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Pesticides - Zéro phyto en ville : la ministre de l'Ecologie veut accélérer le mouvement

Le plan Ecophyto 2018 ne suffisait-il pas ? Le 22 mai, lors d'une conférence aux allures de point d'étape avec des collectivités et associations engagées en faveur du zéro phyto, la ministre de l'Ecologie a donné le coup d'envoi à une généralisation de cet objectif dans toutes les collectivités locales. En s'appuyant sur un label national en cours de création mais aux contours encore flous.

Ségolène Royal a donné le 22 mai le coup d'envoi de la généralisation de l'opération "Terre saine, villes et villages sans pesticides", déjà menée par 400 communes en Poitou-Charentes. Premiers visés, les maires, que la ministre de l'Ecologie s’apprête à interpeller par courrier "pour qu’ils se soient tous lancés d’ici deux ans dans cette démarche de suppression". Et d’ajouter qu’"un début de mandat est le bon moment pour agir car cela prend indéniablement du temps". Actuellement, seules 3.000 communes françaises seraient déjà engagées dans une telle démarche. Donc 2015-2016 : c’est sur ce timing que planchent également les associations environnementales, quelque peu prises de court par l’annonce de la ministre, qui intervient très en amont du processus de concertation engagé début mai en vue de créer un label national zéro phyto, à ce jour inexistant. Passé le temps des annonces, une deuxième réunion à laquelle des représentants d’élus sont conviés est calée en juin pour travailler sur ce label. Jean-Marc Michel, directeur général de l’aménagement, du logement et de la nature, d’autant mieux placé pour savoir que le chemin sera long qu’il a un temps contribué à l’émergence d’un autre label, celui sur les écoquartiers, précise qu’aucune date ni année de naissance n’est fixée pour ce nouveau label.
Nadine Lauverjat, représentante de Générations Futures, une association qui a publié le mois dernier une carte des villes et villages sans pesticides, pointe les enjeux que soulèvera forcément sa création : "Sur quel périmètre communal s’appliquera-t-il ? Quel cahier des charges et grille de critères précis ? Et quel contrôle, quels moyens adéquats ? Si on ne donne pas les moyens aux collectivités d'anticiper le passage au zéro pesticides sur leur territoire, il est illusoire de penser qu’elles pourront d’un jour à l’autre le faire". Dès cette réunion de juin, de nombreuses questions seront donc à poser. Chez Hortis, un réseau de techniciens et ingénieurs espaces verts calé sur le sujet, et qui prendra aussi part aux travaux, Thibaut Beauté, président de cette association, directeur général adjoint de la communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise et maire d’une commune de l’Eure, rappelle que c’est justement dans ces petites communes que l’objectif de suppression nécessite un important effort de formation.
D’autres élus locaux saluent la volonté de la ministre d’accélérer les choses sans attendre 2020, date d’application de la loi Labbé interdisant les pesticides dans les espaces verts publics, dont les décrets se sont attendre. Certains brandissent d'emblée l'argument financier. "Quand on n'utilise plus de pesticides, on fait en plus une économie", a assuré Patrice Raffarin, maire de Rivedoux (Charente-Maritime) où on ne répand "plus une goutte de pesticides". Quand on regarde "ce que coûtent les pesticides et leurs effets induits" d'une part, et le coût du désherbage mécanique et des salaires des agents effectuant cet entretien manuel, d'autre part, "sachez que le ratio est tout à fait favorable" au zéro pesticides, a-t-il souligné. Une économie confirmée par Pascal Gasquet, maire adjoint de Valmondois (Val-d'Oise), commune qui bannit les produits phytosanitaires depuis 2009 pour ses jardins publics, ses écoles, ses terrains de sports et son cimetière. 
Les élus de communes de Poitou-Charentes et d'Ile-de-France que la ministre avaient invités à témoigner le 22 mai conseillent d’axer les efforts sur l’information sur les risques liés à l’exposition  à ces produits et l'acceptation par les usagers de la végétation spontanée que peut induire le passage au zéro phyto. Notamment dans les cimetières, où très peu de collectivités sont parvenues à bannir les pesticides. Quelques exceptions : Niort, élue en partie pour cela Capitale 2013 de la biodiversité, Angers et Versailles, "qui y est parvenue en un an de travail", précise Cathy Biass-Morin, directrice du service espaces verts de cette ville pionnière en la matière. En tout cas, les outils, formations ("Nous avons déjà formé près de 20.000 agents", motive Sébastien Léonard au réseau Fredon, Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) et programmes d'explorations des alternatives au désherbage chimique (aux conclusions toujours très relatives) existent. "Et logo et méthodes utilisées pour la charte Terre Saine en Poitou-Charentes, une initiative régionale parmi d'autres qui fonctionnent bien, peuvent être mis à disposition des collectivités où tout reste à faire", a conclu la ministre qui a aussi précisé que les agences de l'eau allaient être invitées à accroître leurs aides financières aux associations et aux collectivités oeuvrant pour la réduction des pesticides. 

 

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