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Dépendance - Aider un proche âgé à domicile : une charge plus lourde qu'il y paraît

S'appuyant sur l'exploitation des résultats de l'enquête nationale "Handicap santé" de 2008, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude originale sur "la charge ressentie" par les personnes qui aident un proche âgé à domicile. Une situation qui n'a rien d'exceptionnel puisqu'en France, 3,4 millions de personnes aident un proche de 60 ans et plus, à son domicile, dans les tâches de la vie quotidienne.
La charge ressentie se définit "comme l'ensemble des conséquences physiques, psychologiques, émotionnelles, sociales et financières ressenties par les aidants". Elle revêt donc une dimension subjective. Tout l'intérêt de l'étude de la Drees est de montrer qu'il existe un écart important entre la perception globale de la charge - considérée le plus souvent comme inexistante ou légère par les aidants - et les réponses obtenues sur les items détaillés, qui confirment au contraire que le rôle d'aidant naturel est usant sur le plan physique comme psychologique.
Ainsi, seuls 8% des aidants déclarent avoir le sentiment que leur intervention auprès d'un parent âgé constitue une charge lourde. En revanche, 57% considèrent qu'il ne s'agit pas là d'une charge, 23% y voient une charge légère et 12% une charge moyenne. Mais lorsqu'on interroge les aidants - souvent eux-mêmes âgés - sur leur propre santé, la tonalité des réponses change. Ainsi, 48% d'entre eux indiquent être atteints d'une maladie chronique, 29% disent souffrir de problèmes de dos, 29% se sentent anxieux, stressés ou surmenés (proportion qui monte à 77% parmi ceux qui disent ressentir une charge lourde), 27% ressentent une fatigue physique, 25% une fatigue morale (89% chez les "charge lourde")...
L'étude de la Drees permet également de mieux cerner les caractéristiques des aidants et des aidés et la nature de l'aide apportée. Ainsi, 53% des aidants sont des femmes, 49% sont l'un des enfants de la personne aidée et 31% le conjoint (d'où le fait que 42% des aidants cohabitent avec la personne aidée). Dans 39% des cas, l'aidant travaille, dans 86% des cas il vit en couple (dont les couples comprenant la personne aidée). Par ailleurs, 84% des aidants ont eux-mêmes des enfants et 83% des frères et sœurs. Dans 74% des cas, ils peuvent donc se faire remplacer. Enfin, près d'un aidant sur deux (49%) a plus de 60 ans, ce qui n'est pas sans lien avec la fatigue ressentie.
Les personnes aidées ont en majorité plus de 75 ans (67%) et 56% d'entre elles comptent au moins deux aidants dans leur entourage. Seuls 13% des aidés sont atteints de la maladie d'Alzheimer (31% pour les "charge lourde") et 29% sont reconnus dépendants, autrement dit classés dans les GIR 1 à 4 (54% pour les "charge lourde"). Dans 77% des situations, la personne aidée bénéficie également de l'intervention de professionnels.
L'aide apportée est de nature financière dans 65% des cas. Dans 48% des situations, l'aidant assure au moins quatre activités d'aide à la vie quotidienne. Par ailleurs, l'aidant est, dans 39% des cas, la personne de référence du corps médical.
Enfin, l'étude mesure l'impact de l'aide apportée sur la vie sociale et professionnelle des aidants : 24% de ces derniers prennent sur leurs congés pour aider (lorsqu'ils travaillent), 11% ont demandé des aménagements professionnels et 4% ont dû renoncer à des évolutions dans leur métier. En termes de renoncement aux loisirs, les principaux sacrifices concernent les départs pour quelques jours (25% de citations), les sorties en journée (22%) et les sorties le soir (11%).

 

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