"L'évolution de l'Anru doit s'inscrire dans une territorialisation des engagements"

À l'ouverture des journées nationales de l'Anru, Juliette Méadel, ministre de la Ville, a dévoilé une partie de l'avenir du renouvellement urbain. S'il ne fait pour elle pas de doute qu'il y aura un prochain programme, elle est restée évasive sur son financement, insistant davantage sur sa dimension "humaine" que sur la question du bâti.

"L'Anru marche tellement bien que l'on a oublié de la défendre", s'est exclamé, ce mercredi 11 juin au matin, dans la grande halle du 104 à Paris, Patrice Vergriete, maire de Dunkerque, en ouverture des journées nationales de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), qu'il préside. "Nous sommes à un moment charnière, un moment de stop-ou-encore, qui fait de cette journée un moment particulier", avait estimé l'ancien ministre du Logement au tout début de sa prise de parole.

Ce qu'attendent en effet les participants à ces journées annuelles, qui rassemblent professionnels du renouvellement urbain, mais aussi habitants, élus et associatifs, c'est la suite qui sera donnée au nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU), en cours d'achèvement. "100% des crédits ont été engagés, 84% des opérations ont démarré et 24% sont même déjà achevées", a détaillé Patrice Vergriete. Celui-ci met tout de même en garde ses interlocuteurs : "L'Anru n'est pas immortelle, elle pourrait disparaître. Une petite musique se fait entendre, qui dit que l'on déverse déjà trop d'argent dans les quartiers populaires. Ce qui est faux : les habitants de ces quartiers reçoivent en moyenne moins de transferts sociaux que le reste de la population", estime le maire de Dunkerque.

Avant d'aborder l'avenir de la rénovation urbaine, l'Anru a souhaité, ce mercredi, qu'un bilan rapide du NPNRU soit établi. De l'avis des élus présents, le programme a été un succès. Premièrement, par la rapidité de sa mise en œuvre : "Plus c'est rapide, moins on perd les habitants. Je crois vraiment à cette efficacité temporelle", a témoigné la maire (PS) de Rennes, Nathalie Appéré. Ensuite, par son ouverture à la population : "Le renouvellement urbain, ce n'est plus seulement une affaire d'urbanistes ou d'architectes. Le NPNRU a permis une réflexion sur ce qu'est un quartier populaire", a ajouté François Lamy, ancien ministre de la Ville et ancien député (PS) de l'Essonne. "Une bonne partie des critiques que l'on portait sur le premier programme de rénovation urbaine ont été prises en compte pour le NPNRU. Sur la participation des habitants, par exemple, il y a eu des progrès", estime, quant à lui, Renaud Epstein, sociologue spécialiste du renouvellement urbain.

Faire mieux avec moins

Si le NPNRU, engagé il y a plus de dix ans, s'avère être un succès, il reste du travail dans les quartiers prioritaires de la ville, à en croire les professionnels. "L'enjeu d'aujourd'hui reste le manque global de logements sociaux dans les métropoles. Mais c'est aussi d'avoir, dans vingt ans, des quartiers simplement vivables, où il est possible de vivre lors des crises climatiques. Pour le premier plan de rénovation urbaine, il s'agissait de faire du passé table rase et de construire de nouveaux quartiers. S'il n'y a pas de PNRU 3, c'est de l'avenir dont nous risquons de faire table rase", s'est agacé Renaud Epstein, largement applaudi par un public conquis. 

Juliette Méadel, ministre déléguée chargée de la ville invitée à conclure cette matinée, le confirme : "Il faudra travailler à un nouveau PRU." Mais celui-ci sera différent de ce qui se faisait jusqu'alors. "L'évolution de l'Anru doit s'inscrire dans la territorialisation des engagements et du suivi, pour un renouvellement urbain de proximité et en coordination avec les élus locaux. Il sera nécessaire d'assurer également plus de proximité et de clarté dans le pilotage", estime la ministre. Par exemple, en cas de superposition des périmètres, l'Anru pourra assumer le rôle de chef de file pour entraîner les collectivités.

Du côté des financements, en revanche, il faudra faire mieux avec moins. "Sans un euro d'argent public supplémentaire, il est possible de faire les choses", estime Juliette Méadel. La ministre balaie la critique selon laquelle les quartiers populaires ne seraient pas une priorité pour le gouvernement Bayrou ainsi que pour le président de la République : "S'il n'y avait pas, depuis 2017, de volonté de faire de la politique de la ville, il n'y aurait plus d'Anru. Nous avons tous la volonté de lutter contre ce sentiment de relégation des quartiers populaires", appuie la ministre. Le prochain plan de rénovation urbaine devra, en tout cas, adresser le problème des copropriétés dégradées, qui ne sont pas aujourd'hui dans le giron de l'Anru, et réinterroger les projets du premier plan de rénovation urbaine, "qui n'a pas suffisamment pris en compte la rénovation thermique des logements", selon Juliette Méadel. "Je suis favorable à une capacité de déroger aux règles d'urbanisme pour accélérer les procédures de renouvellement urbain et d'intervention sur les copropriétés dégradées", a ajouté la ministre. "Il ne faut pas opposer humain et urbain", a-t-elle enfin conclu. Des éléments plus précis sur l'avenir du renouvellement urbain pourraient être fournis ce jeudi 12 juin en clôture de ces journées nationales par Valérie Létard, la ministre en charge du Logement, qui a la tutelle de l'Anru.

 

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