Dans l'Aude, des poules au service de la gestion des biodéchets (11)

Passé l’âge de deux ans, une poule pond moins : moins rentable pour un éleveur, elle peut cependant vivre encore plusieurs années, en procurant suffisamment d’œufs à une famille. « Une poule engloutit 150 kg de biodéchets par an en moyenne, c'est en cela qu'elle nous intéresse », explique Ophélie Ducombs, responsable du service biodéchets au Covaldem11. Présent sur les deux tiers du département de l'Aude, ce syndicat de collecte et de traitement des déchets a donc lancé sa première opération d'adoption de poules en 2021.

Réduire les biodéchets par le compostage et le broyage

Depuis 2010, le Covaldem11 porte un programme de prévention et de réduction des déchets. « Sur les biodéchets, nous disposons de deux leviers principaux, explique la responsable. Le compostage - qu'il soit collectif en équipant les ménages en bio seaux à déposer dans des composteurs collectifs, ou individuel avec une aide à l’achat de composteur – et le broyage des végétaux. » Le syndicat propose ainsi un service de broyage collectif, dans les périodes de pousse de la végétation, avec la présence itinérante d'un kiosque qui reste 10 jours dans un quartier, avant de se déplacer dans un autre secteur. Les usagers apportent leurs branchages et peuvent récupérer du broyat gratuitement. Le syndicat loue également de petits broyeurs depuis 2024 : « L'usager peut en profiter deux fois trois jours dans l'année pour s’approprier le matériel et se sensibiliser à l’utilisation dans son jardin, avant d'en louer un ou d’en acheter un. » Grâce à ces outils, le Covaldem11 cherche à détourner le maximum de biodéchets de sa collecte d'ordures ménagères. 

L'adoption de poules : un outil complémentaire

« En 2021, nous avons imaginé un outil complémentaire, plus ludique, pour faire de la pédagogie sur la diminution des biodéchets : l'adoption de poules », indique la responsable. Le principe est simple : le Covaldem 11 propose l'opération à l'une de ses communautés de communes membres, puis prend contact avec un éleveur local, prêt à lui vendre ses poules plutôt que de les envoyer à l'abattoir. « Le contexte de l'éleveur détermine le nombre de poules disponibles et le moment où nous organisons l'opération d'adoption », souligne la responsable. Une fois fixés le lieu et la date d'adoption, le syndicat communique en direction des habitants via son site internet et les réseaux sociaux.

Une opération plébiscitée par les habitants et les collectivités adhérentes

« En général, toutes les poules sont réservées dans les quinze jours suivant notre information et on traite les demandes par ordre d'arrivée. Nous sommes même régulièrement sollicités en dehors de ces périodes ». Chaque année, le Covaldem 11 essaie d'organiser deux événements, dans des territoires différents, les poules pouvant être adoptées par tous les habitants du territoire. Au total, 900 poules ont ainsi déjà été adoptées en quatre ans. Chaque foyer volontaire adopte deux poules, signe une charte de l'adoptant, paie un montant symbolique d'un euro par poule et avant de se voir donner un guide pratique. « Nous essayons de greffer nos opérations sur des événements plus larges, comme c'est le cas pour la Fête de l'environnement dans la commune de Bram. Mais il n'est pas toujours simple de faire de l’événementiel avec du vivant : on reste dépendant du moment où l'éleveur libère ses poules. »

Un outil pédagogique et un emblème

Même si le syndicat a demandé aux adoptants d'évaluer la quantité de déchets évités, il n'est pas simple de calculer concrètement l'impact de ces poules. « Face au broyage et au compostage, la contribution de cette opération reste symbolique sur le plan quantitatif », reconnaît la responsable « mais chaque geste compte ». Cependant, chaque opération est l'occasion de communiquer et sensibiliser à la réduction des déchets ; c'est aussi un moyen de sauver de l'abattoir des poules qui peuvent encore rendre un vrai service. « Nous recevons régulièrement des nouvelles de poules adoptées, des photos avec leur prénom, preuve de l'intérêt et de la satisfaction des usagers », ajoute la responsable. Les élus parlent aussi régulièrement de l'opération dans leurs prises de parole publiques : dans l'Aude, la poule est devenue l'emblème d'une gestion maîtrisée des biodéchets !