Cinéma : les régions pour un rééquilibrage des aides à la production du CNC

Les régions s'impliquent de plus en plus dans l'aide à la production cinématographique mais estiment que l'effort du Centre national du cinéma à leur côté n'est plus à la hauteur. Elles militent pour une indexation automatique des dotations CNC sur leurs propres engagements.

Alors que le Festival de Cannes 2025 vient de baisser le rideau, les régions françaises ont tiré leur bilan de cette 78e édition. La palme revient à l'Île-de-France(Lien sortant, nouvelle fenêtre), qui a soutenu seize films présentés sur la Croisette, quand la Nouvelle-Aquitaine(Lien sortant, nouvelle fenêtre) en accompagnait onze, Provence-Alpes-Côte d'Azur(Lien sortant, nouvelle fenêtre) huit, le Grand Est(Lien sortant, nouvelle fenêtre) sept et Auvergne-Rhône-Alpes(Lien sortant, nouvelle fenêtre) cinq. Cette liste pourrait bien évidemment se prolonger. Pourtant, ce sont les difficultés qu'elles rencontrent actuellement dans le financement du cinéma que les régions françaises ont choisi de mettre sous les projecteurs. 

Dans un communiqué du 19 mai, Régions de France attire l'attention sur "les fondations" d'un modèle de financement qui "se fragilisent". Une prise de position qui arrive à un moment charnière : l'approche du renouvellement des conventions triennales CNC-collectivités pour la période 2026-2028. "Alors que les régions poursuivent leur engagement, l'effort de l'État ne suit plus : le ratio initialement prévu d'un euro du CNC pour deux euros des collectivités dans les conventions triennales pour la production cinématographique est tombé à près d'un pour trois", dénonce l'association d'élus. Plus précisément, quand les collectivités ont dépensé en 2024 près de 30 millions d'euros d'aides à la production, le CNC a ajouté en regard 11,3 millions d'euros, soit un ratio de 0,39 euro, loin du 0,50 escompté. Régions de France chiffre en conséquence le "manque à gagner" dans le cofinancement des productions soutenues par les collectivités à 3,3 millions d'euros.

Disparités régionales

Derrière cette situation se cachent en outre d'importantes disparités. Si le ratio est conforme aux attentes en Auvergne-Rhône-Alpes (0,50), en Nouvelle-Aquitaine (0,48) ou en Corse (0,48), il n'est que de 0,19 à La Réunion, 0,25 en Normandie et 0,35 en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pour Régions de France, "ce déséquilibre affaiblit la chaîne de production, met sous tension les équilibres territoriaux et remet en cause la capacité collective à accompagner les transitions du secteur".

Pour "préserver la vitalité, l'équilibre et le rayonnement du cinéma sur l'ensemble du territoire", Régions de France formule vingt-sept propositions. Si ces dernières balaient des thématiques aussi diverses que l'éducation à l'image, le soutien à la diffusion, l'emploi et la formation, les aides aux auteurs ou le cas particulier de Mayotte, les premières mesures visent "un partenariat plus juste et plus lisible" à travers les conventions CNC-collectivités et une territorialisation des investissements culturels de France 2030 et des crédits de l'État.

À propos de France 2030, Régions de France pointe un dispositif "fléché sur quelques grandes régions et concentré sur de très grands groupes privés", le tout avec "peu de porteurs publics" et de "faibles retombées pour les territoires périphériques". L'association demande donc la création d'un nouveau volet de France 2030 "spécifiquement dédié aux projets territoriaux culturels". Ce volet pourrait notamment inclure "des porteurs publics ou associatifs" et "une répartition plus équitable des crédits entre territoires".

Le rythme des collectivités trop élevé pour le CNC

Sur les conventions triennales, Régions de France entend "réaffirmer la portée engageante du 'un pour deux'" pour la mise en place d'"un mécanisme d'indexation automatique des dotations CNC sur les efforts réels des régions [...] couplé à une revalorisation de l'enveloppe globale des conventions triennales". Et pour compenser le "désengagement de certaines collectivités" ou surmonter le "plafonnement territorial des contributions CNC", dont les enveloppes sont "gelées depuis au moins trois ans", Régions de France demande le "redéploiement de la part CNC désengagée vers d'autres collectivités engagées ou regroupements interrégionaux".

Le débat autour du principe du "un euro pour deux euros" n'est pas nouveau. Dans un rapport(Lien sortant, nouvelle fenêtre) de 2014, la Cour des comptes remettait déjà en cause ce principe et invitait à "mettre fin à l'abondement automatique des aides des collectivités territoriales par le CNC au profit d'un conventionnement au cas par cas des dispositifs les plus innovants." La Cour des comptes soulignait alors que "le caractère rigide, inflationniste et automatique de cette règle la rend critiquable" dans un contexte où les aides de tout type accordées par les collectivités au cinéma avaient progressé de 7 millions d'euros à 47 millions entre 2002 et 2012. Or, selon le bilan 2023(Lien sortant, nouvelle fenêtre) du CNC, durant la décennie suivante, l'investissement des collectivités a connu une hausse de 89% pour atteindre un total de 156,3 millions au titre des conventions territoriales. Alors que le CNC limite son intervention financière en faveur de la production à 2 millions par an et par convention, il lui est donc devenu difficile de suivre le rythme imposé par les collectivités...

 

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