Les colis de moins de 150 euros importés dans l'Union européenne taxés dès juillet 2026
Une taxe de 3 euros par catégorie d'article sera appliquée dès juillet 2026 aux colis de moins de 150 euros expédiés aux consommateurs européens depuis un pays tiers. La décision, prise le 12 décembre 2025 par les États membres de l'Union européenne dans le cadre de la réunion Ecofin, cible particulièrement les plateformes de e-commerce asiatiques qui inondent actuellement le marché européen. Initialement, la taxe ne devait intervenir qu'en 2028. Les représentants français se sont activés pour convaincre les autres États d'avancer la décision.
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"On célèbre aujourd'hui une immense victoire, une avancée majeure qui montre que quand on veut on peut, et que, quand l'Europe doit avancer, on peut mettre en place les conditions pour qu'elle avance ; c'est une victoire pour nos concitoyens, nos producteurs, nos détaillants, pour l'économie européenne." Roland Lescure, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique, s'est félicité lors d'un point presse de la décision des ministres de l'Économie de l'Union européenne réunis le 12 décembre 2025 dans le cadre de l'Ecofin d'imposer dès juillet 2026 une taxe par catégorie d'article aux petits colis d'une valeur inférieure à 150 euros expédiés depuis un pays tiers directement aux particuliers européens. Ces colis sont pour le moment exemptés de droits de douane. Leur nombre est estimé en 2024 à environ 4,6 milliards, dont 91% proviennent de Chine. Il y a un mois, les ministres des Finances européens avaient approuvé l'idée de supprimer l'exemption (lire notre article).
Tous les paquets taxés au moins 3 euros
Concrètement, tous les paquets seront au minimum taxés 3 euros et si un colis contient plusieurs exemplaires d'un même article, la taxe ne s'appliquera qu'une fois. Mais "la taxe ne sera pas par colis mais par article de chaque colis", précise-t-on à Bercy. Ainsi si le paquet contient plusieurs produits différents, il faudra payer 3 euros par produit. En clair, un colis comprenant trois tee-shirts sera taxé 3 euros. Mais un colis contenant un tee-shirt, une brosse et un jouet sera taxé 9 euros.
L'option d'un forfait plutôt que d'une taxe proportionnelle comme le préconisait la Commission européenne, doit permettre de cibler particulièrement les plateformes de e-commerce low-cost, la moitié des petits colis ayant une valeur inférieure à 3,30 euros, d’après Bercy. "Ce sont les colis les plus mal déclarés et extrêmement difficiles à contrôler, a expliqué Roland Lescure, car ils sont très nombreux et inondent les services douaniers, ce sont les colis auxquels on veut s'attaquer." Tellement nombreux qu'ils rendent difficile le contrôle de leur conformité. Les plateformes asiatiques, comme Temu, AliExpress ou Shein, avec laquelle le gouvernement français a entamé un bras de fer après le scandale des poupées sexuelles d'apparence enfantine et d'armes, sont ainsi particulièrement ciblées.
"Nous avons convaincu nos partenaires qu'il fallait agir et vite"
Le ministre et les représentants français ont fortement insisté auprès de l'Union européenne pour que des mesures soient prises rapidement, à savoir au plus tard en juillet 2026, l'idée initiale de Bruxelles étant de mettre en place des droits de douane d'ici 2028 seulement, dans le cadre de la réforme de l'union douanière proposée par la Commission européenne en 2023. "Nous avons convaincu nos partenaires qu'il fallait agir et vite", a souligné le ministre, précisant qu'il s'agira dans un premier temps de mesures transitoires et que "des mesures plus complexes" seront mises en place par la suite.
"Cette taxe de 3 euros s'ajoutera à la potentielle taxe de 2 euros discutée actuellement dans le cadre du budget 2026, si le budget est adopté", détaille aussi Bercy. Elle sera acquittée par les déclarants à la douane, à savoir les plateformes. La mesure est toutefois "distincte de la négociation en cours d'une redevance de traitement de l'Union européenne sur les colis de commerce électronique", précise la Commission européenne dans un communiqué du 12 décembre. "Si le droit de douane élimine un avantage concurrentiel dont bénéficient actuellement les opérateurs du commerce électronique, la redevance de manutention est destinée à compenser les coûts croissants supportés par les autorités douanières pour la surveillance du flux très important de colis." Ces frais de traitement devraient quant à eux entrer en vigueur en novembre 2026, le contenu et la date étant en cours de négociation entre le Conseil et le Parlement européen.