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Economie sociale et solidaire - Les états généraux de l'ESS misent sur les territoires

Après avoir abrité la Bourse de Paris pendant plus d’un siècle et demi, le palais Brongniart devrait, en juin prochain, voir s’échanger des valeurs encore inédites autour de sa corbeille : intérêt collectif, respect de l’homme, éthique, entre autres… Les promoteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) se sont en effet donné rendez-vous, à l’ancienne bourse, pour une "grande manifestation publique et festive" du 17 au 19 juin. Ces trois journées de mobilisation pourraient donner toute leur ampleur aux états généraux que vient d’engager le secteur. Avec un objectif final : "Que le changement de cap économique soit un sujet incontournable de la campagne présidentielle de 2012", comme le résume Claude Alphandéry, président d’honneur de France Active, et initiateur de cette démarche.  

En attendant ce point d’orgue, les états généraux de l’ESS ont officiellement inauguré leur "chantier" ce lundi 11 octobre. Représentants d’associations, de coopératives, d’entreprises d’insertion, ou encore d’une quinzaine de collectivités territoriales, 260 participants ont passé cette journée à rechercher des pistes d’action. Trois défis leur avaient été proposés. Primo, parvenir à "mettre en mouvement" les acteurs de l’ESS, qui sont "extraordinairement dispersés, et qui ne se rendent pas compte qu’ils participent à une transformation de la société", rapporte Claude Alphandéry. Secundo, "convaincre l’opinion, qui ne sait pas ce qu’est l’ESS, alors que beaucoup trouvent que l’économie va mal et n’a pas le respect de l’homme et de l’environnement". Tertio, "convaincre les décideurs que l’on peut changer de cap. Et cela passe notamment par les collectivités territoriales !"  

 

Collectivités engagées

En la matière, les participants ont toutefois reconnu une difficulté : "Les élus sont actuellement très mobilisés par la réforme des collectivités territoriales ; l’ESS pourrait en faire les frais", rend compte Anne-Laure Federici, déléguée générale du Réseau des territoires pour l’économie solidaire (RTES), qui rassemble une soixantaine de collectivités engagées. "Et nous ne savons toujours pas ce que sera l’échelon territorial le plus pertinent après cette réforme : la région, l’agglomération,... ?"

Mais pour les collectivités d’ores et déjà engagées auprès de l’ESS, ces états généraux doivent être "l’occasion de trouver des clés d’entrée pour une reconnaissance au niveau national", ajoute la présidente du RTES Christiane Bouchart, signataire de l’appel aux états généraux de l’ESS du 12 mai dernier. "Car si nos politiques sont aujourd’hui reconnues aux différents échelons des collectivités, elles ne sont pas encore portées au niveau national."

Les collectivités pourront également s’impliquer pour "mettre en mouvement" les acteurs de l’ESS eux-mêmes. Lors de la journée du 11 octobre, il a en effet été souligné que "le territoire est le bon échelon pour mobiliser les différents acteurs de l’ESS : associations, coopératives, mutuelles, mais aussi collectivités locales et citoyens", rapporte Anne-Laure Federici. Le RTES propose d’ailleurs son appui aux élus territoriaux désireux de s’investir dans ces états généraux. Certains membres du réseau préparent déjà des débats et des rencontres afin de les alimenter.

 

Assises régionales

Aux côtés des collectivités, les promoteurs de l’ESS comptent mener le "chantier" des états généraux jusqu’en décembre prochain. Les nombreuses rencontres prévues tout au long du "mois de l’économie sociale solidaire", lancé officiellement mardi 19 octobre (voir notre article), donneront une bonne occasion de débattre, et de mobiliser, à travers tout le secteur. Et des "assises régionales" pourront être organisées. Durant tout le premier semestre 2011, les états généraux pourront alors être mis "en mouvement", et s’élargir, avant que la phase de "l’action" proprement dite ne soit enclenchée au palais Brongniart.

Désormais dotés de pistes d’action, les participants à la journée du 11 octobre ont également convenu d’élargir le comité de pilotage des états généraux - à des jeunes, à des femmes, mais aussi à des représentants des régions. Les territoires sont décidément indispensables à l’économie sociale et solidaire.

Olivier Bonnin