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400.000 jeunes bénéficiaires de l'APL et les étudiants boursiers auront bien droit à une aide de 150 euros, même sans enfant

L'attentat contre un enseignant de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) a conduit le Premier ministre à reporter l'annonce des mesures en faveur des plus précaires, qu'il devait faire samedi 17 octobre – Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté –, à l'occasion d'un déplacement en région parisienne (voir notre article du 13 octobre 2020). Jean Castex est toutefois revenu sur le sujet dans une longue interview donnée au Journal du Dimanche du 18 octobre.

L'objectif est de démêler l'imbroglio apparu après l'intervention télévisée du chef de l'État, le mercredi 14 octobre (voir notre article du même jour). Lors de cet entretien, Emmanuel Macron avait expliqué : "Ce que nous allons faire, parce que c'est le dispositif le plus large et le plus efficace, c'est pour les bénéficiaires du RSA et des APL – ce qui touche du coup tous les jeunes, là aussi, très largement, les 18, 25 ans - d'avoir une aide exceptionnelle, là, pendant ces six semaines qui viennent de 150 euros, plus 100 euros par enfant. La même chose que ce que l'on a fait justement au printemps. Ce qui permettra d'aller entre 100 et 450 euros, ce qui est plus qu'une revalorisation". Soit la duplication du dispositif annoncé par le gouvernement à la mi-avril et mis en place par un décret du 5 mai dernier, à la sortie du confinement (voir nos articles ci-dessous des 15 avril et 7 mai 2020).

S'il est connu depuis longtemps que les 18-25 ans n'ont pas accès au RSA, sauf quelques cas particuliers (jeunes sans emploi et ayant épuisé leurs droits à l'assurance chômage – donc ayant déjà travaillé –, jeunes avec charges de famille...), toute l'ambiguïté vient de la phrase sur les "APL – ce qui touche du coup tous les jeunes, là aussi, très largement, les 18, 25 ans". Ambiguïté qui n'avait pas été levée, loin de là, le lendemain, jeudi 15 octobre, lors de la conférence  de presse de Jean Castex. Dans la foulée de cette conférence de presse, Matignon avait toutefois rectifié le tir :    Les bénéficiaires des APL toucheront eux uniquement la prime de 100 euros par enfant.

Si un très grand nombre de jeunes bénéficient effectivement des APL dès lors qu'ils ne logent plus chez leurs parents, l'aide mise en place s'adresse uniquement, comme en mai dernier, aux allocataires des APL (qu'ils aient plus ou moins de 25 ans) ayant des enfants. Comme indiqué par le chef de l'État, l'aide est alors de 100 euros par enfant. Mais cette condition des enfants exclut de fait la très grande majorité des jeunes de 18 à 25 ans et la quasi-totalité des étudiants dans cette tranche d'âge. Cette condition avait été précisée le lendemain, jeudi 15 octobre, suite à la conférence 

Dans son interview au JDD, Jean Castex, interrogé sur l'ouverture du RSA aux 18-25 ans, redit que "le choix du président de la République a été de revaloriser massivement la prime d'activité, en cohérence avec sa promesse initiale : favoriser l'insertion par le travail". Le Premier ministre confirme la teneur des annonces du chef de l'État, mais pour ajouter aussitôt que "s'agissant des jeunes, je vous annonce aujourd'hui que nous leur étendons cette aide". Conséquence : 400.000 jeunes bénéficiant des APL (donc quasiment tous sans enfant) bénéficieront d'une aide de 150 euros, de même que tous les étudiants boursiers, bénéficiaires au non de l'APL. Cette aide de 150 euros équivaut donc finalement à celle prévue pour les allocataires du RSA ou de l'ASS (allocation de solidarité spécifique), et non pas à celle prévue pour les APL.

Sauf que là encore, une imprécision demeure. Jacques Domergue, le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, a ainsi indiqué ce dimanche sur Twitter que "ce ne sont pas 'les jeunes aux APL' qui toucheront 150 euros, mais seulement les 400.000 'jeunes non-étudiants aux APL'. Pour les étudiants, seuls les boursiers y auront droit", estimant qu'"il y a 1,3 millions de ménages de moins de 25 ans qui touchent les APL, pas 400.000".

Le reste des mesures relevant de l'acte II de la stratégie devraient être présenté cette semaine, à une date non encore précisée. En attendant, Jean Castex a indiqué que la campagne hivernale pour l'hébergement, qui commence normalement le 1er novembre, a débuté dès le 18 octobre. Comme l'explique le Premier ministre, "ça permettra l'ouverture des places d'hébergement, afin d'assurer une mise à l'abri dès le début du couvre-feu".

 

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