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Développement économique - Le Cner défend son organisation territoriale

A l'occasion d'un colloque organisé le 2 juillet 2013 sur le développement économique, le Cner a défendu son organisation territoriale devant Philippe Jurgensen, l'un des trois auteurs du rapport sur la rationalisation des aides aux entreprises remis à Arnaud Montebourg, le 18 juin.

Le Conseil national des économies régionales (Cner), qui fédère les agences de développement et les comités d'expansion, organisait le 2 juillet 2013 un colloque sur le développement économique. L'occasion pour le conseil de remettre sur la table la question de la rationalisation de la carte des agences de développement économique, préconisée par le récent rapport sur les aides aux entreprises, et de démontrer qu'il faut tenir compte des spécificités territoriales. Comme l'a rappelé l'un de ses trois co-auteurs, Philippe Jurgensen, le rapport, remis le 18 juin à Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, propose de passer de 110 agences à 26, soit une par région, avec des antennes dans les territoires, au lieu des actuelles agences départementales. "Aujourd'hui, tous les niveaux de collectivités interviennent de manière indifférenciée surtout en matière de développement économique, a critiqué l'inspecteur des finances. Il existe ainsi plus de 3.000 dispositifs d'aide des collectivités, ce qui représente 6,5 milliards d'euros par an, et mobilise 15.000 emplois équivalent temps plein. Les efforts faits jusqu'à présent sont restés incomplets."
Mais pour le président du Cner, Pascal Allizard, "le rapport n'a pas concrètement mesuré la diversité de la réalité économique des territoires français". "Qu'il y ait un souci de lisibilité et de rationalisation, nous l'admettons, mais il y a une grande différence entre rationaliser et uniformiser. L'Etat voudrait voir des silos mais ce n'est pas la réalité !", a-t-il rétorqué. 
 

"Parisianisme de sous-préfecture"

Le Cner défend son organisation multiple, adaptée aux territoires français. Ainsi, comme l'a encore souligné le président du Cner, "la réalité économique n'est pas la même dans certains territoires denses comme la Haute-Normandie, où il existe seulement deux départements, que dans d'autres, comme Midi-Pyrénées, qui est une région très vaste avec des réalités économiques très différentes".
Ainsi en Midi-Pyrénées, l'organisation choisie consiste en une agence de développement économique régionale et des agences départementales qui agissent en subsidiarité. "Et il n'y a pas de doublon," avance Pascal Allizard. Le président défend cette idée de gouvernance partenariale, plutôt que la création d'antennes, qui "seraient aux ordres" de l'agence régionale et qui ne permettraient pas de faire les 70 millions d'euros d'économies avancées par le rapport. "Nous sommes prudents par rapport au centralisme régionale, qu'on appelle parfois 'parisianisme de sous-préfecture', qui peut être pire que le centralisme national…", détaille-t-il.
L'existence de l'échelon départemental pour les agences de développement économique est aussi pertinente dans les territoires ruraux ou les communes de 10.000 à 50.000 habitants, qui ne peuvent pas avoir leur propre outil. "C'est là où l'échelle départementale reste opportune", insiste Pascal Allizard. Et il semble avoir été entendu par Philippe Jurgensen. "Il y a un aspect important à souligner concernant la diversité extrême des situations, explique ainsi Philippe Jurgensen à Localtis, il n'y a pas deux agences qui aient le même rôle. Notre rapport est d'ordre national, il ne tient pas forcément compte de tous les cas particuliers. Cela dit, l'effort de simplification et de lisibilité est nécessaire, mais il faut le mener en tenant compte des spécificités de chaque territoire."
Quoi qu'il en soit, comme le souligne le rapporteur, l'Etat ne peut forcer les collectivités à s'organiser comme il l'entend, il peut juste utiliser la pression financière pour faire changer les choses… "C'est déjà le cas, constate Pascal Allizard, avec la réduction des dotations aux collectivités, c'est aux régions de décider quelles sont leurs priorités et de faire des choix."