Benjamin Dirx missionné pour réduire la dépense sportive

Le Premier ministre a chargé le député Benjamin Dirx d'une mission visant à optimiser les moyens alloués à la politique du sport. Selon la lettre de mission, il est question de réduire la dépense publique en se tournant vers les financements privés.

On ne sait pas encore à quel sauce le budget du sport va être mangé en 2026, mais il paraît de plus en plus évident qu'il va l'être. Un décret du 21 mai signé par François Bayrou charge le député de la Saône-et-Loire Benjamin Dirx d'une "mission temporaire ayant pour objet l'évaluation et l'optimisation des moyens alloués à la politique publique du sport".

Derrière cet énoncé passe-partout se cache la volonté bien réelle de réaliser de substantielles économies sur le prochain budget du ministère des Sports. Car si le Premier ministre rappelle dans la lettre de mission adressée au député que les enjeux entourant le sport sont multiples – à commencer par la construction d'équipements "afin de combler les disparités territoriales et rapprocher certains publics de la pratique" –, il n'en appelle pas moins Benjamin Dirx à inscrire ses propositions "dans le cadre général de l'objectif primordial de redressement de nos finances publiques et de réduction de la dépense publique". 

Un financement par le sport professionnel ?

La route semble donc toute tracée vers une réduction du budget des Sports. Et s'il appartiendra au député Dirx de déterminer les moyens de parvenir à ce but, le Premier ministre avance déjà quelques pistes. Il vise notamment "l'indispensable articulation des financements privés du sport professionnel au profit de la pratique amateur". Une suggestion qui arrive quelques semaines seulement après la parution des comptes du football professionnel – principal pourvoyeur de moyens en faveur du monde amateur – qui accuse des pertes cumulées de 270 millions d'euros pour la saison 2023-2024, après les 282 millions de pertes de la saison précédente.

Des réformes de structures sont également attendues, notamment sur "l'articulation des moyens budgétaires et humains déployés par l'État et la cohérence de leur organisation actuelle, mis en regard de ceux portés par d'autres acteurs, au premier rang desquels les collectivités territoriales et les fédérations sportives". Difficile de ne pas voir ici une menace sur l'existence de l'Agence nationale du sport (ANS), laquelle reste dans le collimateur de l'État dans la perspective, affichée par le gouvernement, de suppression de certaines agences et opérateurs (lire notre article du 20 mai).

Les financements de l'Agence nationale du sport en question

Les menaces sur le budget des Sports ne sont pas nouvelles. Elles pèsent déjà sur l'avenir immédiat du financement des plans de l'ANS en faveur des équipements sportifs. "Si la dernière loi de finances a bien relevé de 74 millions d'euros les taxes affectées à l'ANS, cette hausse reste très en deçà des besoins réels, estimés à 273 millions d'euros, sans même intégrer la tranche prévue pour 2026", a récemment alerté Benjamin Dirx lui-même, en tant que rapporteur de la commission d'évaluation des politiques publiques relatives à l'exécution budgétaire de la mission Sport.

Et ces menaces se font chaque jour plus précises. Le 22 mai, en ouverture de la première journée nationale consacrée aux équipements sportifs, la ministre des Sports Marie Barsacq a reconnu les "fortes contraintes budgétaires" pesant sur son ministère et invité les collectivités à une "réflexion [...] sur des modèles économiques plus innovants  [...] avec des leviers au-delà des subventions publiques". Comme le Premier ministre, elle a incité à regarder du côté "des partenariats avec le secteur privé" (voir notre article).

Le rapport de Benjamin Dirx est attendu pour le 31 juillet prochain.

› Le CNOSF dénonce une "coupe drastique" de la subvention de l'État 

Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a dénoncé jeudi 22 mai une "coupe drastique de 75% de la subvention 2025 du ministère des Sports".

Selon son communiqué, le ministère a informé ces derniers jours le CNOSF qu'il envisageait un rabot de 75% de sa subvention annuelle de 9,4 millions d'euros correspondant à ses missions de service public, à l'accompagnement des fédérations et à la gestion des délégations sportives lors de compétitions internationales. Pour le CNOSF, cette annonce faite "de façon unilatérale, sans concertation préalable ni transparence" va conduire à "amputer" de près de 30% son budget annuel en plein milieu d'exercice. 

Devant cette décision qu'il juge "brutale, incompréhensible et inacceptable", le CNOSF en appelle à "un retour à la raison" et demande au gouvernement "de respecter son engagement contractuel afin qu'il puisse poursuivre ses missions au service des fédérations, des athlètes et du sport français, dans la continuité de la réussite des Jeux de Paris 2024, de leur héritage et dans la perspective des Jeux d'été de Los Angeles 2028 et de l'accueil des Jeux d'hiver dans les Alpes françaises en 2030".

 

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