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La première École de l'inclusion par le sport est lancée

L’Agence pour l’éducation par le sport lance à Garges-lès-Gonesse la première École de l'inclusion par le sport. Cette structure qui vise à faire du sport un "diplôme" pour l'insertion professionnelle s'appuie sur une méthode déjà expérimentée avec succès.

"On passe d'une démonstration réussie à une amplification." Pour Jean-Philippe Acensi, président de l’Agence pour l’éducation par le sport (Apels), le lancement, ce jeudi 27 mai à Garges-lès-Gonesse, de la première École de l'inclusion par le sport va permettre de démultiplier un système qui a fait ses preuves.

Depuis maintenant six ans, l'association a accompagné 1.500 jeunes vers l'emploi avec plus de 70% de contrats à durée indéterminée à la clé. Sa méthode ? Faire du sport un "diplôme". Pour l'Apels, le sport est en effet "une grande école républicaine transmettant des valeurs fondamentales et permettant de développer des compétences-clés telles que la motivation, la ponctualité, la rigueur, la persévérance". Autant de compétences qui, transposées dans un cadre professionnel, s’avèrent être de véritables atouts tant pour des milliers de jeunes en demande d’opportunités professionnelles que pour les employeurs. En d'autres termes, faire du sport un tremplin vers l'emploi, c'est faire prendre conscience aux jeunes de leurs qualités et leur redonner confiance en capitalisant sur les valeurs du sport transférables dans leur vie quotidienne et professionnelle. C'est aussi faire évoluer les pratiques de recrutement des entreprises en privilégiant la diversité des profils et les qualités humaines plus que les diplômes. Voilà pour la théorie.

En pratique, depuis le club de quartier jusqu’à l’entreprise, l'École de l'inclusion par le sport va favoriser l’émergence des jeunes talents et leur recrutement en entreprise. Comment ? En mettant en œuvre des parcours d’accompagnement personnalisés ainsi que des outils innovants permettant à chaque talent de s’exprimer. Elle fonctionnera sur le modèle des grandes écoles en bâtissant un réseau autour du "sport comme diplôme" rassemblant collectivités, associations sportives, entreprises, services publics de l’emploi et sportifs.

Les collectivités au cœur du projet

Garges-lès-Gonesse n'a pas été choisie au hasard pour accueillir cette première école. Il s'agit d'un territoire où l'Apels est implantée depuis trois ans avec succès. Cette ancienneté est un atout pour lancer l'opération. "Il y a un très bon accueil de la collectivité car nous avons déjà un bon bilan chez elle, confie Jean-Philippe Acensi. Nous proposons cette école dans tous les secteurs un peu compliqués où nous sommes déjà implantés, Roubaix, Vaulx-en-Velin, Hérouville, Le Havre, Marseille."

Le lien avec les collectivités locales est au cœur du projet et de la réussite future des Écoles de l'inclusion par le sport. Actuellement en pleine négociation avec plusieurs communes, l'Apels propose un modèle qui permettra d'accueillir dans chaque structure 400 jeunes encadrés par trois coachs d'inclusion par le sport. Parmi eux, 150 seront accompagnés vers l'emploi. Le tout multiplié par dix ou douze écoles, l'objectif fixé à l'horizon 2022.

Avec quels moyens ? "Nous sommes sur un modèle économique d'inclusion, c'est-à-dire un budget compris entre 700.000 et 900.000 euros à l'année pour 150 jeunes, décrypte Jean-Philippe Acensi. C'est un coût qui n'a rien d'exceptionnel mais il faut trouver les moyens complémentaires quand on agit dans des villes pauvres. C'est notre sujet en ce moment." Pour trouver des ressources, l'Apels a imaginé un financement mixte dont la moitié proviendra de subventions publiques. "Nous ferons appel aux financements des communes mais aussi des conseils départementaux et régionaux, car cela relève de leurs compétences, explique Jean-Philippe Acensi. Nous avons signé une convention pour une école dans la nouvelle collectivité d'Alsace. Le public précaire, cela fait partie de son travail."

"Bombe à retardement"

Parmi les partenaires nationaux de l'opération figure l'Association des maires de France (AMF), une alliance incontournable pour le président de l'Apels : "L'AMF aura un rôle primordial pour nous faire connaître auprès des collectivités. Il est essentiel que la principale association d'élus en France nous soutienne et nous encourage à aller sur cette nouvelle forme d'insertion professionnelle."

Il y a un mois, sept fédérations sportives lançaient leur propre projet en faveur de l'emploi des jeunes des quartiers prioritaires de la politique de la ville (voir ci-dessous notre article du 29 avril). L'École de l'inclusion par le sport leur fera-t-elle de la concurrence ? Non, bien au contraire. "Sur l'opération lancée par des fédérations, il y a des complémentarités. Nous allons former pour elles 500 coachs d'inclusion par le sport avec le soutien de l'État. On est très collectif. On a aussi envie que les fédérations s'engagent. Si demain elles se mettent à développer des parcours d'inclusion, ce sont potentiellement des milliers de jeunes qui peuvent être accompagnés vers l'emploi. C'est un des grands sujets du pays aujourd'hui. Il y a quand même 1,5 million de jeunes sans diplôme en France. C'est une bombe à retardement. Et le sport est une des grandes solutions d'inclusion", conclut Jean-Philippe Acensi.