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Social - L'Observatoire des inégalités propose un comparateur des inégalités et des niveaux de vie pour toutes les communes

L'Observatoire des inégalités poursuit son travail de mise à disposition des chiffres et des comparaisons territoriales sur la pauvreté. Il y a quelques semaines, l'organisme publiait une étude sur les écarts de taux de pauvreté (à 60% du revenu médian) entre les communes de plus de 20.000 habitants (voir notre article ci-dessous du 9 janvier 2018). Celle-ci reprenait un travail du Centre d'observation de la société, émanation du bureau d'études Compas également dirigée par Louis Maurin, créateur et directeur de l'Observatoire des inégalités. Fondée sur les données de l'Insee pour 2013, elle mettait en évidence un ratio de un à neuf entre le taux de pauvreté de 5% à Gif-sur-Yvette (Essonne, 21.000 habitants) et celui de 44,8 % à Grigny (Essonne, 28.000 habitants), pour une moyenne nationale de 14,1%.

Une stabilité du classement

La nouvelle publication de l'Observatoire des inégalités apporte plusieurs nouveautés : elle actualise les chiffres avec les données de 2014 ; elle donne accès à l'ensemble des résultats des 421 villes françaises de plus de 20.000 habitants et elle propose un moteur de recherche pour l'ensemble des communes françaises.
De façon logique, les chiffres 2014 ne bouleversent pas le classement précédent. Avec un taux de 44%, Grigny passe toutefois au troisième rang des communes comptant le plus d'habitants sous le seuil de pauvreté à 60% du revenu médian, derrière Aubervilliers avec 44,3% (Seine-Saint-Denis, 84.000 habitants) et Clichy-sous-Bois avec 44,2% (Seine-Saint-Denis, 30.000 habitants). Gif-sur-Yvette continue d'afficher le plus faible taux de pauvreté, avec 5%.
Les résultats de 2014 semblent montrer un très léger tassement du taux de pauvreté. Les dix villes les plus pauvres - toutes situées en région parisienne, à l'exception de Roubaix (Nord) et Creil (Oise) - affichent ainsi des taux compris entre 36,7% (Stains, en Seine-Saint-Denis) et 44,3% (Aubervilliers), pour une fourchette allant de 36,4% à 44,8% avec les chiffres de 2013.
Comme d'habitude, l'Observatoire des inégalités rappelle que "le taux de pauvreté au seuil à 60% du revenu médian utilisé ici ne décrit pas une population démunie à l’extrême. Le seuil est en effet de 1.000 euros par mois pour une personne seule, ou de 2.500 euros pour un couple avec deux adolescents. On rassemble des populations qui vivent dans le plus grand dénuement et des familles modestes dont la situation économique est très différente". Par ailleurs, "un niveau élevé de pauvreté peut se combiner avec un certain dynamisme économique" : comme cela est le cas pour certaines communes de Seine-Saint-Denis, les créations d’emplois attirent de nouvelles populations défavorisées en quête de travail.

Les vingt plus grandes villes françaises ont un taux de pauvreté supérieur à la moyenne

Autre novation : l'Observatoire propose désormais la liste complète des 421 villes de plus de 20.000 habitants en métropole, avec le taux de pauvreté, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté à 60% du revenu médian et le nombre total de personnes dans les ménages fiscaux (regroupement des foyers fiscaux répertoriés dans un même logement).
Cette liste confirme les très forts contrastes en Ile-de-France en matière de pauvreté (voir notre article ci-dessous du 13 avril 2016). En valeur absolue, les grandes villes comptent sans surprise le plus grand nombre de pauvres : 340.000 à Paris (16,9%), 209.000 à Marseille (25,8%), 67.000 à Lyon (14,5%), 76.000 à Toulouse (18,8%), 74.000 à Nice (20,6%)... Les vingt plus grandes villes françaises affichent également toutes un taux de pauvreté supérieur à la moyenne nationale de 14,1%, le taux le plus élevé se situant à Nîmes (29%) et le plus faible à Dijon (14,2%).
En province, les villes comptant le moins de personnes pauvres sont souvent situées à la périphérie immédiate des grandes villes. Ce sont aussi souvent celles qui offrent le moins de logements sociaux et ne respectent pas les obligations de la loi SRU.

Comparateur des territoires : comment se situe votre commune ?

Enfin, l'Observatoire des inégalités et Compas, en partenariat avec lagazette.fr, proposent désormais, en ligne, un comparateur des niveaux de vie et de la précarité. Il s'ajoute aux deux autres composantes du "comparateur des territoires", portant sur les revenus des personnes âgées et sur les inégalités femmes-hommes.
Ce nouveau comparateur, qui recense l'ensemble des communes françaises de Métropole, propose trois données. Tout d'abord, pour chaque commune, le niveau de vie médian (par unité de vie au sens de l'Insee), le niveau de vie des 10% les plus pauvres et le niveau des 10% les plus riches. Ces trois chiffres sont comparés à la moyenne du département d'implantation et à la moyenne nationale (respectivement 1.697 euros mensuels, 890 euros et 3.133 euros). Le comparateur propose ensuite le coefficient de Gini de la commune (niveau d'inégalité, 0 correspondant à une égalité parfaite où chacun a le même revenu et 1 à une inégalité parfaite où un seul individu possède la totalité du revenu). Ce coefficient de Gini communal est comparé au coefficient départemental et au coefficient national (0,29). Enfin, le comparateur affiche le taux de pauvreté de la commune, toujours comparé au taux départemental et au résultat national (14,69).
A noter : pour les petites communes (apparemment celles comptant moins de 2.500 habitants), le comparateur ne fournit que le revenu médian, compte tenu de la faiblesse des sous-populations. L'outil présente également quelques imperfections. Par exemple, tout en se référant aux données de l'Insee pour 2014, il mentionne un taux de pauvreté national de 14,69%, alors que l'Insee indique, pour cette même année, un taux de 14,1%.

 

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