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Personnes âgées - APA : pourquoi tant d'écarts entre départements ?

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude consacrée à "L'évolution de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) de 2002 à 2009". Il s'agit en l'occurrence d'une série révisée des statistiques sur cette prestation emblématique. L'étude rappelle quelques chiffres déjà bien connus. Ainsi, entre 2002 et 2009, le nombre de bénéficiaires a progressé en moyenne de 8,8% par an et le montant des dépenses correspondantes de 5,9%. Au 31 décembre 2009, 1,148 million de personnes bénéficiaient de l'APA (métropole et DOM) : 699.000 à domicile (61%) et 449.000 en établissement (39%). Ils se répartissaient en 45% de GIR 4, 20% de GIR 3, 27% de GIR 3 et 9% de GIR 1, correspondant aux personnes les plus dépendantes. La même année, les départements consacraient au financement de cette prestation une dépense brute de 5,1 milliards d'euros. Enfin, le montant des plans d'aide pour les personnes résidant à domicile était de 500 euros par mois et le tarif mensuel dépendance de 478 euros pour celles accueillies en établissement.
Mais le principal intérêt de l'étude réside dans sa cartographie. Elle propose en effet cinq cartes départementales riches d'enseignements. Les deux premières présentent la part, dans chaque département, des bénéficiaires de l'APA à domicile rapportée au nombre total d'allocataires dans le département en question. La seconde retrace le taux d'équipement de chaque département en structures d'hébergement complet. Le rapprochement de ces deux cartes est sans appel et montre des écarts entre départements à la fois importants et fortement corrélés : ce n'est pas le degré de dépendance qui fait le choix entre le domicile et l'établissement, mais l'importance de l'offre d'hébergement. Autrement dit, le Grand Ouest (Bretagne, Pays-de-la-Loire et les deux Normandie) présente à la fois un taux élevé de structures d'hébergement (de 132 à 193 places pour 1.000 personnes de 75 ans et plus - et non pas 100.000 comme indiqué dans la légende de la carte) et une part de bénéficiaires d'APA à domicile nettement inférieure à la moyenne nationale (de 39 à 56%). A l'inverse, les départements du pourtour méditerranéen affichent des taux d'équipement en hébergement compris entre 16 et 98 places, mais une part d'APA à domicile entre 65 et 94%.
La seconde approche géographique regroupe trois cartes : le taux de bénéficiaires de l'APA (à domicile et en établissement) parmi la population de 75 ans et plus, la dépense moyenne d'APA par bénéficiaire et, enfin, le taux de pauvreté des personnes de 65 ans et plus. Ici aussi les écarts entre départements sont importants et deux données sont corrélées de façon significative, même si les liens sont moins prononcés que dans le cas précédent. Il apparaît ainsi une nette relation entre le taux de pauvreté des personnes âgées (avec des taux de 11 à 21% dans tout le grand Sud-Ouest, de la Vendée au Languedoc-Roussillon) et le taux de bénéficiaires de l'APA (de 19 à 33% de la population des 75 ans et plus sur ces mêmes territoires). Ce phénomène se retrouve également, dans des proportions moindres, dans le nord de la France. A l'inverse, les départements d'Ile-de-France - Seine-Saint-Denis exceptée - affichent à la fois un faible taux de pauvreté des personnes âgées (4 à 7%), un faible taux de bénéficiaires de l'APA (de 13 à 19%) et un montant moyen de l'APA qui se situe dans la norme nationale. De façon plus générale, la dépense d'APA par bénéficiaire - qui variait, en 2009 et en métropole, de 2.528 à 6.953 euros par an, avec une médiane à 4.390 euros - semble largement déconnectée des données sociodémographiques. Une situation qui confirme le rôle prépondérant de la prise en compte de la situation et des besoins du demandeur dans la détermination du plan d'aide et, par conséquent, du montant de l'APA.