La téléconsultation médicale de haute qualité à Montmédy (55)

« La téléconsultation est un service essentiel rendu aux habitants, parce que dans nos zones rurales, elle leur permet d’être en lien direct avec un médecin installé à proximité en Meuse », explique Pierre Léonard, maire de Montmédy.

À l’origine de la téléconsultation, on trouve l’engagement de la communauté de communes de Montmédy, qui a inauguré en 2017 la maison pluriprofessionnelle de santé. À son ouverture, cet espace regroupait des professionnels de santé, dont quatre médecins généralistes, qui mutualisaient leurs moyens. « Six ans plus, tard, ne reste plus qu’un médecin généraliste », déplore le maire.

On trouve aussi aux prémices de ce service d’accès à la santé, le programme e-Meuse Santé, dont l’ambition est, bien au-delà de la téléconsultation, de s’appuyer sur les outils technologiques pour construire le modèle de santé du XXIe siècle : « une véritable transformation du système de santé est à l’œuvre, fondée sur l’innovation technologique, organisationnelle et médico-économique au service du maintien à domicile, de l’accès aux soins, de la prise en charge des maladies chroniques, de la prévention dans les territoires ruraux », précise Julien Didry, vice-président du département en charge de l’innovation et du numérique. Ce programme, lauréat des Territoires d’innovation en 2019, est soutenu par la Banque des Territoires.

Projet commun

Quant à la méthode mise en œuvre, Montmédy la reflète parfaitement : « après l’analyse des besoins, nous cherchons les solutions les plus adaptées avec les professionnels de santé et l’écosystème – université, acteurs publics et privés…- et lançons des expérimentations sur le territoire », précise Jean-Charles Dron, directeur opérationnel du programme. En lien avec l’ordre des médecins et la feuille de route de télémédecine du Grand Est, sept sites ont été identifiés (Cousances-les-Forges, Vignot, Ligny-en-Barrois, Verdun, Dammarie-sur-Saulx, Gondrecourt-le-Château). Montmédy est l’expérience la plus aboutie. Pour chaque territoire, est défini avec les professionnels de santé et les élus du territoire un projet commun, articulé avec l’offre de santé locale déjà existante.

Des patients accompagnés

Avec les patients, les professionnels de santé et les élus, chacune de ces expériences donne lieu à une évaluation assortie de recommandations. À Montmédy, le site de téléconsultation a fait des petits, puisque les deux pharmacies se sont équipées. Concrètement, le patient prend rendez-vous et, sur place, il est accueilli et installé dans une salle dédiée. Une infirmière ou un infirmier à la maison de santé, ou un ou une pharmacienne si c’est à la pharmacie, accompagne ensuite le patient dans la prise en mains informatique (on comprend l’importance pour les élus de se battre pour le haut débit) et pendant la consultation. « C’est une médecine de grande qualité qui est proposée, insiste le maire, avec réorientation vers un spécialiste ou une consultation clinique si nécessaire ». « Pour moi, il n'y a pas de réseau numérique sans réseau humain », résume Julien Didry. Les retours sont extrêmement positifs de la part des acteurs de santé qui, de fait, échangent entre eux au sujet des patients. Pour ces derniers, on observe, au fil du temps, une habituation à cette forme de consultation. Sur les trois dernières années, 1 500 actes environ ont été enregistrés.

L’enjeu économique

Côté budget, le coût moyen d’un chariot de téléconsultation s’élève à 8 000 euros, diversement financé selon les dispositifs d’accompagnement. En général, e-Meuse Santé prend en charge l’équipement et le budget de fonctionnement pendant le temps de l’expérimentation. Le personnel soignant qui accueille les patients est rémunéré pour chaque intervention par l’Assurance Maladie, selon un barème spécifique. Outre la dépense, les téléconsultations représentent aussi un potentiel économique non négligeable : chaque pharmacie de Montmédy fait vivre environ neuf foyers.

À l’avenir, le programme e-Meuse entend développer de multiples expérimentations en télémédecine, avec notamment un bus équipé qui se déplacera sur le territoire. Une manière d’investir dans la prévention, c’est-à-dire dans un modèle social et économique de la santé de nouvelle nature.