Municipales 2026 : les maires ruraux lancent un appel à "l’engagement"

Dans leur résolution adoptée lors de leur congrès dans la Vienne, les maires ruraux lancent un appel à l'engagement des citoyens et des futurs candidats. A quelques mois du scrutin de 2026, ils placent l'adoption de la proposition de loi sur le statut de l'élu au premier rang de leurs priorités.

"Il est temps de conclure." La formule répétée à l’envi tout au long de l'année par la ministre démissionnaire Françoise Gatel à propos de la proposition de loi sur le statut de l’élu n’a jamais été aussi impérieuse, à l’approche des élections municipales des 15 et 22 mars. Certes, Sébastien Lecornu, dans son courrier aux maires daté du 17 septembre, confirmait sa volonté de voir le texte "aboutir" avant les élections municipales (voir notre article). Mais le destin du texte adopté en première lecture par les députés au mois de juillet (voir notre article) n’est pas scellé, puisqu’il doit encore être soumis au vote des sénateurs avant un possible retour à l’Assemblée si le Sénat devait ne pas voter "conforme".

Réunis du 26 au 28 septembre pour leur congrès au Futuroscope de Poitiers (Vienne), sous l’angle de "l’engagement" local, les maires ruraux mettent la pression. Dans leur résolution adoptée en fin de congrès, ils "interpellent vivement et fortement le futur gouvernement et les parlementaires" pour que le texte soit "protégé des aléas des jeux politiciens". C’est plus généralement un appel à la mobilisation, des électeurs comme des candidats, que lancent les maires, alors que le mécontentement des Français à l’égard des institutions est au plus haut (voir notre article) et que les démissions d’élus ont été, lors de ce mandat, trois fois supérieures au précédent ; le spectre d’une pénurie de candidats n’étant pas à écarter (voir notre article).

Scrutin de liste paritaire

Autre élément à prendre en compte :  l'arrivée du scrutin de liste paritaire dans les 25.000 communes de France de moins de 1.000 habitants. Cette réforme inscrite dans la loi du 21 mai 2025 (voir notre article détaillant les dispositions de cette loi) a été fortement soutenue par l’AMRF, entre autres, même si elle trouve de nombreux détracteurs. Contestée par la droite et le Rassemblement national, le texte validé par le Conseil constitutionnel oblige les petites communes à présenter des listes de candidats alternant femmes et hommes, au lieu du système de panachage qui prévalait jusque-là, sans contrainte de parité.

Présente lors du congrès, Yaël Braun-Pivet a saisi l’occasion pour appeler les futures candidates à "briguer la première place" afin de "devenir maires". "Dès qu'on adopte une loi sur la parité, ça fait gagner du temps pour faire rentrer les femmes dans les conseils municipaux", souligne la présidente de l'Assemblée nationale, citée par l’AFP. Même tonalité chez Cécile Gallien, maire centriste de Vorey-sur-Arzon (Haute-Loire) – également coprésidente du groupe Égalité femmes-hommes de l'Association des maires de France – pour qui "la parité est une question d'égalité". Mais la loi est loin de faire l’unanimité chez les ruraux. Ils étaient nombreux à s'être rassemblés en mai dernier devant les locaux du ministère de l’Aménagement du territoire, en signe de protestation, invoquant des délais trop courts avec le risque de devoir déposer des listes incomplètes. Et, indique l’AFP, un collectif de 2.000 élus a écrit aux sénateurs, début septembre, pour leur demander de suspendre la loi, jugée "déconnectée des réalités du monde rural".

"Imposture populiste"

Pour aider et motiver les futurs candidats, les maires ruraux ont lancé avec des partenaires - Bouge ton coQ!, Hameaux Légers et InSite – une plateforme collaborative intitulée "On fait campagne" (en sachant que l'Association des maires de France a de son côté lancé sa campagne "Osez l'engagement !" - voir notre article). Cette "approche pragmatique répond aux besoins réels des élus qui cherchent des outils immédiatement activables pour leur territoire", se félicite l’AMRF. En présentant cette "démarche inédite", les maires ruraux ont aussi "rappelé la nécessité de disposer d’outils d’ingénierie (comme le programme Villages d’avenir) et de partage des bonnes pratiques", souligne la résolution. Lors du comité interministériel aux ruralités à Mirecourt (Vosges), le 20 juin, l’ancien Premier ministre François Bayrou avait annoncé la poursuite du programme France ruralités lancé en 2023, "à moyens constants", en ciblant "tous les dispositifs qui fonctionnent" (voir notre article).

Si la situation budgétaire n'invite pas à l’optimisme, les maires ruraux appellent "à passer à l’action, à cesser les lamentations permanentes et cesser de se laisser abuser par des fausses promesses" et opposent "une société de l’apaisement, de la tolérance et de la coopération". Une pique envers le RN qui fait de gros scores dans les communes rurales, mais pas seulement. Dans une tribune publiée au début de l’été, le président de l’AMRF Michel Fournier, Fanny Lacroix, maire Châtel-en-Trièves (Isère) et responsable de la transition écologique à l’AMRF, et Christophe Bouillon, président de l’Association des petites villes de France (APVF) avaient dénoncé "l’imposture populiste" que représente à leurs yeux le mouvement des "#Gueux" porté par l’écrivain Alexandre Jardin. Entre l’association et l’ancien auteur de "l’Appel des Zèbres", la rupture est consommée.

 

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