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Cédric O veut laisser une seconde chance à StopCovid

Jeudi 8 octobre 2020, Cédric O était interrogé par les sénateurs sur les raisons de l’échec de StopCovid. L’estimant "plus que jamais utile" dans le contexte de reprise épidémique, le secrétaire d'Etat au numérique a annoncé travailler à une nouvelle version et appelé à un "effort collectif" pour la promouvoir.

Les sénateurs membres de la mission d’évaluation de la gestion de la crise sanitaire n’auront pas eu de mal à démontrer l’échec de l’application de traçage de contact StopCovid tant les chiffres sont éloquents. L’application lancée en mai 2020 ne comptait fin septembre que 2,6 millions de téléchargements (3% des Français) contre 16 millions pour l’application britannique et 19 millions pour son homologue allemande. "Un chiffre dont il faut déduire le million de personnes qui l’ont désinstallée" a relevé une sénatrice. Parmi celles-ci, un autre sénateur qui a estimé "qu’elle lui bouffait sa batterie".

Toutes les applications de traçage en échec ?

Peu téléchargée, elle se révèle rarement activée et donc peu efficace. A date, moins de 9.000 codes avaient été flashés (lorsque la personne a été testée positive au Covid19) et à peine 472 personnes avaient été notifiées du fait qu’elles avaient croisé une personne infectée. Interrogé sur les raisons de cet échec, le secrétaire d’Etat a évoqué des "obstacles culturels" et s’est empêtré dans des explications techniques. Grâce au choix tricolore de la centralisation des données – alors que la plupart des pays européens ont choisi l’architecture décentralisée proposée par Google et Apple - "la France mesure exactement l’usage de l’application alors que les britanniques comme les allemands sont incapables de savoir ce qui se passe et si ça marche" a défendu Cédric O. Les applications de traçage de contact, déployées un peu partout dans le monde, seraient selon lui "globalement des échecs, la réussite étant l’exception". Le secrétaire d’Etat a néanmoins défendu le principe de l’application dans le contexte de reprise épidémique et d’un virus amené à circuler durablement. 

Un "effort collectif" pour la faire connaître

Plutôt favorables au principe de cette application, les sénateurs ont pointé les carences de la communication gouvernementale, à commencer par l'impair du Premier ministre qui avait avoué fin septembre ne pas l’avoir téléchargée car il ne prenait pas les transports…  Un bug que Cédric O s’est refusé à commenter. Voyant dans l’application un moyen d’éviter des fermetures de commerces, le secrétaire d’Etat a appelé à un "effort collectif" pour inciter les Français à l’installer en ciblant les "contextes où l’application est potentiellement utile", "là où des personnes se croisent sans se connaître". Une version enrichie serait par ailleurs en cours d’élaboration. L’application britannique pourrait ainsi servir de modèle, cette dernière proposant davantage de services et d’informations sur l’épidémie, au-delà de la fonction de traçage de contacts. Elle pourrait aussi s’articuler avec le nouveau protocole sanitaire mis en place dans les bars et restaurants et leur éviter des mesures plus coercitives. Reste à savoir si cette V2 ne sortira pas trop tard… La première version de StopCovid avait été livrée juste au moment où les courbes de l’épidémie s’inversaient, dans un contexte peu propice à son adoption. "Il n’y aura qu’une seule seconde chance", a reconnu Cédric O.