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Appel aux entreprises pour sauver la génération Covid-19

Apprentissage, stages, jobs d’été, insertion par l’activité économique, emplois francs… tous les leviers doivent être réquisitionnés pour lutter contre la menace d’une exclusion massive des jeunes surtout en quartiers populaires et en milieu rural. Les acteurs publics, dont Muriel Pénicaud et Julien Denormandie, ont lancé le 17 juin un appel aux entreprises.

À situation exceptionnelle, mobilisation exceptionnelle. Celle en faveur de la génération Covid-19 fait consensus auprès de tous les acteurs de l’emploi et de l’insertion. Il s’agit même d’une urgence pour les jeunes situés en quartiers prioritaires de la ville (QPV) et en milieu rural, comme l’ont montré les participants à une webconférence le 17 juin sur le thème "Jeunesse et quartiers prioritaires de la ville : quel rôle et quels engagements de la part les entreprises ?". Organisé par Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’inclusion dans l’emploi et à l’engagement des entreprises, cet échange informel et très suivi réunissait également Muriel Pénicaud, ministre du Travail, et Julien Denormandie, ministre chargé de la ville et du logement.

Sans annoncer de nouvelles mesures, les deux ministres ont surtout invité à mobiliser tous les dispositifs en vigueur et à faire en sorte que les entreprises s’en emparent à l’instar de "La France, une chance. Les entreprises s’engagent". "Cet engagement des entreprises est plus important que jamais", a prévenu Muriel Pénicaud. "Le risque est que les entreprises recrutent moins et que celles qui recrutent recherchent la sécurité, ce qui pénaliserait les jeunes. Il faut éviter que la jeunesse se sente comme une génération sacrifiée. Nous devons être encore plus résolus et imaginatifs qu’avant", a insisté la ministre.

Discussion pour intégrer le contrat de professionnalisation au plan Apprentissage

Redoutant un décrochage encore plus violent dans les QPV, Julien Denormandie a suggéré de son côté d’inciter les entreprises de "La France, une chance. Les entreprises s’engagent" à rejoindre l’initiative "Paqte avec les quartiers pour toutes les entreprises" à laquelle 90 entreprises ont adhéré. Lancée en 2018, Paqte agit sur trois leviers : promouvoir l’insertion professionnelle par l’alternance, favoriser la découverte des métiers par les stages de 3e et sensibiliser les entreprises aux achats responsables auprès des entreprises en quartiers populaires. "Notre défi dès cet été est de permettre aux jeunes de saisir toutes les opportunités offertes par le site 'Mobilisation pour l’emploi' qui recense plus de 4.000 jobs d’été", a ajouté le ministre chargé de la ville et du logement.

À la question de savoir si le contrat de professionnalisation pourrait être intégré au plan de soutien à l’apprentissage présenté le 4 juin, Muriel Pénicaud a indiqué qu’elle y était "favorable", mais que le sujet faisait l’objet des discussions en cours avec les partenaires sociaux dans le cadre de la concertation sur l’emploi. La ministre a également été interrogée le 17 juin à ce sujet au Sénat par Nathalie Delattre, la sénatrice de la Gironde invitant elle aussi à "se serrer les coudes pour nos enfants, et co-construire avec l'ensemble des partenaires de l'emploi un plan ambitieux pour l'insertion professionnel des jeunes".

Faire monter en puissance les emplois francs

À la suggestion de baisser des cotisations sociales en cas d’embauche d’un jeune, Julien Denormandie préfère faire monter en puissance les emplois francs, accessibles depuis le 1er janvier 2020 à tous les jeunes en QPV quel que soit l’endroit où se trouve l’entreprise.

D’autant plus que des marges de progression sont attendues, sachant que le dispositif comptait 7.000 emplois francs avant le confinement alors que les objectifs du gouvernement pour 2020 avaient été fixés à 20.000. "Nous croyons dans ce dispositif, notre enjeu est de mobiliser notre énergie pour en accroître la dynamique", a argué le ministre.

Alors qu’aucun plan spécifique n’est prévu pour les jeunes vivant en milieu rural, Muriel Pénicaud a souligné que chaque dispositif ou mesure mis en place leur était accessible. Et de citer notamment deux mesures du plan pour l’apprentissage prévoyant le maintien du financement des CFA même lorsque les apprentis sont en formation à distance et le soutien à l’acquisition de matériel informatique. La ministre a invité à être "mobile" et faire preuve d’initiatives à l’instar de la création du bus de l’apprentissage pour aller au plus près des jeunes et de "l’Afpa village" consistant à proposer des formations itinérantes.

Sans oublier les structures de l’insertion par l’activité économique dont le nombre de bénéficiaires doit quasiment doubler d’ici à 2022 pour atteindre 24.000. "Il ne faut pas baisser la garde sur les sujets d’inclusion", a insisté Benjamin Blavier, cofondateur de la société d’insertion Article 1. "En 2021, nous devons pouvoir aller chercher 2 millions de jeunes de 15 à 25 ans les plus défavorisés, tant en QPV qu’en milieu rural."