Montségur-sur-Lauzon initie ses seniors à l'intelligence artificielle (26)

À Montségur-sur-Lauzon, bourg rural de la Drome, la municipalité a voulu prendre la vague de l'intelligence artificielle (IA) dès qu'elle est apparue. « Il s'agit de montrer à nos administrés les bénéfices des nouvelles technologies et de les aider à les utiliser sans risque », explique Gil Peyrol, premier adjoint au maire de Montségur-sur-Lauzon. 

En 2022, la mairie a recruté une Conseillère numérique France Services (CNFS) hébergée par la mairie. Après s'être documentée et avoir contacté le Conseil national du numérique (CNNum), elle a inauguré un « mois de l'IA » en octobre 2024. L'objectif de cet événement était d'informer les habitants sur le fonctionnement de l'IA et ses impacts, tout en permettant aux participants de manipuler des outils. « J'ai conçu des petits ateliers collectifs, limités à 6-7 personnes pour que chacun puisse poser ses questions », précise Lucie Loubier, la CNFS.

Les participants, âgés de 65 à 80 ans, ont pu découvrir et tester plusieurs outils comme ChatGPT, Midjourney pour la création d'images, ou encore Suno pour composer de la musique. Les IA intégrées aux moteurs de recherche comme Bing Copilot ou Google Gemini ont également été présentées.

Entre peur et curiosité

La conseillère numérique a observé des réactions contrastées chez les participants : « Beaucoup de peur, mais aussi beaucoup de questions sur la place de l'humain. On a travaillé sur la sémantique des mots, sur ce qu'il y a derrière cette technologie. » Pour rassurer, Lucie Loubier a notamment replacé l'IA dans le continuum historique des inventions humaines : « Depuis l'Antiquité, l'homme a toujours créé des intelligences artificielles, que ce soit des robots ou des automates. »

Les deepfakes – contenus audio ou vidéo générés par l'IA utilisant la voix et/ou l'image d'une personne pour lui faire prononcer/commettre des mots/actes qu'elle n'a pas prononcés/commis – ont particulièrement marqué les esprits. « C'est là où ils commencent à avoir peur parce qu'ils se disent 'mon Dieu, mais maintenant on n'est plus à l'abri de nouvelles arnaques' », souligne la conseillère. À l'issue des ateliers, les participants se sont montrés intéressés par les usages pratiques : recherches améliorées sur internet, création de contenus ludiques comme des musiques personnalisées.

Des ateliers IA proposés aux communes avoisinantes

Pour faciliter la participation de tous, la commune propose du matériel - ordinateurs portables, tablettes et téléphones - que la conseillère numérique peut prêter aux participants. Les sessions ont lieu généralement dans la maison intergénérationnelle mais Montségur-sur-Lauzon propose aussi aux communes avoisinantes de bénéficier des interventions de sa CNFS. La municipalité demande alors aux communes une participation de 50 euros pour la demi-journée, afin de contribuer au financement du poste de conseillère numérique qui lui coûte aujourd'hui, subvention déduite, 15 000 euros par an.