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Tourisme - Tourisme : cette fois-ci, c'est la crise

Alors que s'achève la saison d'été, la note "Informations Rapides" de l'Insee sur "La fréquentation touristique dans les hôtels, campings et autres hébergements collectifs touristiques en France métropolitaine" jette un sérieux froid. Certes, elle ne porte que sur le second semestre 2016, mais il n'est pas sûr - surtout après les attentats de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray - que la tendance s'inverse au troisième trimestre, malgré des conditions météo favorables et d'importants efforts commerciaux des opérateurs.

Un recul de 9% de la clientèle étrangère au second trimestre

Comme le constate l'Insee, "au deuxième trimestre 2016 en France métropolitaine, la fréquentation touristique dans les hébergements collectifs touristiques, exprimée en nuitées, se replie fortement : -4,8% par rapport à la même période de 2015". Ce recul - malgré l'Euro de football au mois de juin - succède à un léger rebond au premier trimestre (+1,1%).
Le plus inquiétant pour l'avenir immédiat réside sans doute dans la chute de fréquentation des touristes étrangers. Celle-ci est en effet de -8,9% au second trimestre 2016 par rapport à la même période de 2015, qui n'avait déjà rien d'une année exceptionnelle. La désertion des touristes étrangers tend donc à s'accélérer, après déjà -2,7% au premier trimestre. La fréquentation de la clientèle française recule également, mais de façon plus modérée, avec une baisse de -2,9%.

Aucune catégorie d'hébergement n'est épargnée

Toutes les catégories d'hébergement sont touchées par ce recul. Les nuitées hôtelières baissent ainsi de 3,5% pour l'ensemble des touristes et de 7,3% sur les touristes étrangers. Le recul frappe particulièrement les hôtels non classés (-9,0% et -8,8%), mais aussi les hôtels 3 étoiles (-3,7% et -10,4%) et les établissements 4 et 5 étoiles (-2,6% et -6,8%).
Les campings ne sont pas épargnés, avec un recul global de -6,8% et de -4,2% pour la clientèle étrangère. Ici aussi, toutes les catégories d'hôtellerie de plein air sont touchées. Pour leur part, les autres formes d'hébergements collectifs – résidences de tourismes, villages vacances et autres - sont carrément victimes d'un effondrement de la clientèle étrangère : le recul d'ensemble est de -6,4%, mais atteint -20,3% pour les touristes étrangers.
En termes géographiques, l'agglomération parisienne est - sans surprise - la plus touchée, avec une chute de la fréquentation de -14,5%, dont -29,6% pour les touristes étrangers... Depuis le début de l'année, la capitale a notamment perdu un million de visiteurs, un résultat confirmé par le bilan récent du comité régional du tourisme Paris Ile-de-France, et qualifié de "catastrophe industrielle" par son président, Frédéric Valletoux.  
Pour le littoral, ces chiffres sont respectivement de -12,7% et -12,5% et de -9,6% et -41,2% pour la montagne. Seules les zones urbaines hors agglomération (+1,1% et -2,5%) et surtout les zones rurales (+15,4% et +6,0%) tirent leur épingle du jeu.

Mauvaise image et mobilisation générale

Les professionnels et les politiques avancent plusieurs raisons à cette situation. Certes, l'impact des attentats reste sans doute prédominant, même s'il faut rappeler que l'étude de l'Insee ne tient pas compte des attentats de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray. Mais d'autres facteurs plus généraux sont également avancés : météo très maussade du deuxième trimestre, inondations, mauvaise image de la France à la suite des grèves, des conflits sociaux et des violences à répétition (comme l'affaire du DRH d'Air France qui a tourné en boucle sur les réseaux sociaux)...
Quelles que soient les explications, il n'y a en revanche plus de doute à avoir sur l'existence d'une situation d'urgence. Le gouvernement en a pris la mesure, avec l'annonce par Jean-Marc Ayrault, le 29 juin devant l'assemblée générale d'Atout France, de la création d'un "comité d'urgence du tourisme" et l'organisation, à l'automne, d'une deuxième "conférence nationale du tourisme". Il y a fort à parier que le rythme de la mobilisation s'accélère, mais rien ne dit cependant qu'une campagne de promotion à quelques millions d'euros suffira à redresser durablement la situation.