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Petite enfance - Qu'est-ce que les parents attendent des modes de garde ?

L'Union nationale des associations familiales (Unaf) publie les résultats d'une étude qui devrait intéresser toutes les collectivités gestionnaires d'une structure d'accueil de la petite enfance. Intitulée "Modes de garde : vécu et attentes des parents et futurs parents", l'étude repose sur une approche qualitative sous la forme de six groupes de parents (futurs parents, parents récents et parents en activité) et d'entretiens individuels avec des mères au foyer. Si cette étude qualitative n'a pas de valeur statistique, elle apporte néanmoins plusieurs enseignements intéressants.
Côté confirmation, les résultats montrent que "la recherche d'un mode de garde est un combat" et que les démarches à effectuer auprès des communes, des centres communaux d'action sociale et/ou des structures elles-mêmes, sont ressenties comme "un véritable parcours du combattant". Contrairement à une idée reçue, les structures collectives sont plébiscitées (du moins dans les zones urbaines), alors que l'assistante maternelle suscite d'abord une forte angoisse (est-ce que je peux avoir confiance ?). Manifestement, l'agrément délivré à l'assistante maternelle par le président du conseil général n'est pas ressenti comme une garantie suffisante. En revanche, la crèche collective est "perçue a priori comme toujours parfaite", épanouissante pour l'enfant (socialisation) et rassurante pour les parents (professionnalisme et sécurité). Les inconvénients pourtant bien réels des crèches (bruit, fatigue, risque accru de maladies) ne sont pratiquement pas évoqués par les parents. Seule critique formulée : la fermeté des principes éducatifs du personnel des crèches ou du règlement intérieur, qui peut déboucher sur une certaine "rigidité". L'investissement sur les crèches est tel, que les parents n'obtenant pas de place pour leur enfant "ressentent souvent un sentiment d'injustice". Les autres modes de garde collectifs souffrent en revanche d'une forte méconnaissance. Les crèches parentales sont peu connues et font l'objet d'une certaine méfiance, du fait de la présence de parents "non spécialistes". Les entreprises de crèches (structures privées à but lucratif) sont, elles aussi, peu connues et souvent confondues avec les crèches d'entreprises. La garde partagée à domicile est perçue comme contraignante. Seules les crèches d'entreprises sont très bien perçues et présentées souvent comme "la solution idéale".
Pour sa part, la garde par une assistante maternelle souffre de freins a priori "ancrés dans un imaginaire collectif" : rumeurs, médiatisation des cas de maltraitance, sentiment de laisser son enfant "entre les mains" d'une tierce personne. Ces réticences sont toutefois le plus souvent levées par la pratique et les parents qui recourent à ce mode de garde - ou qui y sont contraints comme dans de nombreuses zones rurales - en ont une vision plutôt positive. La présence d'un relais d'assistantes maternelles (RAM) est perçue comme rassurante, la mise à disposition du local par la mairie engendrant chez les parents l'idée que cette dernière "surveille" les assistantes maternelles. A noter enfin : l'étude procède à une typologie originale des parents dans leur quête d'un mode de garde. Elle distingue ainsi quatre profils : les "chanceuses" (qui ont une place en crèche), les "battantes" (qui vont voir jusqu'à une vingtaine d'assistantes maternelles pour trouver la bonne), les "système D" (qui n'ont pas vraiment le choix et jonglent entre temps partiel, grands-parents, voisins...) et les "abandonistes" (qui finissent par renoncer à la recherche d'un mode de garde individuel ou collectif, autant par crainte que par manque de solutions).

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

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