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Personnes âgées - L'Essonne lance la maison de retraite "low cost"

Fixés par les présidents de conseils généraux dans les établissements conventionnés, les tarifs hébergement des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont la partie du coût total la plus souvent acquittée par les personnes accueillies ou par leur famille. Déduction faite des 118.000 personnes âgées bénéficiant d'une prise en charge départementale au titre de l'aide sociale à l'hébergement, ce sont ainsi environ 540.000 personnes âgées ou familles qui acquittent le tarif hébergement. Le tarif soins est en revanche pris en charge par l'assurance maladie et le tarif dépendance est couvert - dans des proportions variables selon les revenus - par l'allocation personnalisée d'autonomie (APA). Aussi le prix de l'hébergement constitue-t-il une récrimination traditionnelle de la part des familles, peu au fait des coûts de fonctionnement des maisons de retraite tant qu'elles n'y sont pas directement confrontées. Ces prix sont particulièrement élevés dans les zones urbaines, sous l'effet des coûts du foncier.
Conscient de cette situation, le département de l'Essonne a décidé de se lancer dans une démarche originale de maison de retraite "low cost", sans pour autant remettre en cause la qualité des prestations délivrées. La présentation retenue pour cette opération sonne comme un slogan immobilier : la maison de retraite à 59 euros par jour. Cette somme équivaut à un coût mensuel moyen de 1.770 euros. Celui-ci peut sembler élevé, mais il se situe en réalité nettement en dessous des fourchettes observées. La moyenne nationale est en effet de l'ordre de 2.200 euros par mois (à rapprocher d'une retraite moyenne de 1.300 euros). Sur un plan géographique, les tarifs d'hébergement mensuels se situent dans une fourchette allant de 2.750 à 4.600 euros à Paris, de 2.000 à 2.500 euros dans le reste de l'Ile-de-France et de 1.500 à 1.850 euros en province (avec des écarts importants entre les villes et les zones rurales). Les prix annoncés par l'Essonne se situent donc nettement en dessous de ceux de l'Ile-de-France.
Pour obtenir ce résultat, l'Essonne entend travailler en enveloppe fermée, en affichant un budget global par établissement à construire (13 millions d'euros par opération dans les quatre opérations programmées). A charge pour les architectes et les maîtres d'oeuvre de tenir dans cette enveloppe. Autres sources d'économies : le département demande aux communes de consentir des prix très bas pour le terrain (l'une d'entre elles prévoit même de le mettre gratuitement à disposition) et le projet prévoit de mutualiser plusieurs services généraux (administration, blanchisserie, achats...). Il n'est pas précisé, en revanche, si le conseil général entend majorer le taux de ses subventions, ce qui aurait pour effet de réduire l'impact des frais financiers liés aux emprunts sur le prix de journée. Pour l'instant, quatre Ehpad à 59 euros par jour - offrant une capacité totale de 370 places, dont 50 pour des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer - sont programmés à l'horizon 2014 à Courcouronnes (14.000 hab.), Les Ulis (25.000 hab.), Morangis (11.500 hab.) et Sainte-Geneviève-des-Bois (35.000 hab.). Les dossiers correspondants viennent d'être déposés au comité régional de l'organisation sociale et médicosociale (Crosm), qui doit prochainement rendre son avis.
Pour Jérôme Guedj, vice-président du conseil général en charge du dossier, "l'idée est de faire en sorte que les classes moyennes puissent accéder aux maisons de retraite". Bien que l'annonce de ce tarif très bas en zone urbaine suscite un certain scepticisme chez les professionnels, Jérôme Guedj affiche déjà son intention d'aller plus loin. Il envisage en effet de créer en Essonne un "pôle public de la personne âgée", sous la forme d'un établissement départemental qui serait installé aux Ulis et servirait de tête de réseau et de fonction support pour les autres établissements. Celui-ci pourrait notamment intégrer un pôle gérontologique et un centre de formation aux métiers du grand âge.
Il est vrai que l'intéressé n'est pas vraiment un vice-président de conseil général comme les autres. Sur le plan professionnel, il est en effet membre de l'Inspection générale des affaires sociales. En octobre dernier, il signait ainsi, avec quatre autres membres de l'Igas, un rapport sur... l'"Etat des lieux relatif à la composition des coûts mis à la charge des résidents des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes" (voir notre article ci-contre du 13 octobre 2009).
 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

 

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