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Tourisme - Le monde enchanté du tourisme

Un domaine où le vote d'une loi fait l'objet d'un large consensus, où les réformes recueillent l'adhésion de tous les acteurs économiques, où les textes d'application sont publiés dans les délais annoncés, où l'activité 2011 s'annonce sous les meilleurs auspices... bienvenue dans le monde enchanté du tourisme ! Rien d'ironique dans ce propos, mais plutôt le constat d'une réforme rondement menée, qui aura marqué l'année 2010. La loi de développement et de modernisation des services touristiques remonte certes au 22 juillet 2009, mais les dispositifs prévus par sa quarantaine d'articles se sont déployés principalement en 2010. Si ce texte n'a pas eu l'écho d'autres grandes réformes sectorielles - comme celles des collectivités territoriales ou des universités -, il n'en introduit pas moins d'importantes innovations dans un secteur qui en avait bien besoin.

Du nouveau pour les offices de tourisme

Si certaines mesures revêtent une dimension strictement professionnelle - la réforme des agents et opérateurs de tourisme, les transports de tourisme avec chauffeur... -, d'autres ont en revanche un impact direct sur les collectivités territoriales. C'est le cas, bien sûr, de la réforme du classement des offices de tourisme, qui adapte ces structures plus que centenaires au nouveau contexte technico-économique (internet, démarche qualité, prise en compte du handicap...). Celle-ci s'est concrétisée notamment par l'arrêté du 12 novembre 2010, qui détaille la cinquantaine de critères qui serviront désormais au classement des offices. La réforme reconnaît également la spécificité et la nouvelle dimension des grands offices de tourisme, qui évoluent aujourd'hui - certains préfèrent dire "dérivent" - vers une part croissante d'activités à caractère commercial. Les communes touristiques et les "stations classées" ont également eu droit à leur nouveau classement, issu toutefois - pour l'essentiel - de la loi du 14 avril 2006 portant diverses dispositions relatives au tourisme.

Classements à tout va

La réforme la plus emblématique de la loi reste toutefois celle du classement de l'ensemble des hébergements touristiques. Tout au long de l'année 2010, le Journal officiel a ainsi égrené décrets et arrêtés définissant les normes à respecter pour chaque catégorie. Après les hôtels, les résidences de tourisme, les campings, les villages de vacances et les parcs résidentiels de loisirs, deux derniers arrêtés sont venus clore la série en août dernier, consacrés respectivement aux meublés de tourisme et aux villages résidentiels de tourisme. Comme pour les offices, cette réforme des classements se traduit par une refonte complète et une modernisation des critères. La mise aux nouvelles normes pourrait aussi nécessiter un investissement conséquent, que le secrétariat d'Etat au Tourisme chiffre à une dizaine de milliards d'euros. En attendant, la partie la plus visible en est l'apparition des nouveaux panonceaux de classement et, pour les touristes et les vacanciers les plus fortunés, l'octroi de la cinquième étoile à la catégorie "palaces".
La promotion de la destination France a également bénéficié d'un sérieux coup de jeune, avec la mise en place effective du groupement d’intérêt économique (GIE) Atout France, agence de développement touristique de la France, né de la fusion de la Maison de la France (promotion touristique) et d'Odit France (ingénierie touristique). Après des débuts un peu laborieux, le nouvel organisme s'est fixé des objectifs ambitieux, même si ses moyens le sont un peu moins. Il a ainsi présenté, le 23 juin dernier, une stratégie de dynamisation de la destination France, qui vise à atteindre le deuxième rang mondial pour les recettes touristiques à l'horizon 2020. Un objectif d'autant plus ambitieux qu'il entend surmonter - enfin - le principal point faible de l'industrie touristique française : savoir attirer les touristes de toute la planète (première destination touristique mondiale), mais ne pas savoir les faire dépenser davantage.

Des perspectives positives

L'accès aux vacances n'a pas été oublié, avec l'extension du dispositif des chèques-vacances aux salariés des petites et moyennes entreprises, même si l'absence d'incitation financière risque de freiner leur diffusion. Enfin, d'autres mesures - hors loi de modernisation - sont venues également contribuer, en 2010, à l'amélioration de l'offre touristique française. C'est le cas, par exemple, du dispositif d'aide à la rénovation des hôtels dans les DOM - mis en place par un décret du 22 janvier 2010 -, de la suppression du dispositif Demessine - devenu inadapté, voire contre-productif -, ou encore du projet de lancement d'un partenariat public-privé associant collectivités et opérateurs privés touristiques, sous la houlette d'Atout France, afin de créer une plateforme rassemblant l'ensemble des informations sur les séjours en France.
En termes économiques, ces différentes réformes, lancées quand le secteur du tourisme connaissait un brusque ralentissement de sa croissance sous l'effet de la crise économique, sont aujourd'hui en place alors que la reprise fait plus que démarrer. Sans chercher à y voir l'amorce d'un cercle vertueux, la loi de développement et de modernisation des services touristiques est donc venue au bon moment, en particulier grâce à la rapidité de sa mise en oeuvre. Pour 2011, la quasi-totalité des clignotants sont en effet au vert, ou au moins en voie d'amélioration : retour de la clientèle étrangère, hausse du trafic aérien, augmentation du taux d'occupation des hôtels et du revenu moyen par chambre, etc. Même si les vacances d'hiver ne s'annoncent pas, a priori, comme un cru exceptionnel, la France pourrait d'autant plus bénéficier de la reprise que la fidélité de la clientèle nationale a permis d'atténuer le choc de la relative désertion des touristes étrangers. Le retour de ces derniers devrait donc avoir un impact immédiat. Sans oublier, bien sûr, la cerise sur le gâteau : comme peuvent en attester tous les Français, la neige est bien là pour Noël...

 

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