Le gouvernement dans les Vosges pour conforter le plan France ruralités
Le Premier ministre François Bayrou réunit ce vendredi dans les Vosges un comité interministériel aux ruralités, entouré de sept ministres. L'occasion de conforter le plan France ruralités qui arrive à mi-parcours, à un moment où le "ressentiment rural" s'exprime avec force et où les démissions de maires sont à leur plus haut niveau, en particulier dans les petites communes rurales.

© @Elysee/ Françoise Gatel
"Cette ruralité qui avait été un peu oubliée est tout à fait dans l’air du temps", a déclaré la ministre déléguée chargée de la ruralité Françoise Gatel, jeudi 19 juin, à la veille d’un comité interministériel aux ruralité (CIR) qui se tiendra dans le lycée agricole de Mirecourt dans les Vosges.
Ce CIR, qui intervient quelques jours après un comité interministériel des villes (voir notre article du 6 juin) sera présidé par le Premier ministre François Bayrou entouré de sept ministres : outre Françoise Gatel, Élisabeth Borne (Education), François Rebsamen (Aménagement du territoire), Annie Genevard (Agriculture), François-Noël Buffet (Intérieur), Charlotte Parmentier-Lecocq (Handicap), Véronique Louwagie (Commerce et Artisanat). L’occasion pour le gouvernement de dresser un état des lieux du plan France ruralités lancé en 2023 par Elisabeth Borne pour quatre ans et qui arrive donc à mi-parcours. Et de présenter les orientations pour les deux ans qui viennent. "Un bilan positif", a salué l’ancienne sénatrice, à l'issue du conseil des ministres où était présentée une communication sur ce plan. La ruralité, qui compte 22 millions d’habitants et 88% des communes a pendant longtemps "été un peu oubliée". Depuis 2019 (date de l’Agenda rural qui a précédé France ruralités), "un programme d’actions ambitieux et très concret" a été mis en œuvre au service de la ruralité, a-t-elle affirmé, après avoir visité 40 départements et rencontré quelque 5.000 élus dans un "tour de France" de la ruralité.
Dans un contexte budgétaire très contraint, le gouvernement n’entend pas faire d’annonces fracassantes, vendredi. Ce plan "France ruralités 2" visera surtout à "conforter" certaines mesures qui, au dire de la ministre, sont "extrêmement positives", en insistant tout particulièrement sur trois piliers : "la proximité" (comment rapprocher les services des habitants, comment éviter aux jeunes d’être assignés à résidence…), "la vitalité" (crèches, écoles, enseignement supérieur…) et "l’attractivité" (donner envie de s’installer durablement). "La ruralité apporte des contributions exceptionnelles en termes de souveraineté alimentaire, de souveraineté industrielle et de développement durable", a-t-elle encore souligné, rappelant que 31% de l’industrie se trouve dans ces communes.
Ressentiment et démissions
Une part importante des habitants de la ruralité nourrit un "ressentiment", alertait il y a quelques jours une enquête menée par quatre associations (voir notre article du 11 juin). Ainsi, 10% des ruraux seulement s’estiment bien représentés par le gouvernement et 81% pensent qu'on en fait plus pour les villes que pour eux. Des résultats qui interrogent à quelques mois des élections municipales. D’autant que ce ressentiment se double d’une vague de démissions sans précédent de maires, comme le montre une étude de Martial Foucault, chercheur au Cevipof, réalisée pour l’Association des maires de France (AMF) : 2 .189 maires ont jeté l’éponge depuis le début du mandat (voir notre article du jour). Elément important : une part importante de ces démissions (31%) est liée à des conflits au sein des conseils municipaux. Interrogée sur ce "malaise des élus", Françoise Gatel, a souligné que ce mandat qui avait démarré avec le covid a été "particulier". "Une partie des tensions dans les petites communes vient parfois du panachage (avec la possibilité de rayer ou ajouter des noms sur les bulletins de vote, ndlr", a commenté Françoise Gatel, rappelant que le Parlement vient de voter une loi visant à étendre le scrutin de liste paritaire aux élections municipales dans les communes de moins de 1.000 habitants, comme c'est déjà le cas pour les autres (voir notre article du 26 mai), ce qui devrait atténuer les sources de conflits. "Vous aurez pour chaque commune de France l’idée très simple : une commune, un projet, une équipe." Autre signal encourageant, selon elle : la proposition de loi sur le statut de l’élu qui arrive enfin à l’Assemblée.
L'Association des maires ruraux de France (AMRF) qui sera présente lors de ce CIR et dont le président Michel Fournier est maire d'un village des Vosges (Les Voivres) a préparé pour l'occasion une liste d'une trentaine de revendications, dont la poursuite du programme Villages d'avenir. Elle plaide aussi pour la création d'une "agence nationale de la rénovation rurale" afin d'accélérer la transformation du bâti rural. Une idée également soutenue par le député Dominique Potier (socialiste, Meurthe-et-Moselle) qui vient de déposer, le 10 juin, une proposition de loi "pour la reconquête du bâti rural" portant sur la création d'une "agence Nouvelle ruralité". A l'heure où la tendance est plutôt à faire le ménage dans les agences de l'Etat, pas sûr qu'elle reçoive le soutien du gouvernement.