Biodiversité en ville : vers l’adaptation climatique et le bien-être urbain

Face au déclin alarmant de la nature en milieu urbain, la biodiversité en ville s’impose comme un levier d’adaptation climatique et d’amélioration du cadre de vie des habitants. Renaturation, sols vivants, mobilisation citoyenne… autant d’axes pour transformer durablement nos villes.

La biodiversité urbaine : une question urgente pour les territoires

La biodiversité urbaine recouvre l’ensemble des dynamiques écologiques présentes au sein des espaces urbanisés. Elle intègre aussi bien la faune et la flore que les sols vivants et les micro-organismes, et constitue un facteur clé de résilience pour les territoires.

Des indicateurs préoccupants pour les territoires

Face aux nombreux aménagements, à des flux de plus en plus denses et au changement climatique, la question de la biodiversité urbaine s’étend au-delà des parcs et jardins traditionnels. Et pour cause, les chiffres sont alarmants :

  • les populations d’oiseaux communs en milieu urbain ont décliné de 28 % d’oiseaux depuis 1989 (données issues du programme STOC) ;
  • les insectes pollinisateurs déclinent pour 37 % des abeilles et 31 % des papillons, selon le rapport de 2016 de l'IPBES alors que près de 35 % de la production agricole mondiale en dépend.

Pourtant, le potentiel de la préservation de la biodiversité est connu : un gramme de sol urbain non dégradé peut contenir jusqu’à un milliard de micro-organismes essentiels (INRAE). De la même manière, l’ADEME estime qu’un arbre adulte contribue à abaisser la température ambiante de 2 à 8° C

Une intégration progressive dans les politiques publiques

Toutes ces données soulignent le caractère essentiel de la préservation de la nature en ville. D’ailleurs, pour intégrer ces enjeux, les mesures gouvernementales évoluent, notamment avec le PCAET (Plan Climat Air-Energie Territorial) et la démarche ZAN (Zéro Artificialisation Nette) qui placent la restauration de la biodiversité au cœur des priorités. De fait, les aménagements naturels en ville permettent de renforcer la résilience urbaine face aux événements climatiques extrêmes : orages, sécheresses, canicules, etc. Pour une meilleure adaptation, la clé demeure de diversifier les écosystèmes afin qu’ils maintiennent leurs fonctions essentielles.

Quelles actions concrètes pour restaurer la biodiversité en ville ?

La renaturation urbaine repose sur la réintroduction d’éléments naturels dans des espaces artificialisés ou dégradés. Cette démarche s’inscrit dans un large champ d’action :

  • végétalisation des toitures, façades, cours d’écoles et rues ;
  • transformation de parkings en jardins  ;
  • création de réseaux d’espaces naturels interconnectés (appelés trames vertes et bleues) ;
  • friches urbaines.

Autant de supports réhabilitables ou réaménageables qui constituent souvent des refuges précieux pour une biodiversité résiliente dans nos villes.

De telles initiatives bénéficient du soutien de politiques publiques nationales, telles que le Plan Nature en Ville ou France Nation Verte, et peuvent être consolidées par les dispositifs d’accompagnement et de financement proposés par la Banque des Territoires.

Repenser les sols urbains

Essentiels au bon fonctionnement des écosystèmes urbains, les sols vivants assurent la filtration de l’eau, le stockage du carbone, la régulation des températures et la longévité de la végétation. Pourtant, en ville, ils sont souvent imperméabilisés par le bitume et le béton, empêchant ces fonctions vitales.

Pour restaurer leur capacité écologique, il est possible de les désimperméabiliser grâce au débitumage, et de les revégétaliser (revêtements perméables, plantations d’arbres et de végétation diversifiée, et mise en place de systèmes d’infiltration naturelle).

Mieux gérer la présence de l’eau et des milieux aquatiques en viIIe

Les milieux aquatiques urbains sont divers : rivières, canaux, zones humides, noues végétalisées, etc. Ils offrent, eux aussi, une richesse écologique et participent au bout du compte à la création d’écosystèmes résilients, à la régulation thermique, à la gestion des eaux pluviales et à la qualité du paysage.

Leur restauration par le désenclavement, la replantation ou encore la naturalisation des berges a donc autant de sens que la désimperméabilisation des sols et la réhabilitation des friches urbaines.

Dans ce contexte, le déploiement de solutions fondées sur la nature est encouragé : zones de rétention végétalisées, toitures bleues, jardins de pluie… Autant d’approches innovantes qui conjuguent gestion de l’eau et développement de la biodiversité, parfaitement en phase avec les politiques de résilience climatique et les enjeux du grand cycle de l’eau.

Quand la renaturation devient réalité dans les villes

La commune de Pithiviers illustre parfaitement cette démarche de renaturation. Accompagnée en ingénierie par la Banque des Territoires, cette ville historiquement maraîchère va transformer une ancienne friche horticole de plus de 10 000 m². Cette réalisation permettra de renforcer le lien entre l’espace urbain et la rivière, tout en maîtrisant les risques d’inondation.

Dans le même registre, la Banque des Territoires a investi 200 000 euros pour le pôle Lil’Ô, une ancienne usine étendue sur plus de 3 hectares en Île-de-France. Elle a été transformée en site végétalisé, avec l’aménagement d’une ferme urbaine à vocation sociale.

Afin de sauvegarder un patrimoine naturel d'une grande richesse et d’anticiper les risques d’inondation, la Communauté d’agglomérations de Longwy a quant à elle souhaité repenser les rives du cours d’eau de la Chiers. La Banque des territoires a financé l’EPCI via un prêt de 9 millions d’euros à taux fixe BEI, dont 1,7 million d’euros via l'Aqua Prêt.

Ces exemples d’aménagements et les résultats observés démontrent l’impact positif des projets de renaturation sur la biodiversité urbaine et la qualité de vie des habitants, soulignant l’efficacité des dispositifs d’accompagnement mobilisés.

Biodiversité en ville : des bénéfices directs pour la santé et la qualité de vie des habitants

Outre ses effets bénéfiques sur la qualité de l’air, la restauration de la biodiversité urbaine contribue au bien-être des habitants et à l’amélioration de leur qualité de vie. Et pour cause, la démocratisation de l’accès aux espaces verts constitue un enjeu de justice sociale et de santé publique. La présence de végétation en milieu urbain génère des bénéfices psychologiques avérés : réduction du stress et de l’anxiété, et amélioration de la capacité de concentration, entre autres.

Aussi, les espaces verts sont réputés pour être propices à la détente et à l’activité physique. Ils constituent également des lieux de rencontre sociale, ce qui renforce les liens entre les habitants et contribue à la cohésion des quartiers.

Comment financer et réussir les projets de biodiversité urbaine ? 

La renaturation urbaine mobilise toute une chaîne : collectivités locales, bailleurs sociaux, foncières, aménageurs et promoteurs, habitants et associations. 

C’est pour encourager cette dynamique multi-acteurs qu’a été lancé le Plan Nature en Ville. Leur implication et leur coordination sont indispensables au succès de ces projets, chacun œuvrant à son échelle.

Des dispositifs adaptés pour soutenir la biodiversité en ville

Engagée pour les projets innovants et respectueux de leur environnement, la Banque des Territoires propose plusieurs dispositifs pour faciliter les opérations de renaturation urbaine :

  • le prêt transformation écologique et le prêt Gaïa Territorial pour financer les projets de renaturation  
  • des dispositifs d’ingénierie territoriale pour accompagner techniquement les porteurs de projets ;
  • des offres d’investissement et de cofinancement adaptées aux différentes typologies de projets.

En complément, il est possible de solliciter l’Ademe, les régions voire des mécènes ou fondations. Un accompagnement technique est par ailleurs souvent proposé pour garantir la faisabilité et la cohérence des opérations, de leur conception à leur réalisation. Une expertise indispensable pour préserver le sens de la démarche de renaturation urbaine.

La mobilisation citoyenne pour des villes plus vertes

Au-delà du cadre institutionnel, la participation citoyenne constitue à son tour un important levier à actionner pour mener à bien les projets de nature en ville. Les initiatives sont nombreuses et diversifiées : jardins partagés, verdissement participatif, chantiers collectifs de plantation, animations pédagogiques, etc.

Cette implication favorise l’appropriation des enjeux. Les citoyens deviennent ainsi les gardiens de leur environnement naturel de proximité, avec l’accompagnement et les encouragements des associations locales. Ces dernières se voient en effet confier un rôle de médiateur entre les riverains, les collectivités et les experts.

La restauration de la biodiversité en ville est une priorité pour renforcer la résilience des territoires, améliorer la qualité de vie des habitants et soutenir les politiques publiques en faveur de la transition écologique. Les initiatives de renaturation, soutenues par la Banque des Territoires, des dispositifs institutionnels et la mobilisation citoyenne, illustrent concrètement l’impact positif de la nature en milieu urbain.

FAQ

Qu’est-ce que la biodiversité urbaine et pourquoi est-elle importante ?

La biodiversité urbaine désigne l’ensemble des êtres vivants (faune, flore, micro-organismes) évoluant dans les espaces urbanisés, même les plus artificialisés. Elle assure le bon fonctionnement écologique des villes, améliore la santé publique par la purification de l’air, et renforce la résilience climatique face aux canicules et aux inondations.

Quelles actions concrètes pour restaurer la biodiversité dans une ville ?

Parmi les principales actions possibles pour restaurer la biodiversité urbaine, on peut citer la désimperméabilisation des sols grâce au débitumage, la plantation d’espèces locales adaptées, la création de réseaux d’espaces naturels interconnectés (trames vertes et bleues), l’adoption d’une gestion différenciée des espaces verts ou encore la réalisation d’inventaires de biodiversité. Toutes ces actions pourraient permettre de répandre les interventions sur l’ensemble des territoires, en tenant compte des priorités locales.

Quels sont les avantages des sols vivants en milieu urbain ?

Les sols vivants régulent les eaux pluviales grâce à l’infiltration naturelle. Ils filtrent les polluants atmosphériques et aquatiques, stockent le carbone responsable des hausses de température, soutiennent la végétation urbaine et abritent une riche biodiversité de micro-organismes essentiels. Pour toutes ces raisons, ils constituent le fondement invisible mais vital des écosystèmes urbains.

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