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Social - Des demandeurs d'asile en France, où çà ?

Alors que l'Europe négocie avec la Turquie sur la fermeture de la filière des Balkans, Eurostat publie les chiffres 2015 de la demande d'asile en Europe. L'an dernier, 1.265.600 primo-demandeurs d'asile ont introduit une demande de protection sociale dans les Etats membres de l'Union européenne. Ce chiffre représente plus du double (+123%) de celui enregistré en 2014 (652.680 primo-demandeurs d'asile).

Un paysage bouleversé

En termes de pays d'origine - et comme en 2014 -, la Syrie arrive largement en tête, avec 29% du total (362.775 personnes), suivie par l'Afghanistan (14%), l'Irak (10%) et deux pays européens : le Kosovo (5%) et l'Albanie (5%). La Syrie est ainsi le premier pays d'origine des arrivants dans 13 des 28 pays de l'Union européenne, auxquels s'ajoutent la Norvège et la Suisse. Ce n'est toutefois pas le cas de la France, où le premier pays d'origine en 2015 a été le Soudan (8%), devant la Syrie.
Autre caractéristique majeure de l'année 2015 : la forte concentration des pays d'accueil. L'an dernier, l'Allemagne a représenté, à elle seule, plus du tiers (35%) du total, avec 441.800 primo-demandeurs d'asile. Elle est suivie - dans un classement inhabituel par rapport au début des années 2010 - par la Hongrie (14% du total), la Suède (12%), l'Autriche (7%) et l'Italie (7%).
En termes de progression du nombre de demandeurs d'asile - et contrairement à une idée reçue -, ce n'est pas l'Allemagne (+155%) qui a connu l'an dernier la plus forte hausse, mais la Finlande (+822%), devant la Hongrie (+323%), l'Autriche (+233%), la Belgique (+178%) et l'Espagne (+167%).

La France à la traîne

La lecture des chiffres d'Eurostat montre clairement que, sans la focalisation sur la situation de Calais, la question des demandeurs d'asile ne serait sans doute même pas un sujet de débat en France. Il y a quelques années, la France se flattait en effet d'être le second pays au monde pour la demande d'asile, après les Etats-Unis, et mettait en avant son rôle historique dans la promotion et la protection des droits de l'Homme (voir notre article ci-contre du 9 avril 2010). La situation n'a plus rien à voir aujourd'hui.
Avec 70.570 primo-demandeurs d'asile en 2015, la France n'arrive plus qu'au sixième rang européen, derrière les pays cités plus haut. Avec une progression de 20% du nombre de demandes l'an dernier, elle se retrouve derrière tous les grands Etats européens avec le Royaume-Uni (+19%). Cette hausse de 20% est huit fois inférieure à celle de l'Allemagne, seize fois inférieure à celle de la Hongrie et 41 fois inférieure à celle de la Finlande...
Le contraste est tout aussi saisissant si on raisonne en termes de nombre de primo-demandeurs par million d'habitants. Les 1.063 primo-demandeurs enregistrés en France par million d'habitants en 2015 sont très loin des 17.699 comptabilisés en Hongrie, des 16.016 en Suède, des 9.970 en Autriche, des 5.898 en Norvège, des 5.876 en Finlande, des 5.441 en Allemagne... et même de la moyenne de 2.470 sur l'ensemble de l'Europe. Sur ce ratio, la France se situe au 16e rang sur 30 (UE + Norvège et Suisse). Des chiffres qui ne sont sans doute pas sans lien avec le fait que la France peine à faire entendre sa voix dans le débat européen sur la crise de l'asile...

Jean-Noël Escudié / PCA
 

 

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