Allocation sociale unique : des associations demandent des clarifications au gouvernement
Une quarantaine d'associations de lutte contre la précarité ont exhorté le 26 novembre le gouvernement à apporter des clarifications sur l'allocation sociale unique, au coeur d'un projet de loi qui doit être déposé en décembre.
"On attend du gouvernement de manière assez urgente qu'il en dise plus et qu'il explique véritablement si ce projet est une brique d'une stratégie de lutte contre la pauvreté ou si c'est une brique supplémentaire dans sa recherche d'économies", a déclaré Delphine Rouilleault, présidente du collectif Alerte qui réunit 37 associations de lutte contre la pauvreté. "On n'a pas d'opposition de principe à une réforme de l'organisation des prestations sociales si elle permet de favoriser l'accès aux droits et si bien évidemment, elle ne conduit pas à réduire ces prestations", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse à Paris.
Mais "dans la période de contraintes budgétaires très fortes et compte tenu de la complexité de ce chantier, on sait très bien qu'une réforme de cette ampleur-là ne peut pas ne pas avoir de conséquences significatives pour une partie des bénéficiaires si elle n'est pas accompagnée d'un investissement financier conséquent".
Cette allocation sociale unique (ASU), qui fusionnerait plusieurs prestations sociales, est une ancienne promesse de campagne du président Emmanuel Macron. La mise en place de cette réforme a été relancée par le Premier ministre, Sébastien Lecornu, mi-novembre, annonçant devant les présidents de département qu'un projet de loi serait déposé en décembre en conseil des ministres. Le chef du gouvernement avait alors assuré qu'il s'agissait de faire des économies "non pas sur les bénéficiaires" mais "des économies de gestion" (voir notre article du 14 novembre). Dans un courrier adressé il y a quelques jours aux élus départementaux, il précise que l'ASU "regroupera le RSA, les aides au logement et la prime d'activité". Et évoque en outre la perspective d'un "compte social unique" (voir notre article).
Les associations, qui ont indiqué qu'elles seraient reçues le 3 décembre par le ministre du Travail et des Solidarités, Jean-Pierre Farandou, ont émis des doutes sur le calendrier. "Ça n'est absolument pas possible d'envisager une réforme d'une telle importance, qui a autant d'impact sur les plus fragiles de notre pays qui puisse être présentée en 15 jours", a estimé Christophe Robert, délégué général de la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé-Pierre). Le collectif Alerte demande donc un report, sauf "si Monsieur Farandou nous dit le 3 décembre qu'il met 10 milliards sur la table pour lutter contre le non-recours, qu'il n'y aura pas de perdants et qu'on intègre les jeunes de moins de 25 ans", a-t-il ajouté.