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Tourisme - Saison d'été 2016 : l'Insee recense les gagnants et les perdants

Alors que le tourisme traverse une crise sans précédent depuis les attentats de novembre 2015 et juillet 2016, l'Insee publie une synthèse des résultats de la saison d'été 2016, qui correspond à la période allant de mai à septembre. Point important : cette étude couvre l'ensemble de l'activité, autrement dit les touristes nationaux comme les touristes internationaux. De ce fait, les évolutions sont moins brutales que celles relatives aux seuls touristes internationaux (voir encadré ci-dessous).

Un recul des nuitées de 2,5%

En dépit de cet effet atténuateur, la fréquentation estivale des hébergements collectifs touristiques durant la saison d'été 2016 recule de 2,5%, après avoir connu une croissance de 3% en 2015. Le nombre de nuitées s'établit ainsi à 262 millions. Le recul est nettement plus marqué pour la clientèle étrangère (-5,5%) que pour la clientèle résidente (-1%), cet écart étant encore plus net dans les hôtels (respectivement -8,5% contre -0,4%). L'étude montre aussi que les types d'hébergements les plus urbains - hôtels et autres hébergements collectifs touristiques (AHCT) - reculent davantage que les campings (respectivement -4,2%, -3,7% et -0,7%).
En termes géographiques - et comme on pouvait s'y attendre -, l'Ile-de-France est la plus touchée. La région affiche en effet un recul des nuitées de 12,4% sur l'été 2016 : -6,5% pour les touristes résidents et -16,1% pour les touristes internationaux. La région Paca est également touchée - à commencer par les Alpes-Maritimes et le Var -, surtout après l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice. Elle enregistre en effet une baisse des nuitées de 6% (-5,0% pour les résidents et -7,6% pour les touristes étrangers).
D'autres régions affichent aussi une baisse conséquente de la fréquentation, mais pour des raisons qui ont davantage à voir avec une météo défavorable qu'avec les conséquences des attentats. C'est le cas de la Bretagne (-5,2%), de la Normandie (-3,8%), des Pays de la Loire (-2,4%) et de la Bourgogne-Franche-Comté (-1,4%). Les autres régions métropolitaines affichent au contraire une évolution positive, le record revenant à Auvergne-Rhône-Alpes (+2,5%) et à la Corse (+2,4%).
Au total, treize départements ont connu cet été une baisse de leurs nuitées supérieure à 5% : tous ceux de l'Ile-de-France sauf la Seine-Saint-Denis, les Alpes-Maritimes, le Var, l'Eure, la Manche, les Côtes d'Armor et le Finistère.

Les zones rurales tirent leur épingle du jeu

Si on raisonne en termes de typologie des territoires, les grands perdants sont les zones urbaines. Compte tenu du poids relatif de l'agglomération parisienne et de la côte méditerranéenne dans l'activité touristique, elles affichent en effet un recul de fréquentation de 5%, nettement plus marqué dans l'agglomération parisienne (-12,7%) que dans les zones urbaines de province (+1,0%), grâce en partie à l'Euro 2016. Ce recul des nuitées dans les zones urbaines est imputable à la fuite des touristes étrangers (-10,8%), alors que les touristes résidents sont restés quasi stables (-0,2%).
Le littoral a également connu un recul prononcé de ses nuitées, avec une baisse de 3,6%. Le littoral méditerranéen (-3,5%) est toutefois moins touché que celui de la Bretagne (-5,9%, dont -11,2% pour les touristes étrangers) et à peine plus que celui de l'Atlantique (-2,9%). Ce paradoxe s'explique notamment par le fait que la saison d'été débute au mois de mai et que l'attentat de Nice n'a eu lieu qu'à la mi-juillet.
Pour leur part, les massifs montagneux connaissent une quasi stabilité durant la saison d'été 2016 (+0,6%), répartie de façon très voisine entre le massif alpin (+0,9%), le massif pyrénéen (+0,2%) et les autres massifs (+0,6%).
Enfin, les territoires ruraux apparaissent comme les gagnants de la saison d'été 2016. Ils affichent en effet une progression de 2,7% (+3,8% pour les résidents et + 0,6% pour les touristes étrangers). Avec 35 millions de nuitées, ils ne représentent toutefois que 13% du nombre total de nuitées enregistrées en France métropolitaine durant l'été 2016.

Jean-Noël Escudié / PCA

Adieu les 100 millions de touristes internationaux ?

A l'occasion de la deuxième conférence annuelle du tourisme, qui s'est tenue le 17 novembre à Paris, Jean-Marc Ayrault a annoncé le nombre prévisionnel de touristes internationaux pour l'année 2016, extrapolé à partir des neuf premiers mois de l'année. Selon le ministre des Affaires étrangères, également en charge du tourisme, la France devrait accueillir en 2016 environ 80 millions de touristes internationaux. Ce chiffre affiche une baisse de cinq millions par rapport à celui de 2015, soit un recul de 7%.
Si les raisons principales de ce recul sont connues - après les attentats de novembre 2015 et juillet 2016 -, la question se pose des perspectives à court et moyen terme. Il y a trois mois, Jean-Marc Ayrault avait repris l'objectif de 100 millions de touristes internationaux à l'horizon 2020, lancé, il y a deux ans, par son prédécesseur Laurent Fabius (voir notre article ci-contre du 6 septembre 2016). Lors de la deuxième conférence annuelle du tourisme, le ministre des Affaires étrangères a réaffirmé qu'il jugeait toujours cet objectif réaliste.
Il reste que les attentats, même s'ils ont joué un rôle de tout premier plan, sont loin d'être la seule raison de la perte d'attractivité touristique de la France. Insécurité, persistance de l'état d'urgence (un terme qui effraye les touristes), grèves à répétition, images de manifestations violentes relayées par les réseaux sociaux... : autant de facteurs qui pèseraient également sur l'image de la France. Dans ces conditions - et sauf redressement rapide de la fréquentation dès 2017 - l'objectif des 100 millions de touristes internationaux à l'horizon 2020 semble relever d'un certain optimisme.

JNE

 

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