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Export - Vers la création d'une grande agence "France international"

Alain Bentejac et Jacques Desponts ont présenté leur rapport sur l'évaluation des dispositifs de soutien à l'internationalisation à Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, le 26 juin 2013. Ils proposent de créer une grande agence "France international" et des maisons de l'international en région.

Créer une grande agence "France international" dédiée à la politique de soutien à l'internationalisation des entreprises, et fusionner Ubifrance et l'Agence française des investissements internationaux (Afii). Ce sont les idées phares du rapport sur l'évaluation des dispositifs de soutien à l'internationalisation de l'économie française, rendu à Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, le 26 juin 2013, et réalisé dans le cadre du programme de modernisation de l'action publique.
Quatre mois d'investigations ont permis aux auteurs du rapport, Alain Bentejac, co-président d'Artelia, cabinet d'ingénierie, et Jacques Desponts, un ancien dirigeant de BNP Paribas, de réaliser un diagnostic critique. "Le dispositif actuel apparaît complexe et dispersé, source d'inefficacité et de doublons", souligne ainsi le document. "Il y a énormément d'acteurs dans ce domaine, la France détient le record en la matière, a détaillé Alain Bentejac à l'occasion de la présentation du rapport, il faut raisonner avec la logique d'entreprise et progressivement regrouper les principaux acteurs."
L'idée de constituer ainsi, au fur et à mesure, une grande agence, "une bannière fédératrice où l'équipe de France se retrouve", comme l'a précisé l'auteur, est ainsi avancée. Le regroupement au sein de cette structure d'Ubifrance et de l'Afii est envisagé, mais pas seulement. Les auteurs du rapport estiment qu'il faudra aussi progressivement rapprocher Ubifrance puis France international et CCI international.
Autres propositions du rapport : simplifier les services rendus aux entreprises en créant des maisons de l'international en région, pour favoriser l'hébergement des acteurs régionaux, et des maisons de France à l'étranger, pour optimiser les implantations à l'étranger.
Dans son discours en direction des entrepreneurs le 29 avril 2013, François Hollande avait déjà mentionné la création de ces maisons de l'international, pour faciliter l'implantation des entreprises françaises à l'étranger, notamment aux Etats-Unis et en Asie. 
La création de maisons de l'international locales est en cours depuis plusieurs mois dans certaines régions comme en Nord-Pas-de-Calais où un Espace international a été créé, réunissant tous les acteurs de l'export. Ces rapprochements pourront donner lieu à des économies d'échelle. Actuellement, le coût du dispositif est estimé à plus de 600 millions d'euros, dont 500 millions pour l'Etat… 
Le rapport préconise par ailleurs de mettre en place une "gouvernance claire et forte", avec la création d'un comité de pilotage national réunissant les acteurs nationaux publics et privés, et des comités de pilotage régionaux, sous la présidence des conseils régionaux, chargés de la mise en œuvre des plans régionaux de l'internationalisation des entreprises (PRIE), en cours d'élaboration.

D'une "chasse postée" à une "chasse en meute"

Ces mesures semblent satisfaire le réseau des chambres de commerce et d'industrie (CCI). André Marcon estime ainsi que "l'on est en train d'écrire ce qui était sous-jacent". D'après le président de CCI France, "jusqu'à maintenant, on menait une chasse aux marchés étrangers mais de type posté, avec chacun à son poste, là on chasse en meute. Pour cela, il faut une organisation et un chef de meute, c'est l'idée principale du rapport." Le fait que l'on confie aux régions, en collaboration avec leur structure, la stratégie à l'export lui convient tout à fait. Même s'il considère que ce ne sera sûrement pas simple, André Marcon estime que les conclusions du rapport devraient permettre de simplifier le parcours des entreprises. Et les CCI sont prêtes à coopérer. "Notre crédo c'est le travail partenarial. Nous serons partenaires des maisons de France, et même parfois nous serons les partenaires leaders, là où les CCI sont bien implantées, et nous serons suiveurs ailleurs, précise à Localtis André Marcon, nous inciterons à jouer le jeu car l'argent public est trop cher et les entreprises ne comprendraient pas, mais nous serons exigeants !"
Par ailleurs, pour éviter de brouiller les pistes, le rapport propose aux régions de "geler la création de nouvelles agences et de nouvelles implantations internationales d'agences existantes dans l'attente de l'élaboration d'un schéma concerté". La création d'un site web unifié, d'un réseau social des exportateurs et la mise en place d'un numéro de l'international sont aussi proposées.
Nicole Bricq doit présenter les conclusions au Premier ministre. "La machine gouvernementale travaillera sur la base de ce rapport", a-t-elle souligné. Un plan d'actions devrait être ensuite élaboré. "La nécessité d'agir est là et il faut agir vite car nous avons perdu beaucoup de temps", a insisté la ministre du Commerce extérieur.