Municipales 2026 : Viginum alerte les candidats sur les risques de manipulations

Depuis la guerre en Ukraine, les tentatives de déstabilisation des processus démocratiques en Europe se sont multipliées. Et la première mission de Viginum, cet organisme rattaché au secrétariat général à la défense nationale (SGDN) pour lutter contre les ingérences étrangères, est de tirer les enseignements des modes opératoires utilisés lors des derniers scrutins, en France comme à l'étranger, pour mieux les contrer. Aussi chaque événement majeur dans le monde fait l'objet d'une publication consultable sur son site. 

Des risques réels

À quelques mois des municipales, Viginum a publié un guide à destination des élus et candidats aux municipales. Car Viginum estime que les élections locales ne sont pas du tout immunisées contre les tentatives de déstabilisation. C'est ce qu'a rappelé avec force sa représentante devant les sénateurs le 4 novembre (voir notre article du 4 novembre 2025). En s'attaquant aux municipales, les acteurs étrangers – essentiellement la Russie et l'Iran – cherchent à décrédibiliser la procédure électorale, à polariser le débat, à délégitimer les médias ou à nuire à la réputation des candidats.

Les principales menaces

En 10 pages, Viginum décortique les principales menaces exemples à l'appui. Un glossaire complète cette liste pour aider à mieux les identifier. On retiendra :

- usurpation d'identité de sites : Storm-1516 a créé un faux site du parti Renaissance en juillet 2024, promettant 100 euros aux électeurs. La technique combine typosquatting (.fm au lieu de .fr) et copie de la charte graphique du site officiel.

- faux médias : Storm-2035 a monté quatre sites de presse fictifs lors de la présidentielle américaine. Plus récemment, en France, des sites relayant des infox imitant des organes de presse nationaux français ont été identifiés.

- décontextualisation d'images ou de vidéos Lors des législatives 2024, plusieurs vidéos de violences urbaines ont été présentées comme des conséquences directes des résultats alors qu'elles avaient été tournées avant le scrutin.

- instrumentalisation de la procédure électorale : il s'agit de manipuler les informations sur le déroulement du scrutin ou de prétendre que la procédure est frauduleuse, pour décourager la participation. Lors des élections espagnoles de 2023, des acteurs pro-russes ont diffusé de fausses alertes terroristes et prétendu à la présence de faux bulletins de vote.

- publicités sponsorisées : le mode opératoire RRN (pro-russe) en 2023 a diffusé des milliers de contenus anti-ukrainiens sous forme de publicités ciblées sur les audiences françaises.

- comptes inauthentiques sur les réseaux sociaux : des armées de bots ou trolls (faux comptes) pratiquent l'astroturfing (donner l'illusion d'un mouvement de masse) ou le copy-pasta (republier massivement une infox).

- hashtags manipulés : publications coordonnées pour tromper les algorithmes de recommandation, particulièrement sur TikTok.

- deepfakes : Storm-1516 a créé une vidéo montrant un faux élève accusant le colistier de Kamala Harris d'agression sexuelle. 

- influenceurs sous contrat : en Roumanie, une centaine d'influenceurs totalisant 8 millions d'abonnés ont été payés via des plateformes pour promouvoir un candidat pro-russe.

Se préparer à la menace

Viginum incite les responsables de campagne à sensibiliser leurs équipes, à identifier les sujets sensibles susceptibles d'être instrumentalisés et à mettre en place une veille (réseaux sociaux, messageries…) dès le début de campagne. L'organisme suggère ensuite d'organiser des exercices de gestion de crise simulant une attaque (voir notre article du 8 décembre 2025). Cet exercice contribuera à valider une stratégie de communication de crise et à mieux coordonner le dispositif de réponse interne.

En cas d'attaque avérée, Viginum recommande de commencer par vérifier les sources et de ne jamais relayer ni répondre à une fausse information. Les équipes électorales sont invitées à signaler l'évènement à l'Arcom les contenus trompeurs et deepfakes, à Pharos les contenus illicites, aux forces de l'ordre toute suspicion de fraude électorale. Enfin, Viginum doit être alerté dès que la campagne de déstabilisation semble provenir d'un acteur étranger. L'organisme intervient sur la base de quatre critères cumulatifs : contenus manifestement inexacts, moyens inauthentiques, atteinte aux intérêts de la France, implication d'un acteur étranger. En période électorale, Viginim relaie toute information utile aux autorités garantes du scrutin.