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Tourisme / Aménagement du territoire - La Cour des comptes incite à fermer des stations de ski dans les Pyrénées

Dans son rapport annuel 2015 (voir notre article ci-contre du 11 février), la Cour des comptes formule plusieurs recommandations concernant l'avenir des stations de ski des Pyrénées, estimant le "redressement nécessaire" et des "choix inévitables". Et cela dans un contexte de "crise latente" du secteur du ski dans ce massif qui compte une trentaine de stations, dont les deux tiers aux chiffres d'affaires de moins de 5 millions d'euros, à la clientèle essentiellement locale, et confrontées d'une part à une baisse de l'enneigement depuis plusieurs années et d'autre part au "problème de la modernisation et de l'extension de leur domaine skiable".
S'appuyant sur le contrôle d'une vingtaine d'entités gestionnaires de stations, réalisé par les chambres régionales de Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, la Cour des comptes suggère ainsi aux collectivités gestionnaires de veiller à assurer l'équilibre d'exploitation "ou à défaut, d'envisager l'arrêt de l'activité en cas de difficultés structurelles trop importantes". Elle propose même quelques indicateurs qui justifieraient une fermeture de station de ski : "faible altitude, absence de prévisibilité de l'ouverture, dimension insuffisante ou encore prix moyen trop bas du forfait" mais aussi "absence totale de services au pied des pistes (location de ski, restauration traditionnelle, activités de loisirs, mais surtout offre d'hébergement) et un accès routier difficile ne sont plus adaptés à la demande".

Elaborer un projet de territoire

Pour sauver les stations qui peuvent encore l'être, la Cour incite les collectivités gestionnaires à développer des démarches de mutualisation entre les différents opérateurs, notamment dans le domaine des achats et de la politique commerciale.
Aux régions et départements, elle recommande de "contribuer à l'élaboration d'un projet de territoire avec toutes les parties prenantes" et de veiller à bien "choisir les projets d'investissement en fonction du projet de territoire et des besoins de la clientèle". Enfin, à l'Etat, elle suggère de "demander aux préfets de prendre en compte le caractère structurant des sports d'hiver dans les schémas de coopération intercommunale".
Le secteur du ski dans les Pyrénées, caractérisé par un nombre important de stations de taille modeste et par une clientèle essentiellement locale, serait "un marché mature", estime la Cour, au sens où "la fréquentation des stations (en nombre de journées-skieurs) s'érode et les perspectives de croissance sont réduites". Si bien que les situations budgétaires et financières des structures gestionnaires "sont globalement tendues et ont nécessité la contribution des collectivités territoriales". Des difficultés de gestion qui présentent, selon elle, un caractère "structurel". Conséquence pour les collectivités : elles "peuvent être amenées soit à verser une subvention directe, soit à ne pas facturer l'intégralité des prestations qu'elles mettent en œuvre au profit de la station".

Pour Bercy, "les collectivités auront à repenser leur modèle économique"

"Ce financement n'est pas sans conséquence sur le niveau de la fiscalité locale", souligne la Cour. Et en plus, cela ne suffirait pas car "malgré cet accompagnement des collectivités territoriales, les stations sont régulièrement dans l'impossibilité de financer des investissements structurants, ce qui, à moyen terme, risque d'être pénalisant pour leur compétitivité sur un marché très concurrentiel".
La Cour a bien conscience que l'activité des stations entraîne des retombées économiques (recettes fiscales, service, etc.) et crée des emplois (10.000 emplois, selon l'Insee). "Ce qui peut justifier une intervention publique", concède-t-elle. Mais "dans un contexte de maîtrise de la dépense publique", ajoute-t-elle aussitôt.
Dans sa réponse lacunaire, Bercy dit partager les principales conclusions de la Cour sur ce chapitre. "Comme vous le soulignez, ces collectivités auront à repenser leur modèle économique autour d'un projet de territoire cohérent et de choix d'investissements adaptés", estiment le ministère des Finances et son secrétariat d'Etat au Budget.

 

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