Dépendance - Le taux de personnes en Ehpad atteintes de troubles cognitifs continue de progresser et atteint 57%
Selon une enquête nationale sur la maladie l'Alzheimer, les plans successifs semblent porter leurs fruits, avec de meilleures possibilités de prise en charge ou d'accompagnement. Mais dans le même temps, le nombre de personnes potentiellement concernées n'a cessé de croître.
La fondation Médéric-Alzheimer publie, dans le dernier numéro de sa "Lettre de l'observatoire", la onzième édition des résultats de son "Enquête nationale sur les dispositifs de prise en charge et d'accompagnement de la maladie d'Alzheimer", menée tous les deux ans. En une vingtaine de pages, celle-ci synthétise les remontées de 15.290 dispositifs participant à la prise en charge de cette maladie et des troubles apparentés. Comme le précise la fondation, "l'année 2017 se situant à mi-parcours du plan Maladies neuro-dégénératives 2014-2019, cette enquête permet de suivre l'évolution récente des différents dispositifs par rapport aux objectifs du plan".
"Un renforcement de pratiquement tous les dispositifs"
Les plans successifs semblent porter leurs fruits, puisque la fondation estime que "par rapport aux années antérieures, on observe un renforcement de pratiquement tous les dispositifs, qu'ils soient orientés vers la prise en charge ou l'accompagnement des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ainsi que leurs proches aidants". Une mobilisation et un effort collectif qui restent indispensables, car 57% des personnes accueillies en Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) et 70% en USLD (unités de soins de longue durée) étaient atteintes, au moment de l'enquête, de troubles cognitifs modérés ou sévères, selon les estimations des répondants à l'enquête. Pour les Ehpad, le taux est en hausse de trois points par rapport aux résultats de la précédente enquête, remontant à 2015.
Si la maladie continue ainsi de progresser - du moins en établissement -, la réponse et les possibilités de prises en charge se sont très nettement renforcées. Mais elles peinent parfois à suivre la progression rapide des personnes âgées de 75 ans et plus, passées de 4,71 millions en 2003 à 6,15 millions en 2017, soit une hausse de près d'un tiers (31%).
Presque tous les Ehpad accueillent des malades d'Alzheimer
Par exemple, le nombre de consultations mémoire labellisées est passé, entre 2003 et 2017, de 4,6 à 7,2 pour 100.000 personnes de 75 ans et plus. Mais, dans le même temps, le délai d'attente pour une consultation mémoire a grimpé de 42 à 71 jours.
De même, le nombre de places d'hébergement - tous types d'établissements confondus - pour 1.000 personnes de 75 ans ou plus est passé de 142 en 2003 à 123 en 2017, et demeure à peu près stable autour de ce chiffre depuis 2011. Aujourd'hui, 76% de l'ensemble des établissements (et même 96% des USLD et des Ehpad) affirment accueillir à l'entrée les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
À cet accueil "généraliste", il faut ajouter 79.400 places d'hébergement réservées aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et réparties dans 3.550 Ehpad et USLD disposant d'une unité spécifique, ainsi que dans 250 unités d'hébergement renforcé (UHR) et 246 établissements d'hébergement entièrement dédiés à l'accueil des personnes malades.
Indicateurs en forte hausse pour les structures liées au maintien à domicile
Cette relative stagnation de la capacité d'accueil en établissement, rapportée à 100.000 habitants de 75 ans ou plus, peut aussi être vue de façon plus positive, comme la conséquence du développement du maintien à domicile. Les indicateurs liés à ce dernier sont d'ailleurs en très nette amélioration.
Le nombre de places en accueil de jour pour 10.000 personnes de 75 ans ou plus a ainsi progressé de 3 à 24 entre 2003 et 2017, tandis que le nombre de dispositifs Maia - apparus au début des années 2010 - passait en valeur absolue de 57 en 2011 à 335 en 2017. Même chose pour les plateformes d'accompagnement et de répit (de 69 à 171 sur la même période) ou pour le nombre, pour 100.000 personnes de 75 ans ou plus, de structures proposant des activités d'aide aux aidants (de 6 à 40 entre 2003 et 2017). Sans même parler de nouvelles structures récemment apparues, comme les cafés mémoire ou les cafés des aidants.