Autoroute Castres-Toulouse : le chantier peut reprendre à partir de la mi-juin
La justice administrative a tranché ce 28 mai en appel : le chantier de l'autoroute Castres-Toulouse, fortement contesté depuis deux ans par les écologistes, va pouvoir reprendre à partir de la mi-juin, après trois mois d'arrêt. Mais le jugement sur le fond ne sera rendu que dans plusieurs mois.

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La cour administrative d'appel de Toulouse a prononcé ce 28 mai "un sursis à l'exécution des jugements rendus le 27 février annulant les autorisations environnementales délivrées par l'État" du projet de liaison autoroutière entre Castres et Toulouse (A69 et A680) - lire notre article, ouvrant ainsi la voie à la reprise du chantier. Cette décision "constitue un véritable soulagement", a réagi le ministre chargé des transports, Philippe Tabarot. "Le juge a reconnu comme sérieux l'argument en faveur de l'existence d'une raison impérative d'intérêt public majeur du projet."
"Les travaux reprendront à partir de mi-juin de manière progressive", a-t-il ajouté, tout en appelant à rester "vigilants", "sur la prise en compte des enjeux de protection de l'environnement". La cour se prononçait sur un recours en urgence déposé par l'État, visant à redémarrer ce chantier de 53 kilomètres. Elle doit encore trancher sur le fond dans plusieurs mois.
Proposition de loi examinée le 2 juin à l'Assemblée
Cette décision intervient avant l'examen en séance, lundi 2 juin, à l'Assemblée nationale, d'une proposition de loi dite de "validation" adoptée au Sénat à une large majorité le 15 mai (lire notre article).
"Cette reprise était très attendue par nos concitoyens, assure le député du Tarn Philippe Bonnecarrère. L'Assemblée nationale pourra ainsi débattre sereinement lundi de l'étape suivante : la proposition de loi de validation. Aucune obstruction ne peut maintenant se justifier." Ce texte, contesté par les opposants qui le jugent contraire à la constitution, prévoit d'autoriser la poursuite du chantier, sans attendre que la cour d'appel administrative se prononce sur le fond.
Saluant la décision, le maire DVD de Castres, Pascal Bugis, a regretté "un gâchis sur un plan financier", l'arrêt des travaux ayant "augmenté le coût du chantier" et réitéré que l'A69 est "importante pour le développement du territoire". À l'avenir, "il faudra que les recours soient purgés quand on démarre (un chantier), afin qu'il n'y ait plus d'aléas par la suite. Il faudra tirer des leçons", a ajouté le maire de Castres.
Les opposants ne désarment pas
Julie Rover, une des avocates des opposants à l'A69, s'est dit "stupéfaite" par la décision de la cour administrative. "Le risque aujourd'hui c'est de reprendre le chantier et que dans huit ou dix mois, il y ait une annulation qui soit confirmée", avertit-elle. La Voie est libre a dénoncé une décision "vide d'arguments". Les juges "ne pouvaient pas faire pire pour faire naître une suspicion de décision hautement politique", regrette le collectif écologiste dans un communiqué. Depuis le début des travaux en mars 2023, ces militants ont occupé des arbres pour éviter leur abattage, tenté d'installer des ZAD (zones à défendre) sur le tracé ou organisé des rassemblements de milliers de personnes, parfois émaillés d'incidents violents avec les forces de l'ordre. Mercredi, les militants anti-A69 ont exprimé leur "sidération", dénoncé une "mainmise du pouvoir sur la justice" et lancé aussitôt des appels à la mobilisation. "L'A69 ne passera pas ! Premières ripostes à la reprise des travaux" ou "Nous n'allons pas les laisser faire", annoncent-ils sur les réseaux sociaux. Une grande mobilisation est déjà convoquée les 4, 5 et 6 juillet aux abords du chantier. Thomas Brail, figure de la contestation, perché à plusieurs reprises dans des arbres pour éviter leur abattage, s'est dit "atterré" et a annoncé qu'il entamerait une grève de la soif, dès la reprise des travaux.
Ces derniers mois, les partisans de l'A69 se sont aussi fait entendre, notamment en manifestant en masse le 8 mars à Castres avec comme slogan : "A69, on finit!" Ils voient dans l'autoroute une solution de désenclavement du bassin de population de Castres-Mazamet, qui compte environ 100.000 habitants. Or, pour les opposants, ce bassin n'est pas enclavé et, même s'il l'était, une autoroute ne serait certainement pas une garantie de désenclavement, fustigent-ils.
L'A69 devait initialement être mise en service fin 2025, selon la société Atosca, en charge des travaux, une échéance qui ne pourra pas être respectée. Pour finaliser le chantier, Atosca doit maintenant rapatrier dans le Tarn un millier de salariés et de nombreux engins de chantier.