Sécurité dans les établissements scolaires : réactions en pagaille après l'assassinat d'une assistante d'éducation

Suite au meurtre d'une assistante d'éducation de 31 ans, poignardée mardi 10 juin 2025 à l'entrée d'un collège de Nogent (Haute‑Marne), les réactions gouvernementales se sont enchaînées pour programmer un hommage national ce jeudi, annoncer l'expérimentation de portiques de détection d'armes, l'interdiction de vente d'armes blanches aux mineurs, la protection "des jeunes à la surexposition aux écrans", et évoquer les enjeux de santé mentale des élèves, alors que les Assises de la santé scolaire se sont achevées mi-mai sans véritable annonce. 

 

Invitée sur France Inter ce mercredi 11 juin 2025, la ministre de l'Éducation nationale, Élisabeth Borne, a demandé qu'une minute de silence soit observée jeudi 12 juin 2025 à 12h00 dans tous les établissements scolaires, en hommage à la surveillante tuée par un collégien de 14 ans lors d'un contrôle des sacs. "C'est vraiment toute la communauté éducative qui est sous le choc et la nation tout entière", a-t-elle souligné.

Portiques, fouilles et interdiction de vente d'armes blanches aux mineurs

Lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, mardi 10 juin, le Premier ministre, François Bayrou, a annoncé l'expérimentation de portiques de détection d'armes à l'entrée des établissements scolaires. S'il reconnaît la controverse autour de leur coût et de leur efficacité, il juge nécessaire de tester ces dispositifs.

François Bayrou a en outre affirmé que la vente de tout couteau potentiellement dangereux aux mineurs sera immédiatement interdite, avec un contrôle renforcé lors des livraisons postales. Le président Emmanuel Macron envisage quant à lui une extension européenne de cette interdiction dans les prochains mois.

Près de 200 couteaux saisis 

Des contrôles aléatoires de sacs sont déjà en place depuis fin mars 2025, ils ont permis de saisir "près de 200 couteaux" et entraîné "567 conseils de discipline", selon Élisabeth Borne, mais "on ne peut pas organiser des fouilles tous les jours devant tous les établissements", a-t-elle reconnu en plaidant "pour agir avec les collectivités" afin d'assurer la sécurité des écoles sans "en faire des bunkers". Outre le danger créé par des attroupements à l'entrée des établissements, "on a des couteaux en céramique qui ne seront pas détectés", a souligné la ministre de l'Éducation nationale.

Les suites du rapport Moutchou 

La députée Horizons Naïma Moutchou, après son rapport sur les mineurs et les armes blanches, avait déjà alerté sur le recours en hausse à des couteaux dans plus de 60 % des homicides commis par des mineurs. Elle y recommandait une surveillance de la vente en ligne de poignards, une vidéoprotection autour et potentiellement dans les établissements, des sanctions plus rapides, avec peines planchers pour les mineurs interpellés en possession d'une arme, l'interdiction des téléphones portables à l'école.

En réponse, François Bayrou a mandaté une mission parlementaire pour traduire ces recommandations en mesures concrètes, à mettre en œuvre sans délai.

Les assises de la santé scolaire "déconnectées des besoins et du terrain"

Sur France Inter, Élisabeth Borne a également insisté sur les protocoles de repérage des élèves en souffrance psychologique, à achever d'ici la fin de l'année. Elle a également insisté sur la nécessité de renforcer la santé mentale des élèves, avec plus d'infirmiers, de psychologues et d'assistants sociaux. Lancées en mars dernier, les concertations des Assises de la santé scolaire s'étaient conclues le 14 mai  en présence de la ministre, qui avait souhaité une "refondation ambitieuse" du système de santé scolaire, tandis que les mesures annoncées avaient été jugées "étriquées" par les syndicats (voir notre article du 16 mai 2025). D'ailleurs, mardi 10 juin, infirmières scolaires, psychologues de l’Éducation nationale et assistantes sociales manifestaient pour dénoncer les mesures de ces Assises de la santé scolaire jugées "déconnectées des besoins et du terrain". 

Protéger les jeunes de la surexposition aux écrans

Au-delà de la sécurité, "le fait que ce jeune de 14 ans tue de sang-froid cette jeune femme devant les gendarmes, c'est effrayant et (...) ça renvoie à d'autres sujets de santé mentale", a insisté la ministre. L'auteur présumé des coups de couteau mortels est décrit par la ministre comme un élève "très bien intégré" et issu d’un foyer où "les deux parents travaillent". Certes, il avait été exclu à deux reprises pour des perturbations de cours mais ne présentait "aucun antécédent judiciaire". Il était même engagé comme "ambassadeur harcèlement" dans son collège. L'adolescent a été placé en garde à vue. 

"Évidemment, on doit protéger l'école et protéger celles et ceux qui la font vivre (...) C'est une priorité absolue", a déclaré Élisabeth Borne. Elle s'est dite "mobilisée pour détecter les signes de détresse psychologique ou de fragilité psychologique chez les jeunes". Il s'agit par ailleurs de "protéger nos jeunes de la surexposition aux écrans, de la banalisation de la violence"

Dimanche 8 juin, la ministre avait expliqué sur LCI que le producteur de la mini-série de Jack Thorne, "Adolescence", diffusée sur Netflix, avait "ouvert les droits" et que le ministère de l’Éducation nationale allait donc "proposer cinq séquences pédagogiques aux jeunes à partir de cette série", "dès la classe de 4e". Pour rappel, la série sortie mi-mars raconte l'histoire d'un adolescent britannique de 13 ans, arrêté dans une petite ville anglaise et accusé d'avoir poignardé à mort l'une de ses camarades. La série aborde les conséquences de l'exposition des adolescents à des thèses virulentes (en l'occurrence masculinistes) sur les réseaux sociaux. Elle met également en scène l'ignorance de ces phénomènes à laquelle sont confronté les parents, les forces de l'ordre et la communauté éducative. 
Sur France 2, le président Emmanuel Macron a évoqué l'interdiction des réseaux sociaux pour les moins de quinze ans.

 

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