Accès aux soins : la réforme du métier d'infirmier aboutit au Parlement

La réforme du métier d'infirmier a terminé jeudi 19 juin son parcours législatif avec l'adoption définitive d'une loi très attendue par la profession, qui s'attend à un élargissement de ses prérogatives et espère désormais des rémunérations à la hauteur de ces missions confortées.

Création d'une "consultation infirmière" et d'un "diagnostic infirmier", droit de prescription pour certains examens ou médicaments... La proposition de loi est qualifiée "d'historique" par les infirmiers. Le texte, porté par les députés Nicole Dubré-Chirat (Renaissance) et Frédéric Valletoux (Horizons), va pouvoir être promulgué : le Sénat l'a approuvé lors d'un ultime vote unanime ce jeudi 19 juin. Députés et sénateurs avaient au préalable trouvé un accord sur la rédaction de cette loi soutenue par le gouvernement.

Le ministre de la Santé Yannick Neuder a salué devant les sénateurs "une petite révolution" dans "notre manière d'envisager le métier" des quelque 640.000 infirmiers et infirmières du pays, dont les actes au quotidien ont considérablement évolué ces dernières années, se diversifiant notamment face à la désertification médicale et au vieillissement de la population.

"Ce texte est historique. Il va transformer la manière dont nous considérons la profession infirmière", a insisté ces derniers jours Nicole Dubré-Chirat lors du vote unanime de ce texte de compromis à l'Assemblée nationale. "Il compte parce qu'il soulage les médecins dans un contexte de fortes tensions et il compte surtout parce qu'il offre des perspectives de carrière attractives" aux infirmiers, a prolongé le sénateur macroniste Xavier Iacovelli.

La proposition de loi redéfinit ainsi les missions des infirmiers, encadrées depuis 2004 par un décret jugé obsolète. Elle consacre également dans la loi les notions de "consultation infirmière" et de "diagnostic infirmier", et confie aux infirmiers un pouvoir de prescription de certains médicaments ou examens listés par arrêté, une disposition qui a suscité les critiques des syndicats de médecins craignant d'être dépossédés de certaines prérogatives. "Il n'a jamais été question d'opposer les professions entre elles, mais bien de faire progresser tout le monde dans leur champ propre de compétences", a assuré Yannick Neuder.

Le texte octroie également aux infirmières scolaires le rang de spécialité "autonome".

La loi établit par ailleurs que les nouvelles missions doivent être accompagnées de négociations sur la rémunération des infirmières libérales. Le gouvernement a envoyé à l'assurance maladie une lettre de cadrage en ce sens, ouvrant la voie à une négociation attendue de longue date. Malgré l'unanimité politique sur ce texte attendu par le secteur, cet enjeu financier interpelle notamment à gauche, où l'on craint une réforme mise en place sans accompagnement, qui pourrait aboutir à faire "travailler plus sans gagner plus".

 

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