Occitanie : réouverture de la petite ligne ferroviaire Montréjeau-Luchon avec un financement 100% régional
Dix ans après son arrêt, la petite ligne ferroviaire de 36 km qui relie Montréjeau, sur l'axe Tarbes-Toulouse, à Luchon, station thermale et de sports d'hiver des Pyrénées, a rouvert ce 22 juin. Dans un contexte de désengagement de l'État sur les lignes du réseau ferré secondaire, généralement déficitaires, la région Occitanie a décidé de financer entièrement la reconstruction de cette voie à hauteur de 67 millions d'euros, une première en France.
La vétusté de l'infrastructure et les dégâts causés par des crues et inondations en 2013 avaient conduit l'année suivante la SNCF à fermer cet axe, qui était emprunté par les trains luxueux Paris-Luchon au début du XXe siècle.
Pour la présidente PS de la région Occitanie Carole Delga, l’investissement de la région dans sa réouverture "est un choix politique de favoriser les mobilités décarbonées, pour lutter contre le réchauffement climatique et une injustice territoriale". La nouvelle liaison a, selon elle, une "double fonction, le rétablissement d'un service public ferroviaire et un soutien à l'emploi et à l'économie touristique" dans une zone souffrant de la crise du thermalisme et des incertitudes pesant sur l'avenir du ski. La région ne table pas sur "une rentabilité comptable immédiate. En revanche, il y a une rentabilité à moyen et long termes, pour les jeunes et la planète", assure Carole Delga.
Avec le slogan "Petites lignes, grande cause", la présidente de Régions de France a lancé ce 11 juin un appel à la mobilisation pour sauver 4.000 lignes en manque de financement, en proposant de transférer vers le rail une part des recettes des autoroutes (lire notre article).
Pour le maire sans étiquette de Luchon Éric Azémar, l'arrivée du train "participe au renouveau" de la station. "C'est essentiel pour l'attractivité, les touristes, les curistes, les skieurs, le désenclavement", se réjouit l'édile, qui espère "remonter la pente" après les années Covid. Une offre de billets couplés Thermes-Rail et Skirail (incluant un forfait) compte attirer une nouvelle clientèle. "On avait observé une baisse du nombre de curistes quand le train a disparu", relève-t-il. Mobilisé depuis dix ans pour le retour du train avec l'association CDRIC, Philippe Liauzun estime qu'un "déséquilibre territorial" va être corrigé et rappelle que la ligne avait été ouverte en 1873 quand Luchon était surnommée "la reine des Pyrénées".
Dans un premier temps, la desserte de 35 minutes, avec 6 allers-retours quotidiens et 5 points d’arrêt, sera assurée par des trains hybrides, avec moteur thermique alimenté par biocarburant. Fin 2026, la ligne sera aussi théâtre d'innovation, quand entreront en circulation les rames à hydrogène qu'Alstom met au point dans son usine de Tarbes. "Une station permettant de recharger le train en hydrogène sera alors installée en gare de Luchon", précise le maître d'ouvrage du chantier Matthieu Schwebel.
Il s'agit de la deuxième ligne de TER qui rouvre en Occitanie, après celle longeant la rive droite du Rhône dans le Gard qui n'était jusqu'en 2022 utilisée que pour le fret.
Une remise en service de ligne en zone rurale et montagneuse a également été lancée récemment par la région Grand Est, pour que Contrexéville, dans les Vosges, soit à nouveau reliée à Nancy fin 2027. Cette fois, dans le cadre d'un partenariat public-privé associant l'exploitant Transdev et NGE, société de BTP.