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Contournement autoroutier de Strasbourg : le préfet donne son feu vert aux travaux

Le préfet de la région Grand Est, Jean-Luc Marx, a annoncé ce 31 août avoir signé deux arrêtés autorisant la construction du grand contournement ouest de Strasbourg (GCO). L'avis de la "dernière structure consultative" retourné ensuite aux entreprises qui se sont exprimées "m'a permis de signer (jeudi soir) l'autorisation unique de réaliser le contournement", a déclaré Jean-Luc Marx lors d'une conférence de presse. Les arrêtés préfectoraux autorisent le concessionnaire Arcos, une filiale de Vinci, et la Sanef, en charge d'un échangeur, à engager des travaux en vue de la construction d'une rocade de 24 km, essentiellement payante, à l'ouest de la ville. Les travaux commenceront par des opérations de déboisement et de fouilles archéologiques.
En janvier dernier, Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique, et Élisabeth Borne, ministre chargée des transports, avaient assuré que l'État délivrerait l'autorisation permettant de réaliser le projet, avec de nouvelles prescriptions pour limiter "au maximum" son impact sur la biodiversité (lire notre article ci-dessous).

Effets sur la biodiversité

Évoqué dès les années 1970, régulièrement abandonné avant d'être relancé à la fin des années 1990, le GCO a pour but de délester l'autoroute A35 en absorbant le trafic du nord au sud de l'Alsace. Mais les détracteurs du projet soulignent qu'il entraînera la consommation de nombreuses terres agricoles et la mise en danger d'espèces protégées, dont le grand hamster d'Alsace. Lors de plusieurs délibérations en 2017, le Conseil national de protection de la nature (CNPN) avait émis un avis défavorable sur le dossier de compensation préparé par le maître d'ouvrage et demandé des précisions relatives à la protection de la biodiversité lors du chantier, mais aussi pour compenser les impacts de l’infrastructure sur des espèces protégées et les écosystèmes locaux. En octobre dernier, Nicolas Hulot avait finalement confirmé le projet tout en demandant au concessionnaire de le "retravailler" en raison de ses effets sur la biodiversité.
Interrogé lors de sa conférence de presse sur la "zone à défendre" occupée par "quelques dizaines" d'opposants, à Kolbsheim (Bas-Rhin), commune voisine du tracé, Jean-Luc Marx a prévenu : "Je prendrai les mesures de maintien de l'ordre public qui s'imposent" pour mettre un terme à une occupation jugée illégale. Le tribunal administratif de Strasbourg a autorisé en juin une évacuation de cette ZAD. "La présence des forces de l'ordre sera sans doute nécessaire et utile" mais "je le souhaite, en dehors de toute violence", a cependant enchaîné le préfet. "Rien ne justifierait la violence. Nous sommes dans un dossier d'aménagement avec des procédures qui ont été respectées", a-t-il insisté, s'attendant en revanche à des contestations en justice.
"Le combat continue et nous n'avons pas l'intention de baisser les armes", a annoncé dans un communiqué le collectif "ZAD du Moulin - Non au GCO" qui appelle également à "converger sur zone" pour s'opposer aux "croqueuses de Vinci". Plusieurs responsables écologistes, dont l'eurodéputé EELV Yannick Jadot, avaient appelé samedi Nicolas Hulot, encore ministre de la Transition écologique, à s'opposer à ce "grand projet inutile" et dangereux pour l'environnement, comme il s'était "battu contre Notre-Dame-des-Landes".

Avis favorable du Coderst

Alors qu’une centaine d'opposants manifestaient à proximité de la préfecture, le Conseil départemental de l'environnement et des risques technologiques (Coderst) du Bas-Rhin y avait donné le 28 août un avis favorable, à une large majorité. Alsace Nature, association qui participait au vote, a annoncé ce 30 août dans un communiqué une grève "jusqu'à nouvel ordre" de toutes les commissions administratives auxquelles elle prenait part, fustigeant "des décisions jouées d'avance" influencées par "les lobbies".
Les élus locaux, eux, ont accueilli favorablement ce vote. "Cet avis favorable est l’aboutissement d’âpres et longues discussions qui engagent désormais le concessionnaire à mettre en œuvre des compensations environnementales particulièrement exigeantes, a souligné Robert Herrmann, président de l’Eurométropole de Strasbourg, dans un communiqué diffusé ce 31 août. le De fait, ces mesures conservatoires seront sans précédent en France, à la fois en termes de pérennité, de surfaces dédiées à la protection des espèces et de contraintes juridiques. Elles garantissent un niveau de protection inédit contre les inondations et une préservation pleine et entière de la flore et de la faune sauvages – je pense notamment au hamster commun – pour lesquelles de très larges espaces seront sanctuarisés." "Par ailleurs, a-t-il ajouté, ces mesures n’ont pas été prises au détriment des terres agricoles qui seront, elles aussi, préservées." Jean Rottner, président de la région Grand Est, s'est quant à lui "réjoui", de cette autorisation. "C'est une victoire du bon sens et une prise en compte attendue des enjeux de mobilités de la métropole européenne strasbourgeoise", a-t-il affirmé dans un communiqué.