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Prévention - Zones de sécurité prioritaire : Manuel Valls répond aux critiques

Alors que le dispositif décrit dans une circulaire du 30 juillet prévoit dans chaque ZSP la création de deux cellules de coordination, le ministre de l'Intérieur assure qu'il n'y aura pas d'"usine à gaz". Il annonce une simplification des dispositifs existants.

Le "premier flic de France" comme il se désigne lui-même, a profité de son discours cadre sur la sécurité, le 19 septembre, pour répondre aux critiques dont les zones de sécurité prioritaire (ZSP) sont l'objet. Devant un parterre de hauts gradés de la police et de la gendarmerie, réunis à l'Ecole militaire, Manuel Valls a souligné "l'urgence" de la situation en France sur fond de violences, d'incivilités, et de trafics, de "néo-banditisme"... Répétant à l'envi que la République ne connaissait pas de zones de non-droit, il a déclaré que les ZSP, promesse de François Hollande, étaient avant tout l'expression d'une "méthode au service de l'action".
Les ZSP vont donner à "la logique partenariale une forme renouvelée dans laquelle sont mobilisés les différents leviers de la prévention et de la répression". Le ministre a insisté sur la nécessité d'un "ancrage local" et d'une bonne coordination, n'hésitant pas à se référer au rapport Bonnemaison de 1982 connu pour sa célèbre formule : "La sécurité est l'affaire de tous." Depuis lors, "toutes les politiques ont voulu mettre le maire au coeur et renforcer le partenariat, il faut poursuivre", a déclaré le ministre. Il a voulu rassurer sur les craintes de voir un nouveau dispositif se surajouter aux nombreux autres : conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), groupes locaux de traitement de la délinquance (GLTD)...
En effet, la circulaire du 30 juillet 2012 sur la mise en oeuvre des ZSP a prévu l'instauration de deux cellules de coordination. La première, codirigée par le préfet et le procureur, est appelée à assurer le pilotage des forces de sécurité sur le territoire. Elle doit se réunir au moins une fois par mois. Le GLTD y sera intégré. La seconde, dite de "coordination opérationnelle", conduira des actions de prévention. Sa composition est laissée à l'appréciation des préfets, mais elle a vocation à rassembler les différents partenaires de la prévention, notamment les élus, les bailleurs, les policiers municipaux. Elle se distingue du CLSPD qui n'est pas une instance "opérationnelle", a tenu à préciser le ministre... Il a aussi assuré que la mise en place progressive des quinze premières ZSP allait permettre de s'engager sur la voie d'une simplification. Le ministre a ainsi promis la "suppression de certaines instances dans un cadre interministériel"... Ce travail se fera parallèlement aux chantiers de la géographie prioritaire et des zones d'éducation prioritaire menées par le ministre délégué chargé de la ville, François Lamy, et le ministre de l'Education, Vincent Peillon.

Moyens dédiés

Le ministre veut aller vite. Après avoir installé la ZSP de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), il s'est rendu lundi à Vauvert/Saint Gilles (Gard), en zone de gendarmerie. "Les initiatives prises dans ces deux territoires sont particulièrement intéressantes, a-t-il souligné. Elles doivent permettre un effet d'expérience pour la mise en place des prochaines zones." D'ici un an, entre 50 et 60 seront déployées par vagues successives, et autant les deux années suivantes. Manuel Valls devait se rendre à Marseille, vendredi, pour l'installation du nouveau préfet de police. Marseille qui accueillera aussi deux ZSP, l'une dans les quartiers nord, comme prévu initialement, et la seconde dans les quartiers sud, en 2013, en réponse aux critiques du maire UMP Jean-Claude Gaudin. Mais à vouloir aller vite, le ministre a pris de cours certains élus qui ont eu la surprise de se trouver dans la liste des quinze premières ZSP publiée dans la presse au coeur du mois d'août. D'autres au contraire, se demandent sur quels critères se fait le choix et pourquoi il ne sont pas retenus. "Ce n'est pas ZSP ou rien. Les ZSP ne sont ni l'alpha et l'oméga", leur a répondu Manuel Valls, disant comprendre la crainte de certains maires "d'être stigmatisés par ce nouveau label". Le ministre, qui devait rencontrer les syndicats de police, le 20 septembre, pour dissiper leurs interrogations sur les effectifs mobilisés, a promis des "moyens dédiés". "Les unités de force mobile non engagées dans des actions de maintien de l'ordre seront mobilisées pour y assurer des missions de sécurisation", a-t-il déclaré aux cadres de la police et de la gendarmerie. Par ailleurs, une partie des crédits du fonds interministériel de prévention de la délinquance leur sera dédié. Mais il a aussi reconnu que "tout ne se [ferait] pas en un jour, d'un coup de baguette magique". En somme, les ZSP doivent être des "sources d'inspiration méthodologiques" pour les forces de l'ordre. Manuel Valls a indiqué que la liste de la deuxième salve de ZSP serait annoncée "dans les prochaines semaines". "Peu importe la taille, il pourra y avoir plusieurs quartiers, plusieurs cités..."