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Social / Citoyens - Laïcité et travail social : Ségolène Neuville ne transige pas sur les principes

Ségolène Neuville est intervenue, le 1er juillet, devant les Assises des solidarités "La laïcité à l'épreuve des identités : quels enjeux pour les travailleurs sociaux ?", organisées à Perpignan. La secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion en a profité pour faire un point sur cette question sensible parmi les travailleurs sociaux, qui vient juste après celle du secret professionnel.

Refuser la tentation de céder

Le débat est en effet loin d'être simple. Ségolène Neuville rappelle ainsi qu''"à plusieurs reprises ces derniers mois, j'ai été à la rencontre d'étudiants en travail social. J'ai entendu leurs doutes et leurs difficultés face à la tentation de céder sur la laïcité, à laquelle pourtant ils sont attachés : céder parce que la vie est dure pour beaucoup de nos concitoyens, céder par crainte de se montrer dominants, céder parce qu'on a l'espoir que cette concession permettra de garder le lien avec de jeunes gens sans illusion et sans espoir. Céder devant une revendication simplement parce qu'elle émane d'un groupe de personnes potentiellement victimes de racisme par ailleurs".
Après un rappel sur les circonstances et la mise en œuvre de la loi de 1905, la secrétaire d'Etat rejette ces tentations en rappelant que "c'est ce socle de valeurs communes qui permet l'égalité républicaine, c'est-à-dire qui permet d'être traité à égalité, sans distinction en fonction du sexe ou de la religion, sans faire de différence".
Aussi s'inscrit-t-elle en faux contre la position de certains étudiants en travail social qui estiment que "leur éthique personnelle suffisait pour exercer leur métier" et "qu'ils étaient au service de l'humain, mais pas de la République". Pour la secrétaire d'Etat, au contraire, "les travailleurs sociaux, comme tous les professionnels qui remplissent des missions de service public, sont au coeur du dispositif républicain".

Laïcité et droits des femmes

Pour Ségolène Neuville, la laïcité est en effet indissociable des avancées du droit des femmes, car "force est de constater que la plupart des conquêtes majeures des femmes se sont historiquement faites en opposition aux pouvoirs politico-religieux : droit à l'éducation, droit à disposer de son corps (accès à la contraception et à l'IVG), droit à ne pas subir de violences en particulier dans le cadre du mariage, droit de divorcer".
Aujourd'hui, la secrétaire d'Etat estime que la loi de 2004 (sur l'interdiction des signes religieux dans les établissements d'enseignement) "fait consensus" et que celle de 2010 (sur le voile intégral dans l'espace public) "doit être appliquée". Contrairement à des arguments parfois avancés, "transiger sur les principes de laïcité ne peut pallier les échecs des politiques d'intégration ou d'accès à l'emploi. Au contraire, à long terme, transiger sur la laïcité accroît les risques de segmentation sociale, voire de victimisation, et donc les risques de fracture sociale".

Un mélange de pédagogie et de fermeté

Ségolène Neuville reconnaît toutefois qu'"adopter la bonne attitude face à des sujets complexes requiert un grand savoir-faire" et admet que les travailleurs sociaux "puissent douter". La réponse - illustrée par un exemple sur le refus de serrer la main d'une femme - passe par un mélange de pédagogie et de fermeté sur les principes. Il faut donc à la fois ne pas "abandonner la laïcité aux partis extrêmes" et se garder d'"une laïcité qui s'excuse au nom des inégalités persistantes dans la société, ou au nom d'une culpabilité liée aux injustices historiques ou actuelles subies par tel ou tel pays ou populations".
Une position qui n'est pas seulement déclarative. Michel Thierry - inspecteur général des affaires sociales et vice-président du Conseil supérieur du travail social (CSTS) - doit en effet présenter son rapport sur les valeurs républicaines, la laïcité et la prévention des dérives radicales dans le champ du travail social. Il y formule notamment des préconisations pour l'intégration de la laïcité dans les formations initiales et continues, qui seront prises en compte dans le cadre du chantier en cours de révision des diplômes du champ social, visant à leur reconnaissance universitaire.

 

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