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Transports - Modernisation du RER : des députés mènent l'enquête

Depuis plusieurs semaines, une commission d'enquête parlementaire relative aux modalités de financement et à l'impact sur l'environnement du projet de rénovation du réseau express régional (RER) procède à des auditions qui ne rassurent guère sur l'état et l'avenir du réseau francilien.

Le RER francilien est-il devenu ingérable ? La question paraît exagérée, pourtant les premières auditions menées par la commission d’enquête parlementaire sur la rénovation du réseau vont dans ce sens. Demandée il y a un an, cette commission a mis du temps à voir le jour. Pilotée par Daniel Goldberg, député socialiste de Seine-Saint-Denis, elle a auditionné les 25 et 26 janvier des élus et des membres du Syndicat des transports d'Île-de-France (Stif). Et poursuivra ses travaux jusqu’en mars 2012.

La double gestion RATP-SNCF

De nouveau sur le tapis, le problème de gouvernance à deux, voire trois têtes, du RER. Deux entreprises publiques - la SNCF, la RATP - et même trois avec Réseau ferré de France (RFF), qui gère le rail, se partagent le gâteau sur fond de vive concurrence en matière d’exploitation et d’ingénierie. Jean-Paul Huchon, président de la région et du Stif, relève certains progrès et "une ingénierie qui parvient à être ainsi mieux intégrée sur le chantier de prolongement du RER E à l’ouest (Eole)". Selon Etienne Guyot, président du directoire de la société du Grand Paris, "la mayonnaise enfin prend, toute l’Ile-de-France est en mouvement pour améliorer les choses".
Mais malgré des contrats d’exploitation qui progressivement s’affinent entre le Stif et les opérateurs, et un suivi plus ferme mené par les comités de ligne, Jean-Paul Huchon déplore une dérive des coûts et le manque de contrôle des opérateurs. Pour moderniser le réseau, une contribution plus élevée de la part de l’Etat et de ces mêmes opérateurs serait, selon lui, nécessaire. Ainsi qu’une plus grande marge de manoeuvre sur la gestion des sillons : "Aux heures de pointe, on nous fait encore passer des trains de fret sur le réseau, c’est aberrant", fait remarquer l'élu.
"Il y a un réel problème de gouvernance. Entre eux, les deux opérateurs ont l’art de se renvoyer systématiquement la balle. Et à ce mille-feuille décisionnel, la toute jeune société du Grand Paris ajoute une strate supplémentaire", estime François Kalfon, spécialiste des transports à la région. Roger Karoutchi, président de la commission finances à la région, n’est pas moins sévère. Le sénateur des Hauts-de-Seine plaide depuis des années pour une gestion unifiée des lignes RER : "Avec l’actuel plan régional de mobilisation des transports, on va limiter le désastre mais pas l’empêcher. Sans une entreprise unifiée et une politique contractuelle plus lourde avec l’Etat, on court à la catastrophe car on cumule plus de quinze années de retard d’investissement dans le réseau."

Ras-le-bol des usagers

A l’initiative en 2008 d’un livre blanc publié par des élus déplorant les dysfonctionnements du RER A, Emmanuel Lamy, maire de Saint-Germain-en-Laye, estime que depuis, rien n’a vraiment changé. "Cette situation de blocage est très dure à expliquer aux habitants. Il y a le sentiment qu’on ne peut pas agir, c’est très frustrant. L’arrivée de rames à double niveau apporte quelques bienfaits mais il vont très vite être absorbés par l’accroissement du flux de voyageurs lié au développement de l'agglomération", commente-t-il. Le manque de régularité des trains se pose surtout le soir, le week-end et aux heures de pointe. "Soyons clair, cela pénalise l'attractivité de notre territoire", conclut Dominique Lefebvre, président de la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise et maire de Cergy.

 

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