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L'Etat donne son feu vert au projet de contournement autoroutier de Strasbourg

Nicolas Hulot et Elisabeth Borne ont annoncé ce 23 janvier que l'Etat délivrera l'autorisation permettant de réaliser le très controversé projet de contournement autoroutier de Strasbourg, qui intégrera de nouvelles prescriptions pour limiter "au maximum" son impact sur la biodiversité. "L'Etat, sur la base de l'avis du CNPN (Conseil national de la protection de la nature), des nouveaux correctifs proposés par le maître d'ouvrage ainsi que de l'analyse de ses services, délivrera l'autorisation unique environnementale pour permettre la réalisation de l'autoroute", ont indiqué dans un communiqué commun le ministre de la Transition écologique et la ministre des Transports.
Evoqué dès les années 1970, régulièrement abandonné avant d'être relancé à la fin des années 1990, le projet de grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg, qui a pour but de délester l'autoroute A35 en absorbant le trafic du nord au sud de l'Alsace, a fait l’objet d’une déclaration d’utilité publique le 24 janvier 2008. Il a été engagé par la signature du contrat de concession publié au Journal officiel le 31 janvier 2016.

Avis défavorable du Conseil national de protection de la nature

Confiée à Arcos, filiale de Vinci, la construction de cette rocade de 24 km, essentiellement payante, entraînera la consommation de nombreuses terres agricoles et la mise en danger d'espèces protégées, dont le grand hamster d'Alsace, estiment les détracteurs du projet. Lors de plusieurs délibérations en 2017, le Conseil national de protection de la nature (CNPN) a émis un avis défavorable sur le dossier de compensation préparé par le maître d'ouvrage, et demandé des précisions relatives à la protection de la biodiversité lors du chantier, mais aussi pour compenser les impacts de l’infrastructure sur des espèces protégées et les écosystèmes locaux.
En octobre dernier, Nicolas Hulot avait confirmé le projet tout en demandant au concessionnaire de le "retravailler" en raison de ses effets sur la biodiversité. Alors que le dossier se trouvait suspendu à un nouvel avis du CNPN, dans l'entretemps, les ministres avaient décidé de suspendre l'opération de déboisement nécessaire aux travaux préparatoires. La réalisation de l'autoroute doit intégrer "l'ensemble des prescriptions complémentaires nécessaires", ont souligné les ministres. Celles-ci comprennent "un renforcement et une pérennité assurée des mesures compensatoires par le porteur de projet, notamment pour les zones humides". "Par ailleurs, l'impact environnemental de l'aménagement foncier agricole devra être maîtrisé et limité au maximum pour la biodiversité présente dans ces espaces", ajoutent-ils.

Prorogation de la déclaration d'utilité publique

"Dans ces conditions, la déclaration d'utilité publique a été prorogée de 8 ans et les travaux nécessaires à la conduite du chantier préparatoire sur le tracé de l'autoroute, rendus possibles", ont-ils annoncé. Un comité de suivi, présidé par le préfet de la région Grand Est sera chargé de vérifier "régulièrement" le bon respect par le concessionnaire des engagements pris, assurent Nicolas Hulot et Elisabeth Borne. L'avancement des travaux de l'infrastructure en cours fera l’objet d’une présentation de suivi au CNPN "sous un an".
"Cette décision très attendue est un pas déterminant dans la construction de cet ouvrage indispensable à l’optimisation des déplacements à l’aménagement de notre territoire", a réagi Robert Herrmann, président de l’eurométropole de Strasbourg. "Il s’agit d’une étape essentielle dans la construction partagée d’une ambition plus large pour les transports de notre agglomération ; une ambition capable d'améliorer l’attractivité et les mobilités quotidiennes de nombre d’habitants qui l’attendaient. Le projet que nous poursuivons rend compatible le développement économique et les exigences environnementales". "La décision de ce jour est aussi le fruit d’une mobilisation sans relâche des collectivités territoriales unanimes, des chambres consulaires et des nombreux acteurs économiques de l’eurométropole, a souligné l’élu. Sans leur persévérance et leur soutien renouvelé, ce grand projet ne serait pas aujourd'hui en si bonne voie".