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Culture - La Franche-Comté supprime ses aides à la production cinématographique

Sans l'évidence du calendrier, on serait tenté de croire que la région Franche-Comté a soigneusement choisi sa date pour annoncer la suppression de son dispositif d'aide à la production cinématographique et audiovisuelle. C'est en effet à l'issue de l'adoption de son budget 2013, le 14 décembre, que la région a annoncé sa décision. Quelques jours plus tard, une tribune, dans Le Monde, du producteur Vincent Maraval (société Wild Bunch) ouvrait l'une de ces polémiques culturelles nationales dont la France a le secret sur les effets pervers du financement public du cinéma.
La Franche-Comté parle d'une "suspension" du dispositif et non pas d'une suppression, mais les acteurs locaux ne se font guère d'illusion. La nouvelle a d'ailleurs résonné comme un coup de tonnerre dans le monde culturel local, même si la région prend soin de préciser qu'elle "restera particulièrement attentive au développement d'une politique de diffusion diversifiée et équilibrée sur le territoire régional, notamment grâce aux festivals" et qu'elle maintient par ailleurs ses dispositifs en faveur desdits festivals, de la numérisation des salles de cinéma (déjà très avancée), du pôle régional d'éducation à l'image et de l'initiation au cinéma pour les lycéens et apprentis.
L'annonce de cette suppression a d'autant plus surpris que la région a adopté un budget 2013 "au service de l'emploi", qui progresse à un rythme très proche de celui de l'inflation prévisionnelle (+1,72% en fonctionnement et +1,58% en investissement).

Les producteurs mobilisés

L'Association des producteurs audiovisuels Rhin-Rhône (Aparr) a lancé une pétition en ligne affirmant que "cette décision aura un impact catastrophique pour la création cinématographique et audiovisuelle de la région : raréfaction des tournages et donc de l'activité économique générée par ces derniers (embauche de techniciens en région, retombées économiques sur les lieux de restauration et d'hébergement), diminution drastique des projets en lien avec la région faute de financement, exil ou reconversion des techniciens, auteurs et producteurs de Franche-Comté". Outre l'absence de concertation avec les professionnels, l'association reproche à la région d'"abandonner à leur sort, sans la moindre explication, les structures de production régionales et les techniciens, comédiens, auteurs et réalisateurs qui dépendent de près ou de loin du fonds d'aide". Elle rappelle aussi que le film "Louise Wimmer" de Cyril Mennegun - aidé par la région - vient d'obtenir le prix Louis Delluc 2012 du meilleur premier film français.
Au-delà des intéressés, la décision de la Franche-Comté - et surtout le risque qu'elle soit imitée par d'autres régions - pourrait bien inquiéter l'ensemble du secteur cinématographique et audiovisuel. Les régions ont en effet contribué à la production de 94 films en 2011. Si le volume global des aides directes est relativement modeste (20,96 millions d'euros en 2011), celles-ci jouent souvent un rôle important dans le bouclage financier des films à petit budget.
L'ensemble des conventions signées entre le CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) et les collectivités (incluant tous les dispositifs en faveur du cinéma, au-delà de l'aide directe à la production) atteint pour sa part un montant total de 86 millions d'euros.