Outre-mer : anticiper les crises climatiques et reconstruire autrement
Alors que les littoraux français concentrent déjà de multiples défis pour les collectivités, ceux des territoires ultramarins sont d’autant plus exposés. Leur situation géographique insulaire, leur forte urbanisation côtière, leur dépendance à des ressources naturelles sensibles et leur richesse environnementale en font des territoires à la fois précieux et vulnérables.

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Contexte : des littoraux ultramarins en première ligne face au changement climatique

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Les conséquences du changement climatique telles que l’élévation du niveau de la mer, l’intensification des cyclones et des inondations, l’érosion du littoral ou encore les sécheresses, sont plus rapides, plus violentes et plus fréquentes dans les Outre-Mer qu’en métropole. Pourtant, ces territoires ultramarins sont parmi les territoires les moins émetteurs de CO₂.
Ces évènements climatiques engendrent d’ores-et-déjà des dégâts, des coûts majeurs et sont en augmentation avec l’intensification de la fréquence des événements extrêmes, menaçant l’habitabilité et l’assurabilité de certaines parties de ces territoires.
L’urgence est donc d’adapter ces territoires dans toutes leurs dimensions, notamment en développant des aménagements et des infrastructures résilients, en préservant les ressources naturelles et surtout, en protégeant les populations. Cette approche suppose une action globale mêlant identification des risques, anticipation et sensibilisation des citoyens.
Chiffres clés :
2,7 millions de Français vivent en Outre-mer, soit 4 % de la population ;
80 % de la biodiversité française se concentrent dans ces territoires, qui ne représentent que 22 % de la superficie nationale (à l’exception de la Guyane) ;
La France dispose de la deuxième plus grande façade maritime au monde
Pour répondre à ces enjeux, nous avons déployé un plan d’action spécifique à horizon 2027. Cette offre vise à accompagner les collectivités ultramarines à chaque étape de leur adaptation territoriale, de la définition de stratégies locales (à l’image de l’accompagnement déployé auprès de la Région de la Réunion) à la mobilisation de financements adaptés, en passant par la maîtrise du foncier, la préservation des écosystèmes et la reconstruction post-catastrophe.
Que ce soit en termes d’ingénierie ou de financement, notre objectif est de passer rapidement à l’action, avec des solutions concrètes et durables en intégrant la prise en compte des effets du changement climatique dans l’ensemble des politiques publiques et des projets. C’est tout l’enjeu des projets que nous accompagnons à Miquelon ou en Guyane pour adapter les territoires face aux risques futurs et à Saint-Martin ou à Mayotte dans la reconstruction post crise.
Avant la crise : adapter les territoires via l’aménagement urbain

© Bonhomme Phavy
Face aux différentes conséquences climatiques, le réaménagement urbain devient un levier de résilience. A la Banque des Territoires, nous soutenons l’émergence de nouveaux modèles. De la planification territoriale à la relocalisation préventive, ces initiatives innovantes visent à répondre à la fois aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques spécifiques de ces territoires.
Située à l’extrémité nord-ouest de l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, Miquelon est menacée de disparition d’ici la fin du siècle, un phénomène causé par la montée des eaux, le recul de la côte et les intempéries violentes de plus en plus fréquentes. Pour anticiper, une stratégie de redéploiement urbain a été définie pour relocaliser les habitants du village, premiers réfugiés climatiques. Ce nouveau village préserve alors le lien au lieu de vie, évitant un exode vers le continent et consolidant ainsi le tissu économique local.
Dans ce projet, il a fallu concilier urgence climatique et acceptabilité locale. Nous avons co-construit une solution qui tienne compte du terrain, des habitants et du long terme. Notre rôle, c’est d’accompagner la collectivité à passer de l’alerte à l’action, en sécurisant chaque étape, du diagnostic jusqu’à la mise en œuvre.
Ce partenariat exemplaire entre les collectivités locales, l’État et la Banque des Territoires montre que l’anticipation participe à une adaptation des territoires réussie. En agissant avant la crise, il est possible de prévenir non seulement une catastrophe environnementale, mais aussi une crise humaine et sociale. S’inscrivant dans le temps long, ce projet constitue une référence pour les autres territoires confrontés aux effets du changement climatique.
Autre exemple, en Guyane, les effets du changement climatique se matérialisent de manière croissance sur le territoire (records de chaleur, recul du trait de côte, inondations, …) suscitant ainsi une accélération des prises de conscience. Dans ce contexte, nous sommes engagés aux cotés de la collectivité territoriale de Guyane et de plusieurs partenaires pour bâtir des stratégies d'adaptation et passer à l'action.
Face à la crise : reconstruire en repensant l’urbanisme différemment

© Gilles Gumbs
En 2017, l’ouragan Irma, l’un des plus puissants du siècle, a frappé les Antilles et notamment l’Île de Saint-Martin. Il a ainsi balayé sur son passage des bâtiments essentiels à la vie locale.
Une situation d'urgence :
95 % des infrastructures endommagées, dont 30 % complètement détruites ;
90 % du parc automobile transformé en épaves ;
1,26 milliard d’euros de dégâts indemnisés.
Parmi les infrastructures, les réseaux de communication ont été particulièrement touchés, aggravant la fracture numérique de l’île. Pour les reconstruire, l’idée était de construire différemment. En recréant un système plus résistant, plus pérenne, l’enjeu est double : rebâtir plus durablement et corriger les vulnérabilités passées, se protégeant ainsi des catastrophes naturelles futures.
A la Banque des Territoires, nous avons imaginé et soutenu une solution innovante, en co-créant avec la collectivité territoriale de Saint-Martin et un partenaire industriel, la SAS Tintamarre, un véhicule d’investissement privé. En agissant en tiers de confiance, nous avons permis de combiner les intérêts publics et privés pour accélérer le retour à la normale et renforcer la couverture numérique du territoire.
Ce projet a permis l’enfouissement complet des réseaux fixes, une première dans la région Antilles-Guyane et la réhabilitation des infrastructures numériques en Très Haut Débit (THD).
Plus récemment, Mayotte (le 14 décembre 2024) et la Réunion (le 28 février 2025) ont été touchés par des cyclones dévastateurs. En accompagnement de l’Etat dans son effort de reconstruction à Mayotte (les dégâts causés par le cyclone Chido sont évalués à 3,5 milliards d’euros), la Banque des Territoires déploie une enveloppe de prêt bonifiée « Catastrophes naturelles » de 600 millions d’euros (taux 0 en capital et en intérêt pendant les 5 premières années d’un prêt sur 30 ans) afin de financer les travaux de reconstruction adaptés et résilients des bailleurs sociaux, des établissements publics (Electricité de Mayotte, hôpital, syndicat des Eaux…) et des collectivités locales (départements, intercommunalités, communes).
Conclusion
La résilience des Outre-mer face au changement climatique repose autant sur l’anticipation que sur la capacité à se réinventer après la crise. En accompagnant les collectivités à chaque étape, nous affirmons notre rôle d’acteur de long terme, mobilisé pour des territoires plus durables.