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L'art lyrique progresse, les collectivités assurent toujours 84% des subventions des opéras en région

Une étude complète portant sur 22 opéras témoigne d'une activité et une fréquentation dynamiques. La production est financée aux deux tiers (et même aux trois quarts hors Opéra de Paris) par des subventions publiques provenant en très grande part des collectivités.

L'Observatoire des politiques culturelles et la Réunion des opéras de France – qui regroupe 33 opéras, scènes ou festivals lyriques – publient une étude "Observation sur l'art lyrique en France". Portant sur les années 2016 et 2017, elle dresse un tableau très complet de la situation de ce secteur. L'étude porte sur 22 opéras (sur 25) ayant répondu à l'enquête et offre donc une forte représentativité. Elle englobe l'Opéra de Paris, ce qui n'est pas sans nécessiter parfois une double présentation (avec et sans), compte tenu de la spécificité et du poids de cet établissement.

Une fréquentation en progression régulière

L'activité des "maisons d'opéra" se révèle dynamique, puisque les 22 établissements étudiés totalisent, en 2017, 3.495 représentations, dont 71% payantes et 29% gratuites. L'essentiel de ces représentations (90%) est réalisé sur le site et 10% en tournée. La barre des 4.000 levers de rideau est même atteinte si on prend en compte les trois autres maisons non incluses dans l'enquête, "alors qu'on dépassait à peine celle des 3.000 en 2015". La répartition entre les différents types de spectacles est assez équilibrée, avec 30% se spectacles lyriques, 21% de spectacles théâtraux et autres, 19% de spectacles musicaux, 16% de spectacles symphoniques et 14% de spectacles chorégraphiques (sachant que tous les opéras n'ont pas de corps de ballet).

En termes de fréquentation, les 22 opéras ont accueilli 2,47 millions de spectateurs en 2017, soit 145.805 de plus que l'année précédente (+6,3%). Comme en 2016, l'Opéra de Paris représente 33% de la fréquentation totale. Les spectacles lyriques prédominent largement dans cette fréquentation, avec 47% du total des entrées. Ces bons résultats recèlent néanmoins un point faible : la part du "jeune public" n'est que de 5,6% des spectateurs en 2017, contre 6,7% en 2016. Malgré des subventions conséquentes (voir ci-dessous), l'art lyrique reste en effet un spectacle cher, avec un prix moyen des spectacles lyriques de 43 euros en province et de 112 euros à l'Opéra de Paris.

En matière de montage des spectacles, la production des spectacles par l'établissement prédomine (40% contre 35% en 2016), suivie notamment par les achats de spectacles (29% contre 42%), les coproductions (14% contre 9%) et les locations (9% contre 4%). Enfin, en termes d'emploi, les 22 établissements de l'échantillon totalisent 5.761 ETP en 2017 : 44% dans les emplois artistiques, 37% dans les emplois techniques et 18% dans les emplois administratifs. Cette répartition reste assez stable dans le temps, mais le nombre total d'emplois tend à diminuer légèrement.

Une dépense totale de 575 millions d'euros

Avant même d'évoquer l'activité, l'étude de l'Observatoire des politiques culturelles et la Réunion des opéras de France s'ouvre sur la question du financement. Il est vrai que l'étude qualifie celui-ci de "conséquent", avec un total de 516 millions d'euros pour les 22 opéras de l'échantillon et même de 575,5 millions si on y ajoute les trois maisons qui n'ont pas répondu à l'enquête. L'Opéra de Paris, "plus grande maison d'opéra en Europe", confirme sa situation très particulière, puisqu'il représente 38% du total, avec un budget de 218,3 millions d'euros.

Toutes structures confondues, les produits se répartissent en 63% de subventions publiques, 26,8% de recettes propres et de ventes, 3,7% de mécénat et 6,5% de divers autres produits. A l'encontre d'une idée reçue, l'étude juge la situation de la France "plutôt enviable". En effet, selon Opéra Europa, la moyenne européenne s'établit à 67% de participations publiques pour 20 % de recettes propres. La situation change toutefois si on ne prend pas en compte l'Opéra de Paris, qui dispose de 42% de recettes propres (pour 43,7% de subventions) et de 7,3% de mécénat. Si on considère uniquement les opéras en régions, la part des subventions dans les produits monte en effet à 77% et celle du mécénat tombe à 1,4%.

L'origine des subventions est également très différente selon qu'on prend en compte ou non la capitale. Hors Opéra de Paris, les communes assurent 45% des subventions, les EPCI 27%, l'État 16%, les régions 9% et les départements 3%. Avec l'Opéra de Paris, l'État devient le premier pourvoyeur de subventions avec 38%, devant les communes (33%), les EPCI (20%), les régions (7%) et les Départements (2%). Au total, les collectivités assurent 71% des subventions aux opéras, proportion qui monte à 84% pour les opéras en régions.

L'étude relève que "les villes sont très attachées à leur opéra, qui reste l'institution privilégiée, la première dans l'ordre de leurs dépenses". Cette situation n'est pas liée au statut de l'opéra. Elle se retrouve en effet que l'établissement bénéficie (Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Montpellier, Nancy) ou non du label d'"opéra national".

 

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