Sécurité civile - Secours : le grand écart des délais d'intervention

L'enquête annuelle sur la sécurité civile, publiée fin 2016, révèle une forte progression du nombre d'interventions des sapeurs-pompiers en 2015, avec près de 4,5 millions d'interventions, soit 3,7% de plus que l'année précédente. Ce qui représente 12.201 sorties par jour, ou une toutes les sept secondes.
La direction générale de la Sécurité civile dénombre ainsi près d'un million de sorties supplémentaires en dix ans (3,67 millions d'interventions en 2005), dans un contexte financier difficile pour nombre de services départementaux d'incendie et de secours (Sdis) et d'érosion des sapeurs-pompiers volontaires qui réalisent à eux seuls plus de 60% de ces interventions. Le secours à victime (+5% en 2015) représente environ les trois quarts des interventions. Mais ce sont les incendies qui ont le plus augmenté en 2015 (+11%).
Alors que de nombreuses voix s'inquiètent de la fermeture des casernes, l'enquête fournit de précieuses informations sur la rapidité d'intervention. Entre l'appel et l'arrivée des secours, il se passe en moyenne 13'13'' (environ 2 minutes pour le traitement de l'alerte et 11 minutes pour l'arrivée des premiers véhicules sur place).
S'agissant du traitement des appels, dans 90% des cas, il prend moins de 3 minutes. Ensuite, 90% des secours arrivent sur zone en moins de 15'21''. Le délai est de 14 minutes pour les secours à victime et les accidents de la route et de 19 '28'' pour les incendies.

Un délai qui varie de 8 à 25 minutes

On notera qu'en trois ans, la rapidité moyenne d'intervention a perdu une minute. Mais ces moyennes masquent surtout de profondes inégalités d'un département à l'autre, comme l'a relevé Que choisir citant un officier de sapeurs-pompiers à le retraite, selon lequel "certains de ces délais moyens sont deux à trois fois supérieurs à ceux mesurés dans la plupart des pays comparables aux nôtres".
Les écarts varient du simple au triple, que ce soit pour les traitements des appels ou pour le déplacement des équipes sur place. Si l'on s'en tient à ce dernier critère, Marseille et Paris qui font exception puisque les pompiers y sont militaires (la brigade des marins pompiers de Marseille et la brigade des sapeurs-pompiers de Paris) obtiennent les meilleurs résultats, avec un délai moyen de 8'1'' et 8'3''. Ils se font talonner par le Val-d'Oise (8'11''), le Haut-Rhin (8'36'') ou l'Oise (8'42''). A l'opposé, on trouve un département comme l'Eure-et-Loir où le délai d'intervention pour le secours à victimes et les accidents de la circulation est de plus de 25 minutes (hors appel).

121 fermetures de centres en 2015

Ces chiffres renvoient à la question du maillage territorial des centres de secours dont le nombre a fortement diminué ces dernières années, ainsi qu'aux effectifs disponibles. Le pays compte à présent 6.894 centres de secours, indique l'enquête. Ce qui correspond à 121 nouvelles fermetures (on en comptait 7.015 centres en 2014 et 8.700 au début des années 2000). La moitié des centres fermés l'ont été dans trois départements : la Marne, le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, d'après la direction générale de la Sécurité civile. Mais malheureusement, l'enquête ne fournit pas le détail du nombre de centres par département.
L'enquête montre par ailleurs que le nombre de volontaires a légèrement diminué en 2015, avec 193.656 (-0,05%), malgré l'engagement pris par François Hollande en 2013 de repasser la barre des 200.000 en 2017.
On notera enfin que 1.929 agressions de sapeurs-pompiers ont été déclarées en 2015. 1.733 d'entre elles ont fait l'objet d'un dépôt de plainte. Ces agressions ont entraîné 1.185 jours d'arrêt de travail et l'endommagement de 222 véhicules.