités du gouvernement sont d'autant plus étonnantes pour le réseau qu'il collabore déjà depuis plusieurs années avec Pôle emploi, dans le cadre de conventions de partenariat visant à la coordination et à la complémentarité des interventions des deux.
Face à ces inquiétudes, Jean-Patrick Gille, mandaté par le bureau de l'UNML et la Conférence des présidents de l'ARML, a sollicité une audience dans sa lettre envoyée au Premier ministre. L'UNML souhaite obtenir des précisions sur les intentions du gouvernement mais aussi informer des conséquences d'une éventuelle fusion. Le réseau demande aussi aux présidences et aux directions des missions locales comme des ARML de ne pas s'engager dans des initiatives désordonnées et d'attendre les résultats des concertations.