Élisabeth Borne trace un chemin pour l'orientation

Hasard ou coïncidence ? C'est la date du 5 juin 2025, au lendemain d'un rapport de la Défenseure des droits sur l'orientation qui fait état d'une gouvernance "confuse", "d'absence de pilotage national" et "de dilution des responsabilités" (lire notre article du 4 juin), que la ministre de l'Éducation nationale a choisie pour dévoiler son plan Avenir, censé repenser l'orientation dès la rentrée de septembre 2025.

Pour ce faire, Élisabeth Borne a profité d'un déplacement à Hanches (Eure-et-Loir), aux côtés de Phillipe Baptiste, ministre de l'Enseignement supérieur, et de François Bonneau, président de la commission éducation de Régions de France. S'exprimant avant la ministre, ce dernier a fait état d'un "constat désormais partagé" : "L'orientation est le sujet qui cristallise le plus d'inquiétudes, de frustration et d'insatisfaction, avec le sentiment que les choses ne sont pas suffisamment organisées." Et a rappelé l'ambition des régions de jouer tout leur rôle dans cette compétence partagée avec l'État.

Faire de l'orientation un projet collectif partagé

À sa suite, Élisabeth Borne a décrit l'orientation actuelle comme un "vecteur puissant de reproduction sociale" et a notamment déploré que "l'origine sociale conditionne encore trop l'avenir". La ministre a par exemple évoqué les trois quarts des élèves vivant en centres-villes très denses qui accèdent à une seconde générale ou technologique, contre moins de la moitié des jeunes des zones rurales très éloignées. Il s'agit dès lors de "repenser l'orientation, qui ne doit pas être vécue comme un parcours du combattant mais devenir un véritable parcours éducatif".

La première composante du plan Avenir vise à faire de l'orientation un projet collectif partagé par l'élève, l'établissement et les parents. Pour cela, dès la rentrée 2025, chaque établissement s'appuiera sur un ensemble d'indicateurs pour mieux comprendre les besoins et parcours des élèves, les dynamiques à l'œuvre sur le territoire et identifier les marges de progrès. Par ailleurs, les professeurs principaux seront tous formés, en démarrant par les 30.000 professeurs principaux de troisième dès cet automne. Dans les lycées volontaires, une expérimentation sera lancée au même moment pour faire du professeur principal le référent pour l'orientation d'un même groupe d'élèves qu'il suivra en première et terminale.

L'orientation "fil rouge" de la scolarité

Pour que les familles comprennent mieux les ressorts de l'orientation et puissent mieux accompagner leurs enfants, un guide pratique sur les parcours et choix possibles sera diffusé. Des rencontres parents-élèves-professeurs dédiées au projet d'orientation seront mises en place avant les conseils de classe du deuxième trimestre. Enfin, à la rentrée 2026, les dénominations des formations des voies professionnelles et technologiques seront simplifiées, "pour que chacun puisse s'y retrouver sans jargon ni complexité inutile".

L'orientation va par ailleurs devenir un "fil rouge" de la scolarité de l'élève dès le collège. Un programme de quatre demi-journées annuelles précisant les compétences à acquérir de la cinquième à la terminale sera publié pour une mise en œuvre également en septembre 2025. Il permettra notamment de mieux se connaître et de partir à la découverte des métiers et des formations, à travers des visites d'entreprises, des forums, des rencontres avec des professionnels... autant d'initiatives déjà largement mises en œuvre partout en France. 

"Les régions qui prendront toutes leur place"

"Cela nous le ferons avec l'aide des régions qui prendront toutes leur place dans le processus, a souligné la ministre. Elles exerceront pleinement leur mission d'information sur les métiers et les formations et de mise en réseau des acteurs économiques avec les établissements scolaires. Leurs représentants seront invités aux réunions de rentrée des chefs d'établissement pour renforcer les liens entre les collèges et lycées et les services publics régionaux de l'orientation."

La plateforme Avenir, développée par l'Onisep et fruit "d'un partenariat renforcé entre 'l'État et les régions, devrait désormais constituer "un outil incontournable" de la politique d'orientation, a ajouté Élisabeth Borne. Mise à la disposition de tous les établissements à la rentrée prochaine, elle proposera des ressources pédagogiques, référencera les évènements organisés par les régions et offrira aux élèves la possibilité de construire son propre journal de bord de l'orientation.

Adaptation de la carte des formations

Après avoir précisé que les campus connectés  - lancés dans le cadre de France 2030 et opérés par la Banque des Territoires - qui visent à permettre aux étudiants éloignés des centres universitaires de poursuivre leurs études localement, seront pérennisés et renforcés, en lien avec les collectivités, et que chaque département accueillera une première année d'accès aux études de santé, la ministre a enfin proposé de mieux tenir compte des rythmes différents des élèves. Un temps de propédeutique – notamment à travers l'expérimentation du BTS sur trois ans en 2026 – permettra le renforcement des compétences dans certaines disciplines avant de se lancer dans l'enseignement supérieur. L'année de césure  après le bac, pour faire un service civique, travailler dans une ONG, voyager, sera par ailleurs encouragée.

Enfin, pour mieux articuler les ambitions des élèves avec les besoins du pays, l'État et les régions continueront de travailler à l'adaptation de la carte des formations afin de favoriser la meilleure insertion possible, notamment en donnant "toute leur place aux métiers d'avenir" dans les filières scientifiques, technologiques et industrielles.