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Tourisme - Taxe de séjour : Airbnb veut passer des accords avec 700 villes dans le monde

La plateforme de location d'hébergements de particuliers Airbnb a annoncé dans le Financial Times, lundi 21 novembre, vouloir passer des accords sur la récolte de la taxe de séjour avec 700 villes dans le monde, soit 500 de plus qu'aujourd'hui. Les villes visées représentent 90% de l'activité de la plateforme.
La France, deuxième marché de la société californienne, après les Etats-Unis, est concernée au premier chef par ces annonces. Dans le sillage de Paris et Chamonix en 2015, une vingtaine de villes françaises ont déjà passé ce type d'accord : Nice, Marseille, Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Montpellier, Lille, Toulouse, Cannes, La Rochelle, Avignon, Nantes, Biarritz, Saint-Malo, Antibes, Annecy, Ajaccio (voir ci-contre notre article du 17 juin 2016)... En France, un décret du 31 juillet 2015 a en effet permis aux plateformes de location d'hébergements du type d'Airbnb de collecter la taxe de séjour pour le compte des particuliers. Jusque-là, les touristes acquittaient leur taxe de séjour auprès de leur hôte qui devait la reverser à la municipalité. Dans le cadre de ces accords, c'est la plateforme qui, désormais, collectera la taxe et en reversera le montant. Paris a ainsi reçu de la part d'Airbnb quelque 1,169 millions d'euros de taxe pour le dernier trimestre 2015. La taxe de séjour permet aux collectivités de financer des travaux d'aménagement touristique ou de protection des espaces naturels.

Une nouvelle offre de voyages baptisée "Trips"

La plateforme avait déjà annoncé au mois de juin son intention d'étendre la collecte à l'ensemble du territoire mais restait, pour ce faire, dans l'attente du fichier de la DGFIP (Direction générale des finances) qui dressera la liste des tarifs de taxe de séjour fixés par les municipalités et les périodes de perception. La première édition de ce fichier, vivement réclamé par l'Association des maires de France (AMF), est attendue pour la fin de l'année. L'élargissement de la collecte au reste du territoire pourra ainsi démarrer début 2017.
Au-delà de l'aspect purement technique de la collecte, il y a aussi un enjeu politique. Le patron d'Airbnb Brian Chesky explique dans les colonnes du quotidien financier qu'il souhaite, à travers ces accords, limiter les risques d'éventuels changements de politique fiscale.
L'arrivée de plateformes telles qu'Airbnb bouscule le marché de l'économie touristique et n'est pas sans susciter des inquiétudes, notamment dans l'hôtellerie qui accuse la société de concurrence déloyale. Mais pas seulement : Airbnb vient en effet d'annoncer, le 17 novembre, le lancement d'une nouvelle offre complète de services liés au voyage baptisée "Trips". Des particuliers pourront, contre rémunération, partager leur passion et se transformer ainsi en guide de voyage d'un nouveau genre. A la différence des hébergeurs, ces derniers devront avoir été sélectionnés par la plateforme qui veut aussi se lancer dans la réservation de restaurants, les tours audio, et prochainement, la vente de billets d'avion... Ce sont désormais les agences de voyages qui ont du souci à se faire.
Dans un premier temps, Trips sera lancé dans douze grandes villes, dont Paris.

Optimisation fiscale

Derrière les accents charmeurs de Brian Chesky ("Nous voulons rendre le voyage magique", clame-t-il dans son communiqué du 17 novembre), Airbnb, c'est aussi un système complexe d'optimisation fiscale dénoncé encore récemment par une sénatrice (voir ci-contre notre article du 21 novembre 2016).
Les pouvoirs publics tentent tant bien que mal de s'adapter à l'irruption de ces nouveaux acteurs de l'économie collaborative : une disposition (article 10) du projet de loi de financement de la sécurité sociale, obligera les hébergeurs au-delà d'un certain niveau de recettes (pour le moment arrêté à 15.691 euros) à payer des cotisations sociales. Par ailleurs, l'Assemblée a voté jeudi dernier une version remaniée de la "Google tax" à la française proposée par le député socialiste Yann Galut, dans le cadre de la seconde partie du projet de loi de finances pour 2017. Il s'agit de contrer les pratiques d'optimisation fiscale via des détournements de bénéfices comme ceux pratiqués par Airbnb dont les contrats sont passés en Irlande. Le gouvernement s'est montré réticent à l'égard de cette mesure, le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert ayant déclarer vouloir la "retravailler ultérieurement".