Petite enfance : 17,5 milliards d'euros de dépenses publiques en 2024

La restructuration du paysage de l'accueil du jeune enfant se poursuit, avec une diminution des places d'accueil proposées par les assistantes maternelles et les crèches publiques, tandis que des micro-crèches privées continuent à se créer. Dans l'édition 2025 de l'Observatoire national de la petite enfance, la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) et ses partenaires évaluent à 13.700 le nombre de postes ETP vacants dans le secteur. Ils se sont également penchés sur le coût de revient annuel moyen d'une place en crèche, qui atteindrait 19.450 euros en 2024. 

Estimé à 1,3 million, le nombre de places d'accueil formel d'enfants de moins de trois ans a légèrement diminué par rapport à 2022 (- 0,6%) en France hors Mayotte, selon la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) qui vient de publier l'édition 2025 du rapport de l'Observatoire national de la petite enfance (1). Du fait de la baisse de la natalité, le taux de couverture progresse toutefois (+ 1,4 point en un an) pour atteindre 60,9 places pour 100 enfants de moins de trois en 2023. 

Places en micro-crèches Page : + 10% en 2024, après + 12% en 2023

Toujours majoritaire (674.300 places, 52% de l'offre globale), le nombre de places offertes par des assistantes maternelles continue à diminuer en 2023 avec 10.300 places en moins (- 1,5%). Cette baisse s'est poursuivie en 2024 : 218.100 assistantes maternelles (9.800 en moins que l'année précédente) ont accueilli 542.000 enfants de moins de 3 ans au cours de l'année (- 3,9% par rapport à 2023). Si le salaire net moyen annuel de la profession a augmenté en 2024 (+ 4,8% par rapport à 2023) du fait des revalorisation du Smic, il demeure bas (16.900 euros). 

Représentant 39% de l'offre, le nombre de places en établissement d'accueil du jeune enfant (EAJE, 495.600 places) augmente en 2023 de 1,5%. La création nette de places est de 7.200 places, avec une hausse qui correspond aux 7.400 places créées dans des micro-crèches financées par la prestation d'accueil du jeune enfant (Paje). Ces dernières étaient au nombre de 6.753 en décembre 2024 et offraient environ 79.300 places, en augmentation de près de 10% par rapport à l'année précédente (après + 11,6% entre 2022 et 2023). Ces micro-crèches Paje (qui représentent la majorité des près de 8.000 micro-crèches) relèvent majoritairement du secteur privé lucratif (93%) et minoritairement du secteur associatif (7%). 

Crèches PSU : + 30% de structures privées depuis 2019 

En 2024, les 12.797 crèches financées par la branche Famille via la prestation de service unique (PSU) "ont proposé 419.800 places, soit 600 de moins qu’en 2023 (-0,1 %) mais 5.400 de plus qu’en 2019". Derrière cette apparente stabilité, l'Observatoire constate une légère diminution du nombre de places proposées par les collectivités (près de 245.000 places et 6.997 EAJE en 2024, 30 de moins en un an) et les associations (près de 93.200 places, 3.375 crèches) et une hausse du nombre de places offertes par des entreprises de crèches (un peu plus de 64.000 places, 1.963 crèches soit une hausse du nombre d'établissements de 30% depuis 2019). "Le développement des délégations de service public (DSP) explique sans doute en grande partie ces évolutions", peut-on lire dans le rapport. 

Autre "mode d'accueil formel", représentant 5% du nombre total de places : la scolarisation d'enfants de 2 ans "est en diminution constante depuis la rentrée 2017". A la rentrée scolaire 2024, 66.000 enfants (- 4% par rapport à 2023) étaient scolarisés en "toute petite section", soit 9% des enfants de 2 ans. De fortes disparités sont observées entre les départements, avec plus de 20% des enfants de 2 ans scolarisés "dans l’Ouest, le Nord et une partie du Massif central", tandis que des départements tels que "la Haute-Garonne, la Seine-et-Marne et la Haute-Savoie affichent des taux de scolarisation inférieurs à 3%". 

Dernière modalité : la garde au domicile des parents (4% de l'offre globale) a diminué de 200 places en 2023.

165.900 ETP, dont 35% dans le public et 31% dans le privé marchand 

L'édition 2025 de l'Observatoire présente les résultats d'une étude sur les besoins de professionnels en crèche. Selon une estimation qui se fonde sur l’observation d’une semaine de référence au mois de décembre 2024, 13.700 ETP seraient vacants, dont 6.300 depuis plus de trois mois (hors congés ou RTT). Le nombre total de professionnels du secteur étant estimé à 165.900 ETP, le taux de vacance serait de 8,3%, dont 8,7% pour les personnels étant auprès des enfants et 5% pour les postes de direction. 

Selon les estimations réalisées, le secteur public est encore "l’employeur le plus important avec 57.400 ETP" (35% de l'ensemble), mais l'écart se réduit avec le secteur privé marchant qui emploie de l'ordre de 51.300 ETP (31%), tandis que les associations en ont 35.500 (21%). 

Prix de revient d'une place : une comparaison délicate 

La dernière partie du rapport est consacrée aux financements de l'accueil des moins de trois ans, avec cette année une étude sur le coût de revient moyen d’une place en crèche PSU, qui s'élève à 19.450 euros en 2024. À noter : ce sont les micro-crèches – le modèle qui se développe le plus – qui ont le coût de revient moyen le plus élevé, à 20.729 euros. La formule la moins coûteuse est le jardin d'enfants (14.075 euros) parce que ce dernier n'accueille que des enfants d'au moins deux ans. Par statut juridique, il apparaît que le coût de revient est le moins élevé… chez les collectivités (19.050 euros) et le plus élevé chez les entreprises de crèches (20.472 euros). La Cnaf indique toutefois que la comparaison est "délicate", certaines charges étant par exemple plus souvent valorisées par les structures privées (les locaux en particulier). 

Plus globalement, les dépenses publiques se sont élevées à 17,5 milliards d'euros en 2024, en hausse de 4,8% par rapport à 2023. Le premier poste est l'accueil collectif qui a coûté 7,9 milliards d'euros (+ 4,9%), dont 2,4 milliards de dépenses de fonctionnement (- 4,2%) pour les collectivités et 192 millions d'investissement (- 4,7%) pour ces dernières. En la matière, les dépenses de la branche Famille augmentent de 3,8% pour le fonctionnement (dont + 13,3% pour les micro-crèches) et de 18,7% pour l'investissement. 

L'accueil individuel a été financé par les pouvoirs publics à hauteur de 5,7 milliards d'euros (+ 4,3%) en 2024. S'ajoutent des dépenses fiscales à hauteur de 2,2 milliards d'euros (+ 10,6%) qui couvrent les crédits d'impôt liés à différentes modalités d'accueil (accueil individuel et crèches "Paje") ainsi que le crédit d'impôt famille (Cifam) versé aux entreprises. La prestation partagée d’éducation de l’enfant (Prepare) versée aux parents interrompant ou réduisant leur activité pour s'occuper de leurs enfants, et les droits à la retraite ouverts par ces versements, ont coûté 1,1 milliard d'euros (en baisse de 1,6%). La scolarisation des enfants de deux ans a enfin représenté une dépense de 539 millions d’euros (- 0,6%) dont une petite moitié à la charge des collectivités. 

(1) Piloté par la Cnaf, l'Observatoire national de la petite enfance associe "les services statistiques et d’études des institutions impliquées dans les politiques de la petite enfance" que sont la Drees, l'Insee, la Depp (ministère de l'Éducation nationale), la Mutualité sociale agricole (MSA) et l'Urssaf caisse nationale (UCN).

 

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