Le Bibliotacot de Condé-en-Normandie raconte des histoires aux enfants (14)

« Au début des années 2010, chaque mercredi durant trois étés, nous avons mis en circulation, à peu de frais, un véhicule avec quelques albums, jeux et magazines. Nous nous sommes rendus sur les aires de jeu ou les halls d’immeubles des quartiers périphériques de Condé-sur-Noireau, afin de proposer la lecture aux enfants. Jamais nous ne nous imposions, notre démarche étant relayée avant notre passage par des bénévoles qui connaissaient bien les habitants. Ce que nous recherchions, c’était amener le plaisir de la lecture. Nous avons pris conscience à ce moment d’une réelle attente de la part des familles et de la nécessité de sortir de nos locaux et d’aller à leur rencontre », témoigne Isabelle Vazard, directrice de la chaleureuse médiathèque L’Atelier, de la commune nouvelle de Condé-en-Normandie. Après ce premier coup d’essai, germe l’idée de pérenniser l’initiative. En 2017, elle prend la forme d’une camionnette aux couleurs chatoyantes, le Bibliotacot.

La lecture au plus près des habitants

L’objectif du Bibliotacot n’est pas de proposer des ouvrages à emprunter. Il s’agit d’un moyen itinérant pour amener les livres au plus près des enfants, dans leur quartier ou leur village, grâce à nouveau à des relais d’habitants qui créent le lien avec les familles. Une petite équipe de 3-4 bénévoles, accompagnée d’un personnel de la médiathèque, les y attend pour lire individuellement des albums choisis par les enfants dans les caisses de la camionnette. « Nous arrivons en musique, comme des marchands de glace. Les enfants nous repèrent tout de suite. Nous nous installons surtout l’été, une à deux heures, trois fois par semaine, sur les places, les marchés et les lieux de vie des six communes déléguées de la commune nouvelle de Condé-en-Normandie. Le planning est défini à l’avance avec les équipes municipales et largement diffusé ensuite auprès de la population. Le Bibliotacot, conduit par un agent de la médiathèque, circule aussi le reste de l’année dans les écoles, des crèches ou lors d’événements particuliers comme le marché de Noël, le forum des associations, un festival pour les enfants... », poursuit la directrice. Selon la météo, le petit groupe s’installe dehors ou à l’intérieur du véhicule, aménagé à cette fin.

Un petit nid douillet

Le véhicule, acheté neuf pour 28 000 euros, est devenu en effet un petit nid douillet, avec bancs, paniers d’albums faciles à déplacer, petits rangements, coussins, tapis et plaids pour s’emmitoufler, grâce au travail des agents communaux, pour seulement 6 000 euros d’équipement. À cela, se sont ajoutés 1 000 euros de décoration extérieure et 6 000 euros de livres, le tout financé à 80 % par le fonds européen Leader (80 %). Le reste a été pris en charge par la municipalité, avec l’aide d’une fondation. « Cet aménagement s’inscrit toujours dans cet esprit du plaisir d’être là et de lire. Les bénévoles sont d’ailleurs formés à cette pédagogie. » Durant les deux premières années, ces derniers ainsi que des membres du personnel de la médiathèque, ont bénéficié d’une petite formation financée par la Bibliothèque départementale, dans le cadre d’un partenariat avec le dispositif des Livres à soi, lancé par le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis (SLPJ). Leur implication a aussi été déterminante pour savoir comment aménager le véhicule. « Aujourd’hui, le Bibliotacot fonctionne très bien, avec comme seul coût de fonctionnement, l’entretien du véhicule », se félicite la directrice, qui souligne qu’il est aussi un excellent outil de communication et de visibilité de la médiathèque.

Indispensables bénévoles

Le Bibliotacot est surtout un outil qui renforce un peu plus les actions déjà menées par la médiathèque pour que les habitants les plus éloignés du livre osent franchir ses portes et s’y sentent bien. Nathalie Bouillard adjointe à la culture, en cite quelques-unes. « Les parents peuvent y trouver de l’aide aux devoirs ainsi qu’une première approche du livre pour les plus petits, via des ateliers organisés dans le cadre du dispositif des Livres à soi du SLPJ. De même, nous entretenons des partenariats pour intervenir dans les écoles et la salle d’attente de la protection maternelle et infantile par exemple. » La médiathèque héberge aussi un musée en libre accès, ainsi que le guichet social Point info 14.

Sans les bénévoles, ces activités n’auraient pas vu le jour. « Mais nous ne les mobilisons pas pour de la logistique comme l’enregistrement des livres ou la communication. Il faut conserver intacte leur motivation, en les impliquant dans des activités que notre équipe, de cinq équivalents plein-temps, n’a pas le temps de monter et d’animer. La médiathèque est ainsi entourée d’une vingtaine de bénévoles dont la moitié pour Le Bibliotacot », complète la directrice qui souhaite faire de la médiathèque un créateur de liens, comme peuvent l’être des tiers lieux, avec d’autres espaces de vie, associations et services de la commune. D’ores et déjà, elle sait que des parents se sont engagés dans la vie de l’école de leurs enfants, avec les animations de l’Atelier.