Régions de France crée un groupe de travail sur les questions de sécurité et de prévention
Preuve que les régions n'entendent nullement renoncer à investir le sujet, le conseil des régions vient de mettre sur pied un groupe de travail dédié aux questions de sécurité et de prévention. Sa conduite a été confiée au nouveau président de la région Bourgogne-Franche-Comté, Jérôme Durain. Ce dernier entend notamment faire des propositions pour "participer à la lutte contre le narcotrafic", phénomène dont on redoute par ailleurs les ingérences lors des prochaines élections municipales.
© Capture Régions de France/ Jérôme Durain lors du 21ème Congrès des Régions le 06 novembre
À l'occasion de son 21e congrès de France, Régions de France a décidé la création d'un groupe de travail consacré aux questions de sécurité et de prévention, dont les enjeux "sont de plus en plus prégnants dans notre société", observe la région Bourgogne-Franche-Comté dans un communiqué de presse relayant l'information. C'est en effet au nouveau président de cette dernière, Jérôme Durain, qu'a été confiée la conduite de ce groupe de travail.
Un domaine déjà investi par les régions
Dans son communiqué, elle concède "que les régions ne dispos[e]nt pas de compétence explicite en matière de sécurité", les contraignant à "demander régulièrement à l'État de les autoriser à mener des expérimentations". La région souligne néanmoins que ces collectivités ont "déjà investi la thématique ces dernières années", comme nous l'avions mis en lumière (lire notre article du 24 mars 2021 ; la région Bourgogne-Franche-Comté étant plutôt en retrait jusqu'ici). Cet investissement avait même été mis en avant par le 18econgrès de Régions de France, tenu à Vichy, dans une région Aura fortement impliquée (lire notre article du 20 septembre 2022). Et si la légitimité juridique du "bouclier sécuritaire" mis en place par certaines régions a depuis été contestée (lire notre article du 23 janvier 2023 et celui du 2 juillet 2025), Bruno Retailleau a prévu de la consacrer dans les textes via le projet de loi sur les polices municipales (lire notre article du 3 juillet et celui du 30 octobre), ce qui permettrait d'asseoir définitivement le rôle des régions dans le "continuum de sécurité".
Une demande des Français
Car la légitimité politique, elle, ne ferait pas défaut. "61% des personnes interrogées jugent prioritaire pour les régions d'investir pour la sécurité et les forces de l'ordre", argue la région Bourgogne-Franche-Comté dans son communiqué, sondage Ifop à l'appui. "Quand il y a un besoin, une attente des Franciliens, on ne peut que répondre présent", justifiait naguère Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France (lire notre article du 31 janvier 2023), laquelle a mis en place son "bouclier sécuritaire" régional dès 2016. Le sujet constitue "une préoccupation majeure des Français", observe pour sa part Jérôme Durain, qui entend notamment, avec ce groupe de travail, faire des propositions "pour renforcer la sécurité et la prévention de la délinquance dans les lycées et les établissements de formation professionnelle" ou encore pour "participer à la lutte contre le narcotrafic".
L'ombre du narcotrafic sur les municipales
Un dernier sujet que l'élu maîtrise à la perfection, pour avoir été, avec le sénateur Étienne Blanc, à l'origine de la loi du 13 juin "visant à sortir la France du piège du narcotrafic" (lire notre article). Et un sujet que Frédéric Péchenard, vice-président de la région Île-de-France – et à l'origine du "bouclier sécuritaire" francilien – qualifiait récemment de "sujet le plus important aujourd'hui", en évoquant un "risque fondamental pour la démocratie" (lire notre article du 15 octobre). L'analyse est partagée par le président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) qui, à l'occasion de la publication de la nouvelle édition du guide à l'usage des candidats aux élections et de leur mandataire de la commission, confiait récemment aux journalistes du Monde que "le vrai sujet de préoccupation pour les municipales, ce sont les risques d'ingérences liées au narcotrafic" (lire notre article du 9 septembre).